Revitaliser Bizerte : un pas vers l’avenir
Revitaliser Bizerte :
un pas
vers
l’avenir
Par
Jamel
BENJEMIA
Le développement d’un port en eaux profondes est non seulement une nécessité stratégique mais aussi une opportunité transformative pour l’économie maritime tunisienne. Pour naviguer avec succès à travers les défis du progrès, il est essentiel que ce projet soit le fruit d’une réflexion éclairée, affranchie des querelles régionalistes et des pressions extérieures.
Ce projet d’envergure ne se limite pas à la construction d’infrastructures ; il s’agit de créer un phare économique, une plateforme dynamique propulsant la Tunisie vers de nouveaux horizons de croissance et d’opportunités.
Ainsi, le choix entre Bizerte et Enfidha pour l’emplacement du port en eaux profondes va au-delà des simples considérations géographiques. C’est un exercice complexe impliquant une évaluation minutieuse des répercussions économiques, environnementales et sociales de chaque option. L’impact sur les communes locales, la biodiversité marine, les infrastructures existantes et les flux logistiques doit être minutieusement évalué pour prendre une décision éclairée.
Dans ce contexte, cette étude vise à dévoiler le bien-fondé de chaque emplacement, en mettant en lumière les opportunités et les défis associés à la construction du port en eaux profondes. En examinant attentivement ces aspects, nous serons en mesure de déterminer quel emplacement offre le meilleur potentiel pour répondre aux besoins actuels et futurs de la Tunisie en matière de développement maritime et économique.
Bizerte
Bizerte, ville portuaire historique située à la pointe nord de la Tunisie, offre un cadre idéal pour la construction du port en eaux profondes. Son emplacement stratégique en fait un point d’accès privilégié de l’axe « Gibraltar-Canal de Suez », favorisant ainsi un trafic maritime important et continu.
En effet, Bizerte se trouve au carrefour naturel entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, ce qui en fait un hub logistique vital pour les échanges commerciaux internationaux.
Le port existant offre une base solide pour construire le nouveau port en eaux profondes.
Une « étude de l’hydrodynamique sédimentaire de la lagune de Bizerte » (2013) réalisée par Mouldi Brahim, Abdelfettah Atoui et Béchir Béjaoui, confirme que les « courants sont faibles dans les grandes profondeurs de la lagune de Bizerte».
Durant l’ère de la présidence Ben Ali, une société américaine a entrepris une étude de faisabilité concluante pour la construction d’un port en eaux profondes à Bizerte.
Les Chinois exprimaient leur enthousiasme dans l’optique de la route de la soie, tandis que les Américains s’inquiétaient de la sécurité des câbles de fibres optiques traversant les profondeurs maritimes de Bizerte. Ces préoccupations auraient pu trouver une issue favorable par le biais d’une collaboration, confiant la construction du port aux Chinois et la sécurisation des données numériques à un consortium bénéficiant de l’expertise de sociétés françaises et américaines de renom. Cependant, Ben Ali céda aux chants des sirènes régionalistes, détournant ainsi le projet vers Enfidha, malgré les inconvénients évidents de ce choix.
Le développement du port de Bizerte présente des avantages indéniables dans le projet de la nouvelle route de la soie maritime. Situé au cœur de la Méditerranée et contrôlant le détroit de Sicile, il constitue un point de convergence crucial pour les échanges commerciaux entre l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient. Cette position géographique stratégique en fait un hub commercial idéal, à mi-chemin du canal de Suez, de la mer Noire et de l’Atlantique.
Enfidha
Enfidha, situé sur la côte est de la Tunisie, émerge comme une alternative coûteuse au projet de Bizerte pour l’emplacement du port en eaux profondes.
Les experts estiment que le coût d’un port en eaux profondes à Enfidha serait quatre fois plus élevé que celui de Bizerte.
En effet, le remblaiement du sable pour le projet d’Enfidha peut s’avérer être une opération complexe et coûteuse en raison des vents forts qui caractérisent la région. Ces vents puissants peuvent entraîner une érosion importante du sable utilisé pour le remblaiement, nécessitant ainsi des mesures de stabilisation supplémentaires pour garantir la durabilité de l’infrastructure.
Des techniques spéciales de remblaiement et de protection côtière pourraient être nécessaires pour atténuer les effets des vents et assurer la stabilité du port d’Enfidha. Ces techniques pourraient inclure l’utilisation de brise-lames, de structures de protection côtière ou d’autres solutions d’ingénierie maritime pour stabiliser le sable et prévenir l’érosion dans le contexte du changement climatique.
Ces mesures supplémentaires significatives pourraient rendre l’opération de remblaiement plus onéreuse et difficile à contrôler pour les dépenses publiques.
Il est donc essentiel de prendre en compte ces défis lors de la planification, car l’option Enfidha n’est pas le meilleur choix en termes d’impact social et environnemental.
Ainsi l’analyse comparative des deux sites révèle clairement que Bizerte émerge comme le choix le plus judicieux, offrant une solution répondant aux besoins économiques et logistiques du pays tout en minimisant les contraintes environnementales et sociales.
Son infrastructure et sa position géographique privilégiée en tant que point d’accès clé aux principales routes maritimes, ainsi que son potentiel de développement économique, en font un candidat idéal pour accueillir le port en eaux profondes.
De plus, la proximité de Bizerte avec les principaux centres industriels et urbains de la Tunisie offre des avantages économiques considérables.
La construction du port en eaux profondes à Bizerte et le projet d’un futur aéroport à Utique seraient des moteurs puissants pour le développement économique régional.
Ces initiatives faciliteraient le transport des marchandises et ouvriraient de nouvelles perspectives d’emploi au sein de la région.
Cette synergie entre le port, l’aéroport et les activités économiques locales renforcerait la compétitivité de la Tunisie sur le marché mondial.
L’intérêt national doit être la principale considération dans la décision de sélectionner un emplacement pour un port en eaux profondes. Cela inclut l’analyse approfondie des avantages économiques, logistiques et géostratégiques pour le pays, ainsi que les besoins à long terme en matière de commerce et de développement maritime.
Les 900 hectares de l’ancien aéroport pourraient être intégrés dans un plan d’aménagement ambitieux, comprenant une « Silicon Valley Tunisienne », une usine de construction et de réparation d’avions, un campus universitaire dédié à l’enseignement à distance, des studios de tournage, ainsi que des logements avec une vue imprenable sur le lac.
Ce projet ambitieux vise à faire de Tunis un pôle d’innovation, de développement technologique et de création culturelle majeur dans la région.
De plus, la valeur foncière générée par cette revitalisation pourrait potentiellement compenser les coûts de construction du nouveau port et de l’aéroport, contribuant ainsi à la viabilité économique et à la durabilité financière de ces projets d’infrastructures cruciaux.
En choisissant de raviver l’éclat de la région de Bizerte à travers ces initiatives, la Tunisie se positionne comme un acteur clé dans la reconfiguration du paysage économique régional. C’est un pas audacieux vers un avenir radieux, où les promesses de la mer se marient avec les aspirations terrestres, créant ainsi un héritage durable pour les générations futures.
En effet, l’essor d’un port en eaux profondes à Bizerte et d’un nouvel aéroport à Utique ne se limite pas à ses retombées économiques immédiates. Il représente un symbole de résilience et d’aspiration pour une nation qui cherche à réaffirmer sa place dans le panorama mondial.
L’histoire de Bizerte, imprégnée de siècles de commerce et de culture, se trouve désormais à un tournant décisif.
La revitalisation de cette région emblématique ne consiste pas à construire des infrastructures modernes, mais à renouer avec un héritage ancestral de connectivité et d’échange.
Bizerte, avec ses ruelles sinueuses, son fameux pont et son port animé, incarne l’esprit d’une nation tournée vers l’avenir tout en honorant son passé.
Le projet d’un port et d’un nouvel aéroport devrait être perçu comme bien plus qu’un simple investissement économique. C’est un catalyseur de transformation sociale et culturelle, offrant des opportunités sans précédent pour les habitants de la région et au-delà. En revitalisant la région de Bizerte, la Tunisie s’engage dans un voyage de redécouverte et de réinvention, où les promesses de prospérité se mêlent à un profond respect pour l’histoire et la diversité de la région.
En embrassant cette vision audacieuse, la Tunisie trace la voie vers un avenir radieux où l’innovation, la durabilité et l’inclusivité sont au cœur du progrès.
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