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L'intelligence artificielle ou la nouvelle "Odyssée de l'espèce" ?

9 Avril 2023 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 

 Progrès technologiques :

L’intelligence artificielle ou la nouvelle « Odyssée de l’espèce » ?                                                 

     

Par Jamel BENJEMIA

                                                                                           
                                    

                                   

 

Le développement de l’intelligence artificielle (IA) est l’un des domaines les plus passionnants et prometteurs de notre époque. Depuis les années 1950, les chercheurs et les ingénieurs ont travaillé à créer des algorithmes capables de penser et d’apprendre de manière autonome. Les avancées récentes dans ce domaine sont spectaculaires, et l’Intelligence artificielle est devenue une technologie incontournable dans de nombreux secteurs, de la finance à la santé en passant par l’industrie et les services.

Cependant, cette croissance a également suscité des inquiétudes quant aux implications potentielles pour notre société.

Des personnalités publiques, dont Elon MUSK, le patron de Tesla, ont appelé à un moratoire de six mois sur le déploiement de l’intelligence artificielle.

            L’intelligence artificielle générative

L’intelligence artificielle générative (ou « GAN » pour « Generative Adversarial Networks ») est un type d’intelligence artificielle qui permet de générer de nouvelles données à partir de données existantes.

Elle utilise deux réseaux neuronaux : un réseau générateur et un réseau discriminant.

Le réseau générateur prend en entrée un ensemble de données et génère de nouvelles données qui ressemblent à l’ensemble de départ. Le réseau discriminant prend ensuite en entrée ces données générées ainsi que des données réelles, et tente de distinguer les données générées des données réelles.

Les deux réseaux sont simultanément formés : le réseau générateur apprend à générer des données qui trompent le réseau discriminant, tandis le réseau discriminant apprend à distinguer les données générées des données réelles. Au fil du temps, le réseau générateur devient de plus en plus habile à générer des données qui trompent le réseau discriminant, tandis que le réseau discriminant devient de plus en plus habile à distinguer les données générées des données réelles.

Les « GAN » peuvent être utilisés dans de nombreux domaines, tels que la création de contenu artistique (par exemple, de la musique ou des images), la génération de texte ou encore la modélisation de phénomènes physiques. Ils peuvent être utilisés pour améliorer la qualité des données en produisant  des données synthétiques qui peuvent être utilisées pour compléter des données manquantes ou pour équilibrer des ensembles de données atypiques ou déséquilibrés.

Le risque est que les « GAN » soient mobilisés pour manipuler l’information ou créer des données erronées.

Il est donc essentiel de développer des « GAN » éthiques et responsables, qui minimisent les risques et maximisent les avantages pour la société.

Les préoccupations des « long-termistes »

Les « long-termistes » sont des personnes qui s’intéressent aux conséquences à long terme de nos actions présentes, plutôt que des avantages immédiats. En matière d’intelligence artificielle, les « long-termistes » se concentrent sur les risques potentiels associés à l’intelligence artificielle à long terme.

Les craintes des « long-termistes » sont multiples. L’une des principales préoccupations est que l’intelligence artificielle pourrait devenir incontrôlable, en raison de sa capacité à s’améliorer rapidement et de manière autonome. Certains experts craignent que cette intelligence artificielle finisse par prendre des décisions qui ne sont pas conformes aux valeurs humaines ou même qu’elle devienne hostile à l’humanité.

Dans le célèbre roman « 2001 : l’Odyssée de l’espace » d’Arthur C. Clarke, une machine intelligente nommée HAL 9000 prend le contrôle du vaisseau spatial « Discovery One » et tente d’éliminer l’équipage qui est considéré comme une menace pour la mission. Ce roman illustre parfaitement la crainte des « long-termistes » qu’une machine intelligente puisse devenir incontrôlable.

Selon les « long-termistes », l’intelligence artificielle pourrait accélérer la croissance économique de manière excessive, ce qui concentrerait la richesse entre les mains de quelques personnes ou entreprises, entraînant des tensions sociales propices à une révolution de l’équité, de la justice économique ou encore de la distribution des richesses. Nous serions loin des révolutions pacifiques comme celle du Jasmin, pour assister à une véritable explosion sociale.

D’autres peuvent craindre que l’intelligence artificielle ne soit utilisée de manière abusive ou discriminatoire, ou qu’elle ait des effets négatifs sur les droits et les libertés individuelles en surveillant les gens de manière intrusive et en violant leur vie privée. A ce sujet, les dictatures n’ont pas attendu l’intelligence artificielle pour promulguer des lois scélérates et discriminatoires.

Enfin, certains « long-termistes » s’inquiètent de l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi à long terme. Bien que l’Intelligence artificielle puisse créer de nouveaux emplois dans certains domaines, elle est susceptible de rendre obsolètes de nombreux emplois actuels, en particulier ceux qui impliquent des tâches routinières et répétitives. Si l’intelligence artificielle ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois de remplacement, cela pourrait occasionner un chômage de masse et des problèmes économiques plus larges.

Selon la Banque Goldman Sachs, l’intelligence artificielle pourrait détruire 300 millions d’emplois dans le monde.

La théorie de la croissance destructrice développée par l’économiste Joseph Schumpeter stipule que « pour créer du neuf, il faut faire table rase de l’ancien », c’est-à-dire la destruction d’emplois dans des industries obsolètes, pour permettre l’émergence d’emplois dans de nouvelles industries.    

                              Le progrès

« On peut avoir des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité ». Cette citation du prix Nobel de l’économie Robert Solow peut s’appliquer à l’intelligence artificielle et aux craintes selon lesquelles, elle pourrait faire augmenter le chômage.

Bien que ces craintes soient légitimes, un moratoire sur le développement de cette technologie serait contraire au progrès. Il est essentiel que les chercheurs, les ingénieurs et les décideurs travaillent ensemble pour créer une intelligence artificielle responsable et éthique. Ce moratoire ne concernerait que les pays à « bonne conscience » en fin de compte.

Nous devons nous rappeler que les avantages économiques de l’intelligence artificielle pourraient être considérables à long terme, et nous devons donc adopter une vision audacieuse plutôt que de nous focaliser uniquement sur les avantages immédiats. Il est essentiel de ne pas avoir une attitude de crainte exagérée, mais de travailler pour dissiper les risques de cette technologie fascinante, que Bill Gates classe comme « l’avancée technologique la plus importante depuis l’ordinateur ».

La technologie de l’intelligence artificielle a déjà apporté de nombreux avantages, et son potentiel pour résoudre certains des plus grands problèmes de notre temps est immense. En limitant la recherche et le développement de l’intelligence artificielle, nous risquons de freiner la croissance économique, d’entraver l’innovation et de ralentir les progrès dans des domaines tels que la santé, l’énergie et la sécurité.

L’intelligence artificielle est un outil puissant qui peut nous aider à résoudre des problèmes complexes et à prendre des décisions plus éclairées.

Cependant, il est important de se rappeler que l’intelligence artificielle est conçue pour suivre des règles et des algorithmes prédéfinis, et qu’elle ne peut pas remplacer complètement le jugement humain.

Par conséquent, nous pouvons rester maîtres de notre destin en utilisant l’intelligence artificielle de manière responsable et en gardant à l’esprit que les décisions finales doivent toujours être prises par des êtres humains.

 

                   L’intelligence humaine

L’intelligence artificielle a joué un rôle important dans la création du vaccin contre le COVID19.

La collaboration entre la Startup tunisienne InstaDeep et le laboratoire allemand BionTech a été bénéfique, elle a permis de réduire considérablement le temps nécessaire à sa conception.

Tout progrès génère des craintes, mais le chemin de l’espoir est plus promoteur que de se lamenter ou de se recroqueviller sur le passé. L’intelligence artificielle n’est pas une menace pour l’humanité en soi, mais plutôt un outil qui peut être utilisé de manière bénéfique ou néfaste. Les craintes peuvent être dissipées en éduquant le public sur la manière dont l’intelligence artificielle fonctionne et en établissant des réglementations appropriées pour son utilisation.

L’intelligence artificielle peut accélérer le processus de découverte de nouveaux traitements et vaccins. C’est un outil formidable, qui peut aider à identifier les patients à haut risque et à suggérer le traitement adéquat.

C’est un cerveau humain qui sera capable de l’utiliser à bon escient.

Les universités américaines (Stanford, Massachusetts, Harvard, Berkeley, Carnegie-Mellon…) forment de plus en plus des ingénieurs à l’Intelligence Humaine, également connue sous le nom d’ingénierie cognitive. Cette discipline se concentre sur la conception de technologies qui imitent ou améliorent les capacités cognitives humaines, telles que la perception, l’apprentissage, la mémoire et la résolution de problèmes. Les ingénieurs en intelligence humaine peuvent travailler  sur une variété de projets, tels que la conception de systèmes de reconnaissance vocale et faciale, la création de robots qui peuvent interagir avec les humains de manière plus naturelle, ou la mise au point de technologies pour aider les personnes atteintes de troubles cognitifs ou d’autres handicaps. Cette tendance témoigne de l’importance croissante de l’intelligence artificielle et de la compréhension de la manière dont les machines et les humains peuvent travailler ensemble de manière plus efficace.  

En fin de compte, faire une pause pour l’intelligence artificielle ne rime à rien.

Nous devons continuer à travailler pour faire avancer la recherche et le développement de cette technologie, tout en veillant à ce qu’elle soit déployée de manière responsable, humaine et éthique, en collaboration avec les comités scientifiques.

Nous pouvons écrire un serment éthique pour les intervenants dans l’intelligence artificielle, dans le but de construire un avenir meilleur et plus brillant pour tous.

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