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Quand on naît de l'autre côté de la barrière...

28 Mai 2023 , Rédigé par Jamel BENJEMIA Publié dans #Articles

Quand on naît de l'autre côté de la barrière...

Travail des enfants : Quand on naît de l’autre côté de la barrière…                                                

     

Par

 Jamel

 BENJEMIA                               

                                                                                           
                                                                       

 

 

Le travail des enfants, cette tragédie qui persiste encore de nos jours, trouve ses racines dans un enchevêtrement complexe de causes. Tel un sombre réseau tissé par les fils de l’injustice, il est alimenté par des facteurs économiques, sociaux et culturels qui le maintiennent solidement en place. Plongeons au cœur de ces causes profondes qui privent tant d’enfants de leur enfance et leurs rêves.

La première cause, telle une ombre menaçante, est la pauvreté. Dans les coins les plus obscurs de notre monde, les familles démunies sont contraintes, parfois à contrecœur, d’envoyer leurs enfants au travail. Les cris de leurs ventres affamés les poussent à sacrifier leur innocence, à échanger leurs jouets contre des outils de travail, afin de subvenir aux besoins vitaux. L’absence d’opportunités économiques décentes les condamne à cette triste réalité.

Un autre maillon de cette sombre chaîne est le manque d’accès à l’éducation. Une éducation de qualité, une source de lumière qui éclaire le chemin vers un avenir meilleur, est malheureusement hors de portée pour de nombreux enfants. Les portes des écoles leur sont fermées, les laissant dans les ténèbres de l’ignorance. Sans cet éclairage, ils se retrouvent pris au piège d’un destin précaire, sans issue, où le travail précoce est leur unique horizon.

Le troisième maudit pilier est le manque de protection sociale. Les filets de sécurité si essentiels pour préserver la dignité humaine font cruellement défaut. Les familles démunies, dépourvues de tout soutien, sont abandonnées à leur triste sort. Dans cette lutte pour survivre, les enfants sont forcés d’emprunter les sentiers tortueux du travail, se transformant en petites machines humaines au service de la survie familiale.

Les liens qui les retiennent captifs se renforcent avec la discrimination et les inégalités. Les filles, ces précieuses anges au destin souvent entravé, sont les premières victimes. Ecrasées par des normes culturelles restrictives, elles sont souvent exclues de l’éducation, poussées vers des travaux domestiques épuisants ou entraînées dans des labyrinthes sombres où l’exploitation est leur unique compagnon.

Les tragédies mondiales, qu’elles soient des conflits armés déchirant des nations ou des crises humanitaires dévastatrices, ne font qu’aggraver la situation. Les enfants, déjà fragilisés, sont jetés dans le tourbillon du chaos.

Les écoles réduites en cendres, les infrastructures détruites, les familles déchirées, ils se retrouvent pris dans une spirale infernale où le travail devient leur unique bouée de sauvetage.

Le dernier volet de cette macabre symphonie est l’absence de législation adéquate et d’application effective des lois. Des mots gravés sur des parchemins, des promesses vaines qui restent lettre morte, et des contrats signés d’une manière léonine. Les employeurs sans scrupules profitent de l’impunité offerte par ce vide juridique pour exploiter les enfants en toute impunité. Leurs droits fondamentaux sont bafoués, tandis que les lois censées les protéger restent des coquilles vides.

Les autorités, dépassées par l’ampleur du problème ou corrompues par des intérêts néfastes, ferment les yeux sur cette réalité insoutenable.

Pour une approche globale

et coordonnée

L’élimination du travail des enfants nécessite une approche globale et coordonnée.

Des initiatives nationales et internationales émergent pour mettre fin à ce fléau. Des conventions, des protocoles et des traités sont signés, appelant à une action concertée pour éradiquer le travail des enfants.

Un exemple de réussite notable dans la lutte contre le travail des enfants est la campagne « Rugmark » en Inde et au Népal, lancée par l’ONG GoodWeave International. Cette campagne vise à éliminer le travail des enfants dans l’industrie du tapis en garantissant que les tapis certifiés « Rugmark » sont fabriqués sans travail des enfants. Grâce à des inspections rigoureuses et à des programmes de réhabilitation, la campagne a réussi à réduire considérablement le nombre d’enfants exploités dans cette industrie et à améliorer les conditions de travail.

Un autre exemple de réussite est l’initiative « CocoaAction » mise en œuvre par l’International Cocoa Initiative (ICI) en collaboration avec l’industrie du cacao. Cette initiative vise à éliminer le travail des enfants dans les plantations de cacao en Afrique de l’Ouest. Grâce à des programmes de sensibilisation, de formation et de développement communautaire, l’initiative a contribué à réduire le nombre d’enfants travaillant dans les plantations de cacao et à améliorer les conditions de vie des communautés.

Les nations du monde ont compris qu’une action concertée était nécessaire pour protéger les droits des enfants et leur offrir un avenir meilleur.

Les initiatives internationales ont émergé, portées par une conviction commune que chaque enfant a le droit inaliénable de grandir dans un environnement sain, exempt de travail forcé et d’exploitation.

L’une des initiatives les plus notables est celle de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). L’OIT a joué un rôle central dans la lutte contre le travail des enfants en développant des normes internationales du travail, en élaborant des conventions et en coordonnant les efforts des pays membres. Parmi les instruments les plus significatifs figurent la « Convention n° 182 » de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants, adoptée en 1999. Cette convention a été un catalyseur pour les actions nationales et internationales visant à éliminer les formes les plus dangereuses et les plus exploiteuses de travail des enfants.

Une autre initiative majeure est celle de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), qui se consacre à la protection des droits de l’enfant dans le monde entier. L’UNICEF travaille en étroite collaboration avec les gouvernements, les organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres partenaires pour mettre fin au travail des enfants. Elle joue un rôle crucial en matière de plaidoyer, de sensibilisation et de renforcement des capacités des pays pour lutter contre cette pratique. L’UNICEF œuvre également pour promouvoir l’éducation de qualité, car l’accès à l’éducation est l’un des moyens les plus efficaces de prévenir le travail des enfants et de briser le cycle de pauvreté.

Parallèlement à ces initiatives institutionnelles, de nombreuses ONG jouent un rôle clé dans la lutte contre le travail des enfants. Ces organisations, souvent en première ligne sur le terrain, travaillent sans relâche pour identifier et protéger les enfants vulnérables, sensibiliser les communautés, plaider en faveur de politiques et de lois protectrices, et offrir des programmes de réhabilitation et de réinsertion. Leur travail est d’une importance vitale, car elles apportent un soutien concret aux enfants qui ont été victimes de travail forcé, leur offrant un espace sûr, une éducation et des opportunités pour reconstruire leur vie, dans un environnement parfois hostile et dominé par des groupements religieux rétrogrades.

Les initiatives internationales dans la lutte contre le travail des enfants ne se limitent pas à la sensibilisation et à la législation.

Elles visent également à promouvoir le développement économique et social durable. Ces initiatives reconnaissent que la pauvreté et les inégalités économiques sont des facteurs clés qui contribuent au travail des enfants. Ainsi, elles cherchent à renforcer les systèmes économiques et sociaux pour offrir des opportunités économiques décentes aux adultes, réduire la pauvreté et créer des filets de sécurité sociale pour les familles les plus vulnérables.

De plus, les initiatives internationales encouragent la coopération entre les pays afin de lutter contre le travail des enfants à l’échelle mondiale. Des programmes de partage de bonnes pratiques, de formation et d’échange d’informations sont mis en place pour renforcer les capacités des gouvernements à mettre en œuvre des politiques efficaces de prévention et d’élimination du travail des enfants.

« Alliance 8.7 »

Un exemple concret de réussite dans la lutte contre le travail des enfants est l’initiative mondiale « Alliance 8.7 ». Cette alliance, lancée en 2016, réunit des gouvernements, des organisations internationales, des entreprises, des syndicats et des organisations de la société civile pour accélérer les efforts à atteindre « l’objectif 8.7 » des « Objectifs de Développement Durable » (ODD) des Nations Unies, qui vise à éliminer le travail des enfants d’ici 2025 et à mettre fin à toutes les formes de travail forcé et de traite des êtres humains.

Malgré ces initiatives et les progrès réalisés, de nombreux défis persistent dans la lutte contre le travail des enfants. Des lacunes dans la législation et l’application des lois, la faible sensibilisation, la corruption, la pauvreté persistante et les situations de conflit armé rendent la tâche difficile. De plus, les nouvelles formes d’exploitation, telles que le travail des enfants dans les plateformes d’approvisionnement mondiales, nécessitent une vigilance accrue et une coopération internationale renforcée.

Il est primordial de continuer à soutenir et à renforcer ces initiatives internationales dans la lutte contre le travail des enfants. Cela nécessite une volonté politique et des investissements soutenus pour mettre en œuvre des politiques et des programmes efficaces.

La lutte contre le travail des enfants est un impératif moral et une responsabilité collective. En unissant nos efforts, en investissant dans l’éducation, en créant des perspectives économiques respectables et en renforçant les mécanismes de protection de l’enfance, nous pouvons bâtir un monde où chaque enfant peut s’épanouir, grandir en sécurité et réaliser son plein potentiel. En unissant nos voix, nos actions et nos esprits, nous tricoterons un tissu social solide, tissé de compassion, de justice et de détermination. Que notre engagement inflexible envers les droits des enfants brille comme un phare d’espoir, illuminant le chemin vers un destin où le travail des enfants sera relégué aux pages sombres et oubliées de notre histoire commune. C’est notre devoir sacré de protéger, d’élever et de donner à chaque enfant les ailes de l’enfance, afin que tous les enfants de la planète puissent s’envoler vers des horizons de liberté et de bonheur.

 

 

 

Journal LE TEMPS DU 28/05/2023

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