Pour une réforme audacieuse du football tunisien
Pour une réforme audacieuse du football tunisien
Par
Jamel
BENJEMIA
Le football tunisien, malgré une histoire riche et des moments de gloire, est confronté à des défis majeurs qui entravent sa compétitivité sur la scène internationale. La récente élimination précoce de l’équipe nationale au premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) a mis en lumière les lacunes persistantes dans l’organisation et la gestion du football tunisien. Cette élimination douloureuse a suscité des débats passionnés et a révélé la nécessité urgente d’une réforme complète pour revitaliser le football tunisien.
Ah, bien sûr, les critères de sélection des dirigeants ont évolué pour former un club fermé des copains et des coquins, où les mêmes personnes s’échangent les postes et les privilèges comme s’il s’agissait d’un jeu de chaises musicales.
Un autre défi majeur réside dans le processus de sélection des joueurs pour l’équipe nationale. Trop souvent, les critères de sélection sont influencés par des considérations non sportives telles que les relations personnelles ou les intérêts financiers. Cela a entraîné une instabilité dans l’équipe nationale qui a compromis sa capacité à rivaliser avec succès sur la scène internationale.
De plus, le manque de cohérence dans la condition physique des joueurs sélectionnés a souvent été un facteur limitant lors des compétitions internationales, compromettant ainsi les chances de succès de l’équipe.
Face à ces défis, il est impératif d’entreprendre une réforme globale du football tunisien. Cette réforme devrait viser à restructurer la gouvernance du football pour garantir une prise de décision lucide et transparente.
Restructuration de la gouvernance
La gouvernance du football en Tunisie est confrontée à des enjeux cruciaux qui entravent son efficacité et compromettent la compétitivité de l’équipe nationale. Pour remédier à ces problèmes, le Président doit avoir une expérience de gestionnaire (comptable, gérant d’une entreprise, PDG..) avec un casier judiciaire vierge.
Tous les membres du bureau fédéral, sont tenus de fournir une déclaration de leur patrimoine au début de leur mandat et à la fin de celui-ci.
De plus, le bureau fédéral doit être composé de 12 membres, dont un tiers est constitué d’anciens joueurs sélectionnés en équipe nationale. Il est également incompatible d’occuper la présidence d’un club avec la fonction de membre du bureau fédéral afin d’éviter les conflits d’intérêts.
Si le nombre de membres du bureau fédéral tombe en dessous de 7 en raison de démissions, le bureau est automatiquement dissous, entraînant l’organisation d’élections pour choisir un nouveau bureau.
Enfin, il est crucial de limiter les mandats au sein du bureau fédéral pour assurer une rotation et une diversité dans la gouvernance.
En résumé, une restructuration de la gouvernance du football tunisien est essentielle pour surmonter les défis actuels et restaurer le rayonnement de l’équipe nationale.
En clarifiant les rôles, en exigeant une expérience de gestionnaire pour le Président et en limitant les mandats, la fédération pourra mieux servir les intérêts du football tunisien et promouvoir son développement à long terme.
Le choix de l’entraîneur national
Le choix de l’entraîneur national revêt une importance capitale pour l’équipe nationale, et il est crucial qu’il soit rigoureux et réfléchi.
Le vote des 2/3 du bureau fédéral (8 membres) pour le choix de l’entraîneur, sur proposition de la commission technique, est souhaitable.
Ce processus garantit une prise de décision obtenue avec un large consensus, ce qui est essentiel pour assurer la légitimité et la confiance dans le choix final.
En ce qui concerne les qualifications de l’entraîneur national, une expérience minimale dans l’entraînement d’un club professionnel doit être exigée.
Joachim Löw, l’ancien entraîneur de la « Nationalmannschaft » a initialement occupé le poste d’adjoint de Jürgen Klinsmann de 2004 à 2006, avant de prendre en charge l’équipe nationale allemande. La passation du flambeau s’est effectuée dans la continuité du travail accompli, ce qui a permis une transition harmonieuse et une poursuite réussie de la vision et de la stratégie déjà établies par les autorités allemandes du football.
Sir Alex Ferguson, l’ancien entraineur de Manchester United disait :
« Un sélectionneur national est un poste qui correspond à quelqu’un de plus âgé et expérimenté ».
Cette exigence vise à garantir que l’entraineur national d’un pays possède les compétences et les connaissances nécessaires pour mener l’équipe nationale vers le succès sur la scène internationale.
Quant à l’adjoint de l’entraîneur national, c’est généralement un ancien joueur international. Ce choix vise à apporter une expertise supplémentaire sur le terrain et à fournir un mentorat précieux aux joueurs de l’équipe nationale.
Ma proposition de voir Riadh Bouazizi, le héros de la CAN 2004, comme adjoint du prochain entraîneur choisi, est une suggestion qui mérite d’être prise en considération. Avec sa riche expérience et son statut emblématique dans le football tunisien, Riadh Bouazizi apporterait une contribution précieuse au développement de l’équipe nationale.
Dans l’ensemble, le choix de l’entraîneur national est un processus complexe nécessitant une analyse minutieuse des qualifications, de l’expérience et de la compatibilité avec les objectifs de l’équipe nationale. En suivant ces critères, la fédération peut garantir une sélection judicieuse et efficace de l’entraîneur national, ce qui propulsera l’équipe nationale vers de nouveaux sommets de succès.
Critères de sélection et performance
Le processus de sélection des joueurs pour l’équipe nationale de football en Tunisie doit être revu et renforcé afin de garantir la compétitivité et la performance des joueurs sélectionnés.
Tout d’abord, il est impératif de mettre en place des critères stricts de sélection des joueurs pour l’équipe nationale, basés sur des performances mesurables et objectives. Ces critères devraient inclure des indicateurs tels que les statistiques de match, la forme physique, la discipline, et le comportement sur et en dehors du terrain. En se basant sur des critères objectifs, la sélection des joueurs sera plus transparente et équitable, garantissant que seuls les joueurs les plus qualifiés représentent l’équipe nationale.
De plus, il est essentiel d’exiger que les joueurs sélectionnés pour l’équipe nationale soient titulaires dans leurs équipes respectives afin de garantir une condition physique optimale, ainsi qu’une expérience de jeu régulière. Etre titulaire dans son équipe est un indicateur clair de la compétitivité et de la forme physique d’un joueur. Ce niveau d’exigence poussera les joueurs à plus de performance dans leurs clubs, ce qui bénéficiera à l’équipe nationale.
Bien que des circonstances exceptionnelles puissent parfois justifier la sélection d’un joueur qui n’est pas titulaire dans son club, ces exceptions ne doivent pas devenir la norme.
Limiter le nombre d’exceptions garantira que seuls les joueurs les plus qualifiés et les mieux préparés représentent l’équipe nationale, renforçant ainsi sa compétitivité et ses chances de succès.
Le talent d’un joueur ne garantit pas automatiquement sa sélection s’il ne s’inscrit pas dans le plan de jeu de l’équipe. Comme l’a démontré Aimé Jacquet, l’ancien entraîneur français, qui a fait le choix de titulariser Zidane au détriment d’Eric Cantona, et les résultats ont prouvé la pertinence de cette décision pour l’équipe de France.
Enfin, il est essentiel d’avoir un Président d’une fédération avec une vision stratégique pour préparer toutes les classes de joueurs, assurant ainsi la pérennité de la performance et la continuité du travail accompli.
De plus, le choix de l’entraîneur national est crucial pour l’avenir du football tunisien. Il est impératif de sélectionner un entraîneur doté de l’expérience et de la sagesse nécessaires pour mener l’équipe nationale vers le succès.
En investissant dans la réhabilitation des infrastructures et dans la redynamisation des centres de formation dans toutes les régions du pays, nous garantissons non seulement la compétitivité immédiate, mais également la pérennité de nos succès futurs.
Cependant, la réussite de cette réforme dépendra de l’engagement et de la coopération de toutes les parties prenantes du football tunisien.
Le ministère des sports, les clubs, la fédération, les entraîneurs, les joueurs et les supporteurs doivent tous travailler ensemble pour mettre en œuvre ces changements et promouvoir une culture de la performance, de la responsabilité, de la transparence et de l’excellence dans le football tunisien.
En mettant en œuvre ces recommandations, la Tunisie peut non seulement retrouver sa position de force sur la scène continentale et internationale, mais aussi insuffler fierté et inspiration à toute la nation, tout en contribuant activement à la croissance et au développement durable du football dans le pays.
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