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Pour un enseignement économique polyphonique ?

19 Novembre 2023 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

Pour un enseignement

économique polyphonique ?                                      

     

Par

Jamel

BENJEMIA                               

                                                                                           
                                           

     

 

Dans le vaste panorama de la pensée économique, les théories traditionnelles occupent une position imposante et inébranlable, dictant souvent la voie étroite empruntée par les jeunes esprits avides de comprendre les rouages de l’économie moderne. Au cœur de cet univers académique, se déploie un paysage imposant où la prédominance d’une doctrine unique éclipse l’émergence de pensées alternatives, étouffant ainsi la diversité et l’audace intellectuelle.

L’enseignement économique contemporain, figé comme une fresque dans le temps, arbore les couleurs de la tradition. Il offre un tableau teinté des dogmes intangibles, des paradigmes gravés dans la pierre des manuels universitaires. Dans cette symphonie didactique, le principe du « Ceteris Paribus » (« toutes choses égales par ailleurs »), loué comme un pilier immuable, proclame une stabilité illusoire alors que la réalité foisonne de variables volatiles, dansant au rythme capricieux des évolutions économiques.

Le modèle IS-LM expose les interactions du taux d’intérêt et du niveau de production sur l’épargne et l’investissement (Courbe IS : « Investments and Savings ») ainsi que sur la demande et l’offre de monnaie (Courbe LM : « Liquidity preference and Money supply »).

Pourtant, l’inflation, tel un démon effrayant, et le chômage, son complice tacite, dansent une valse énigmatique, révélant les intrications complexes délaissées par les théories conventionnelles, leurs liens fragiles dédaignés au profit de simplifications excessives.

Au sein de cet univers clos, la pensée monétariste élève ses murs, imposant son diktat et reléguant toute dissidence à l’ombre, restreignant ainsi l’horizon de la formation des jeunes esprits économiques. Une hégémonie intellectuelle qui étouffe l’épanouissement de perspectives alternatives, érodant la richesse que peut offrir un éventail de théories et de réflexions divergentes.

Dans cet écosystème éducatif rigide, le tissu pédagogique se dessine, révélant une trame où se tissent les fils étroits d’une pensée uniforme.

Les enjeux cruciaux de notre société contemporaine tels que l’économie de la santé, les inégalités et  l’économie du développement se trouvent malheureusement relégués en marge, illustrant la sous-estimation de leur importance.

Face à cet effondrement du pluralisme, l’heure sonne pour un réveil intellectuel, pour une révolution pédagogique capable de franchir les barrières rigides des doctrines établies. Il est important de repenser l’éducation économique, d’ouvrir les portes de l’enseignement à une palette variée de perspectives et de méthodes, offrant ainsi aux jeunes esprits un parcours éducatif riche, stimulant leur pensée critique et leur capacité à saisir la complexité du monde économique contemporain.

 

Critique des principes dominants

Au cœur des doctrines économiques traditionnelles se déploie un paysage académique où se mêlent la grandeur figée des théories dominantes et les murmures dissidents qui osent braver l’immuable. C’est dans cet espace de réflexion et de contestation que s’élève le défi de repenser les principes érigés en dogmes intangibles.

Le multiplicateur keynésien, jadis porté comme le phare dans la tempête des politiques économiques, voit son éclat terni par les échos discordants. Des voix dissidentes s’élèvent, remettant en cause son pouvoir salvateur dans un monde en perpétuel changement. Son image jadis lumineuse se teinte d’ombres, questionnant sa capacité à illuminer le chemin dans un univers économique en évolution permanente.

L’inflation, tel un être insaisissable, et le chômage, son comparse énigmatique, se livrent à une danse étrange, révélant des intrications subtiles et complexes. La relation entre ces entités s’avère être un ballet énigmatique, défiant les lignes tracées des théories conventionnelles. Les dogmes traditionnels peinent à contenir la complexité mouvante de ces phénomènes interconnectés, laissant leurs liens tissés dans l’ombre des interprétations simplistes.

Dans cet écosystème éducatif, les pensées alternatives, les approches divergentes, restent en marge, limitant ainsi l’éventail des connaissances à disposition des étudiants, les privant ainsi de la richesse d’une palette variée de théories et de réflexions. C’est dans cet univers où se mêlent les voix puissantes des doctrines établies et les chuchotements des contestations naissantes que se pose le défi : celui de réinventer l’éducation économique pour englober la diversité des idées et stimuler les esprits à la pensée critique et ouverte.  

La suprématie monétariste

Au cœur de l’enseignement économique, la suprématie monétariste se dresse tel un colosse, bâtissant ses piliers solides dans le paysage académique. Sa voix, résonnant comme un hymne intemporel, guide les esprits en quête de compréhension, érigeant ainsi un récit monolithique de l’économie moderne.

Les principes, rigoureusement établis, tissent une toile de certitudes, éclipsant les voix dissidentes qui cherchent à briser les chaînes de la pensée unique.

Dans cet écosystème éducatif, la pensée monétariste domine, dressant ses remparts et reléguant tout écho discordant à l’obscurité des marges académiques. Les jeunes esprits, façonnés dans ce moule doctrinal, se trouvent confinés à l’intérieur d’un récit économique où l’argent trône comme le pivot central, éludant ainsi la richesse des perspectives alternatives.

La pensée monétariste, telle une forteresse impénétrable, façonne la perception de l’économie, imposant sa doctrine comme une vérité absolue. Les flux monétaires, deviennent les maîtres mots, teintant l’ensemble de l’enseignement d’une couleur unie, reléguant ainsi toute autre approche aux confins du discours économique, ou saupoudrant le contenu académique par quelques notions d’économie sociale et solidaire afin de se donner bonne conscience.

Dans cette symphonie éducative, la prédominance monétariste restreint la vision de l’économie, occultant ainsi les nuances subtiles, les liens interdépendants et les multiples facettes de la complexité économique. L’enseignement devient alors une partition monotone, une ballade aux notes uniformes, où les voix divergentes sont étouffées par le grondement assourdissant du monétarisme.

Pour les apprentis économistes, cette suprématie monétariste devient le prisme à travers lequel le monde économique est observé. Elle guide dans un récit où les autres perspectives, pourtant essentielles à une compréhension  holistique, se trouvent reléguées à l’arrière-plan, éclipsées par la lumière aveuglante des théories établies.

La nécessité de surmonter cette domination monétariste devient impérieuse pour offrir aux jeunes esprits une symphonie économique riche, diversifiée et polyphonique. Il est temps d’ouvrir les portes de l’enseignement à une variété de voix, de perspectives et de théories, offrant ainsi un récit économique complexe, vibrant et diversifié.

Les keynésiens, fidèles à leur héritage, s’abreuvent aux fontaines de leur doctrine, tandis que les monétaristes, tel un rempart, se confinent à leurs dogmes. Pourtant, dans ce ballet économique, la mélodie du pragmatisme résonne, appelant à une danse plus harmonieuse.

Repenser les programmes d’enseignement devient un impératif. La formation des esprits ne devrait plus se limiter à un récit unilatéral mais s’ériger comme une fresque complexe, où les courants de pensée se mêlent, se confrontent et s’enrichissent.

Dans cette transformation éducative, il est essentiel de cultiver un terreau fertile où fleurissent non seulement les théories économiques mais aussi les méthodes d’enseignement novatrices. Les approches interdisciplinaires, les méthodes qualitatives et l’histoire des idées économiques se posent comme des trésors à explorer, invitant ainsi les apprenants à une aventure intellectuelle riche et captivante.

Les économistes physiocrates, ces érudits des temps anciens, ont su captiver mon esprit avide de connaissances économiques. Leurs idées, tels des rayons de lumière ont illuminé  ma compréhension du fonctionnement des rouages économiques. Leur vision, empreinte d’une simplicité élégante, m’a fasciné, révélant une clarté éblouissante au sein d’un monde complexe. Leur proclamation de la primauté de l’agriculture, en tant que source originelle de richesse, résonne encore comme un hymne à la nature et à l’harmonie. Cette approche, empreinte de la poésie de l’ordre naturel, a façonné mon admiration pour ces pionniers de la pensée économique.

Repenser l’enseignement économique ne vise pas à simplifier, mais à élargir son champ, offrant une variété de perspectives pour comprendre l’économie  moderne. Il est essentiel de briser les barrières des dogmes intangibles pour accueillir une polyphonie de voix, stimulant la curiosité et l’innovation chez les esprits avides de connaissances.

L’évolution de l’éducation économique exige une métamorphose de ses fondements, combinant les théories établies et de nouveaux récits, des perspectives diverses et des approches novatrices. Il est impératif de fournir aux apprenants un paysage éducatif florissant, où la richesse des idées s’épanouit, où la pensée critique s’aiguise face à une économie en constante évolution.

Il est temps de s’élever au-dessus des contraintes académiques, de transcender les limites de la pensée conventionnelle et d’accueillir la diversité des idées et des voix pour offrir une éducation authentiquement plurielle et éclairée.

 

 

Pour un enseignement économique polyphonique ?

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