Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Géopolitique financière mondiale : Un « jeu à somme nulle » ou une coopération nécessaire ?

2 Avril 2023 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 Géopolitique financière mondiale :

Un « jeu à somme nulle » ou une coopération nécessaire ?      

  Par                                                                             

 Jamel

 BENJEMIA

                                                                                           
                           

                                            

 

La géopolitique et la finance mondiale ont toujours été étroitement liées,

la première influençant souvent la seconde. Au cours des deux derniers siècles, l’évolution de la finance mondiale a été marquée par une série d’évènements qui ont eu un impact sur l’ensemble de l’économie mondiale. Cette évolution a été caractérisée par des changements importants dans les relations économiques internationales, la croissance de l’interdépendance financière et l’émergence de nouveaux centres financiers mondiaux.

Au début du XIXème siècle, la finance mondiale était encore largement dominée par l’Europe, en particulier par la Grande Bretagne. La livre sterling était la principale devise de référence pour les échanges internationaux et la City de Londres était le centre financier mondial, cependant cette situation a basculé avec l’émergence des Etats Unis d’Amérique comme la plus grande économie mondiale, avec New York comme la place incontournable pour le commerce international.

Pendant la première moitié du XXème siècle, les deux guerres mondiales ont eu un impact important sur la géopolitique et la finance mondiale. Les conflits ont détruit l’économie européenne, laissant les Etats Unis et l’Union soviétique comme les deux superpuissances de l’après-guerre. Les accords de Bretton Woods en 1944 ont établi le dollar américain comme la principale devise de réserve internationale, renforçant ainsi la position de New York comme centre financier mondial. Cependant, les années 1970 ont vu la fin de ce système, avec l’abandon de l’étalon-or et la montée de l’eurodollar. Les banques européennes ont commencé à emprunter des dollars en dehors des Etats-Unis, conduisant à la création d’un marché monétaire offshore.

Au cours des dernières décennies, la finance mondiale a connu des changements majeurs. La montée de l’Asie a vu l’émergence de nouveaux centres financiers, tels que Tokyo, Hong Kong et Singapour. La Chine est également devenue une force financière incontournable, avec l’ouverture de Shanghai comme centre financier mondial.

La crise financière de 2008 a mis en évidence les risques de l’interdépendance financière croissante, avec la propagation rapide des perturbations financières à travers le monde. Depuis lors, les régulateurs financiers ont cherché à renforcer la stabilité financière mondiale en imposant des règles plus strictes aux institutions financières.

De plus, la montée de la technologie a également eu un impact sur la finance mondiale, avec la création de nouvelles formes de monnaie numérique et de services financiers en ligne. Les crypto-monnaies comme le Bitcoin ont bouleversé le système financier traditionnel, offrant une alternative décentralisée et sans réglementation. Les plateformes de financement participatif (Crowdfunding) et les robots conseillers ont également bouleversé le marché du financement et d’investissement en ayant recours à l’intelligence artificielle.

La pandémie de Covid-19 a également un impact significatif sur la géopolitique et la finance mondiale. Les mesures de confinement et les fermetures d’entreprises ont entraîné une récession économique mondiale, affectant les marchés financiers et la croissance économique. Les banques centrales ont pratiqué des politiques d’assouplissement « Quantitative Easing» en injectant des liquidités pour atténuer les effets de la crise.

En 2023, avec la crise ukrainienne et la hausse des prix des matières premières et de l’énergie. C’est l’hyperinflation qui guette l’économie mondiale.

                                     « Un jeu à somme nulle »

La géopolitique mondiale est souvent perçue comme « un jeu à somme nulle », dans lequel les acteurs cherchent à maximiser leurs intérêts économiques et géopolitiques aux dépens des autres.

Ce « jeu à somme nulle » se reflète dans les relations financières internationales, où chaque pays cherche à protéger ses propres intérêts financiers, souvent  au détriment des autres pays.

Un exemple de cette dynamique est le protectionnisme commercial, qui consiste à ériger des barrières tarifaires ou non-tarifaires pour protéger l’industrie nationale d’une concurrence étrangère. Cette pratique peut avoir des effets négatifs sur la stabilité économique mondiale en entravant les échanges commerciaux internationaux et en créant des tensions géopolitiques.

Le « jeu à somme nulle » se traduit également dans la compétition pour l’accès aux ressources naturelles, comme le pétrole, le gaz et les minéraux. Les pays riches en ressources naturelles cherchent à maximiser les bénéfices de leur exploitation, souvent au détriment de la stabilité financière et géopolitique mondiale. C’est le prix de la dignité pour les Arabes en 1973 et pour les Iraniens en 1979.

Dans le contexte de la finance mondiale, le  « jeu à somme nulle » s’observe dans la concurrence pour l’accès aux marchés financiers et pour la domination monétaire. Les pays cherchent à attirer des investissements étrangers pour stimuler leur croissance économique, mais cela peut créer des déséquilibres financiers et géopolitiques s’ils ne sont pas gérés correctement. Par exemple, la crise financière asiatique de 1997 a été en partie causée par une compétition pour attirer des investissements étrangers et par des déséquilibres financiers qui ont finalement conduit à l’effondrement des marchés financiers dans la région.

Le « jeu à somme nulle » peut être nuisible pour la stabilité financière et géopolitique mondiale. Les tensions géopolitiques et les déséquilibres financiers peuvent entraîner des crises économiques et des conflits géopolitiques qui produisent des conséquences néfastes pour les pays et les populations concernés.

Il est dans l’intérêt de tous, que les acteurs financiers mondiaux coopèrent pour assurer la stabilité financière mondiale, même dans un contexte de concurrence et de rivalité géopolitique.

Personne n’a intérêt dans le contexte actuel à remplacer le dollar, sauf la Chine. Ainsi selon le Wall Street journal, la Chine et l’Arabie Saoudite négocient la possibilité de payer en yuans le brut saoudien.

Et le Fonds Monétaire International (FMI) met en garde que la guerre en Ukraine « pourrait modifier l’ordre économique et géopolitique mondial, si le commerce de l’énergie se modifie , si les chaines d’approvisionnement se reconfigurent, si les réseaux de paiement se fragmentent et si les pays repensent leurs réserves de devises ».

Le résultat à mon sens est une instabilité financière inéluctable. Le bon sens exige, quand le doute s’installe et les incertitudes grandissent, de privilégier le dollar, la valeur refuge de référence.

                                          La coopération

La théorie des jeux est un outil utile pour comprendre les interactions entre les acteurs en relations internationales, notamment dans le cadre de la coopération et de la concurrence.

Dans ce contexte, la coopération peut être considérée comme un « jeu à somme positive », dans lequel les acteurs travaillent ensemble pour atteindre un résultat mutuellement bénéfique. A l’inverse, la concurrence est un « jeu à somme nulle », dans lequel les acteurs cherchent à maximiser leurs gains aux dépens des autres.

Dans le domaine de la finance mondiale, la coopération est essentielle pour assurer la stabilité financière et prévenir les crises économiques. La coopération peut prendre différentes formes, telles que la coordination des politiques économiques, la réglementation financière internationale, la surveillance financière et l’aide financière internationale en cas de crise. Cependant, la coopération financière internationale est souvent difficile à atteindre, car les acteurs financiers sont souvent en concurrence les uns avec les autres pour attirer des investissements étrangers et accéder aux marchés financiers internationaux.

La théorie des jeux peut nous aider à comprendre les obstacles à la coopération financière internationale. Par exemple les acteurs financiers peuvent être incités à poursuivre des stratégies de « passager clandestin », dans lesquelles, ils bénéficient de la coopération des autres acteurs sans à avoir à contribuer eux-mêmes. Cela peut conduire à un échec de la coopération, si chaque acteur estime qu’il est dans son intérêt de ne pas contribuer.

Cependant, il est possible de surmonter ces obstacles grâce à la coopération stratégique. Dans la coopération stratégique, les acteurs financiers travaillent ensemble pour atteindre un résultat mutuellement bénéfique, tout en s’assurant que chacun a une incitation à coopérer. La coopération stratégique peut prendre différentes formes, telles que la négociation, la persuasion, les accords contraignants, les sanctions et les récompenses. Un exemple de coopération financière internationale est la création du G20 en septembre 1999, et qui vise à renforcer la coopération internationale en matière de politique économique et financière. Depuis sa création, le G20 a pris plusieurs mesures pour renforcer la réglementation financière internationale, améliorer la surveillance financière et promouvoir la coopération internationale en matière d’aide financière.

Dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine et de la décision du Président américain de vouloir exclure la Russie du G20, il est important de rappeler l’importance de maintenir les ponts du dialogue et de la coopération entre les nations.

Bien que les tensions géopolitiques puissent parfois sembler insurmontables, la coopération internationale est la meilleure façon de parvenir à des solutions pacifiques et durables aux conflits. En gardant la porte ouverte au dialogue, les nations peuvent surmonter les divergences et trouver des solutions qui profitent à tous.

L’exclusion de la Russie provoquerait des conséquences négatives pour l’économie mondiale et pour la stabilité géopolitique.

Garder les ponts du dialogue et de la coopération est essentiel pour préserver la stabilité et la prospérité à l’échelle mondiale.

JOURNAL LE TEMPS DU 2 AVRIL 2023

JOURNAL LE TEMPS DU 2 AVRIL 2023

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article