Droit de véto : une réalité inique et déséquilibrée ?
Droit de véto :
une réalité inique
et déséquilibrée ?
Par Jamel
BENJEMIA
Le droit de véto ou veto, pilier du Conseil de Sécurité des Nations Unies, incarne à la fois un symbole de puissance et une source d’injustice flagrante dans le paysage international contemporain. Ce privilège est octroyé exclusivement aux cinq membres permanents du Conseil de Sécurité : les États Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni, conférant ainsi à ces nations une autorité sans égale dans la prise de décisions cruciales pour la paix et la sécurité mondiales.
Pourtant, derrière cette façade de légitimité et de stabilité, se cache une réalité inique et déséquilibrée. L’exercice du droit de véto par les membres permanents crée une hiérarchie injuste entre les nations, sapant ainsi les fondements mêmes de l’égalité et de la justice internationales. Cela se traduit par une prépondérance des intérêts nationaux sur l’intérêt général, des impasses politiques lors de crises majeures et une marginalisation des voix des pays non membres permanents.
En effet, l’inégalité structurelle engendrée par le droit de véto va à l’encontre des principes fondateurs des Nations Unies, qui prônent l’égalité souveraine de tous les États membres. Cette disparité de pouvoir crée un système à deux vitesses, où certains États jouissent d’une influence démesurée tandis que d’autres se voient relégués au second plan, privés de toute possibilité réelle de participation significative aux processus décisionnels décisifs.
Ainsi, cette introduction vise à explorer les implications profondes du droit de véto, en mettant en lumière ses conséquences sur la stabilité, la justice et la légitimité des institutions internationales. À travers cette analyse, nous plaiderons en faveur d’une réforme radicale visant à instaurer un système plus égalitaire, dans le but de construire un ordre mondial plus juste, durable et fraternel.
Promouvoir l’égalité
Le droit de véto, en conférant un pouvoir exclusif à quelques membres permanents du Conseil de Sécurité, perpétue une inégalité structurelle au sein des institutions internationales. Cette asymétrie de pouvoir se manifeste de manière flagrante lors des crises mondiales, où la voix des nations non membres permanentes est systématiquement reléguée au second plan, entravant ainsi la capacité de l’ONU à agir de manière décisive et équitable.
En effet, l’utilisation du véto par les membres permanents crée souvent des blocages politiques, paralysant le processus décisionnel et compromettant la capacité de l’ONU à répondre aux menaces de paix et de sécurité internationales.
Cette paralysie institutionnelle est particulièrement préjudiciable dans des situations de crise humanitaire ou de conflit, où chaque instant compte et où une action rapide et concertée est impérative pour sauver des vies et prévenir des souffrances inutiles.
Lorsque les normes impératives du jus cogens sont violées à l’échelle mondiale, recourir au droit de véto pour exonérer un pays accusé constitue un acte criminel.
De plus, le droit de véto contribue à perpétuer des dynamiques de pouvoir inéquitables au sein du Conseil de Sécurité. En conférant un poids disproportionné aux membres permanents, ce mécanisme prive les autres nations de leur légitimité et de leur capacité à influencer les décisions qui les concernent directement. Cette situation crée un déséquilibre structurel qui nuit à la crédibilité et à la légitimité de l’ONU en tant qu’organe représentatif des intérêts et des aspirations de l’ensemble de la communauté internationale.
Face à ces défis, la nécessité de réformer le système de prise de décision au sein du Conseil de Sécurité s’impose comme une urgence morale, éthique et politique.
Une réforme visant à remplacer le droit de véto par une règle plus équitable, contribuerait à restaurer l’égalité et la légitimité au sein des institutions internationales.
Promouvoir l’égalité au sein des institutions internationales exige de remettre en question le statu quo et de mettre fin aux procrastinations mondiales.
Pour un nouvel ordre international
Le droit de véto, en perpétuant des injustices structurelles au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, entrave non seulement la capacité de l’ONU à agir efficacement face aux crises mondiales, mais compromet également la légitimité et la crédibilité de l’ordre international existant.
Dans ce contexte, plaider en faveur d’un nouvel ordre international, fondé sur les principes de justice, d’égalité et de coopération, s’avère essentiel pour relever les défis complexes du XXIème siècle.
Premièrement, un tel ordre international doit reposer sur des fondements démocratiques, où chaque nation, quelle que soit sa taille ou sa puissance économique, a une voix égale dans les processus décisionnels cruciaux. En remplaçant le droit de véto par une règle équitable basée sur le principe « un pays, une voix », et corrigée par une pondération tenant compte du nombre des habitants, nous pourrions restaurer la légitimité démocratique au sein des institutions internationales et garantir une représentation équitable de tous les États membres.
Deuxièmement, un nouvel ordre international doit être fondé sur le respect des droits humains universels et la promotion de la coopération internationale pour faire face aux défis transnationaux, tels que le changement climatique, les pandémies et les conflits armés. En renforçant les mécanismes de responsabilité et en favorisant une approche collaborative pour résoudre ces problèmes, nous pourrions construire un ordre mondial plus juste et durable, qui place les intérêts de l’humanité au-dessus des intérêts nationaux étroits.
Troisièmement, un nouvel ordre international devrait promouvoir une économie mondiale plus équitable et inclusive, en luttant contre les inégalités économiques croissantes et en garantissant un accès équitable aux ressources et aux opportunités pour tous les peuples du monde.
En adoptant, des politiques de développement durable et en favorisant une répartition plus juste des richesses, nous pourrions contribuer à réduire les tensions sociales et économiques à l’échelle mondiale et à promouvoir la stabilité et la prospérité pour tous.
Émerger de la décadence
Dans un monde, où les inégalités persistent et où les mécanismes de pouvoir favorisent certains au détriment d’autres, le déclin moral et politique menace l’ordre international. Les tensions croissantes entre le Nord et le Sud, exacerbées par des injustices structurelles telles que le droit de véto, révèlent une crise profonde dans la légitimité et la crédibilité des institutions internationales.
La montée des révoltes dans le Sud contre l’injustice et l’oppression souligne la nécessité urgente de repenser les fondements de l’ordre international. Les populations du Sud, souvent marginalisées et dépossédées de leur voix dans les arènes décisionnelles internationales, se dressent contre un système qui perpétue leur exploitation et leur exclusion. Cette résistance, alimentée par des aspirations légitimes à la dignité, à l’égalité et à la justice, met en lumière les failles d’un ordre mondial qui favorise les intérêts des puissants au détriment des vulnérables.
Dans le même temps, le Nord, autrefois perçu comme le gardien des valeurs universelles et de l’ordre mondial, est en proie à une crise de légitimité croissante. Les pratiques de domination et d’exploitation qui caractérisent souvent les relations Nord-Sud sapent la crédibilité morale du Nord et érodent les fondements de son leadership mondial. Comme l’Empire romain confronté à la décadence, le Nord est confronté à la nécessité impérieuse de restaurer les valeurs universelles de justice, d’égalité et de respect mutuel pour éviter un déclin irréversible.
Face à cette crise existentielle, il est impératif de réinventer l’ordre international sur des bases plus justes et inclusives. Cela nécessite un engagement renouvelé envers la coopération internationale, la solidarité mondiale et la promotion des droits humains universels. En reconnaissant et en abordant les injustices structurelles telles que le droit de véto, nous pouvons jeter les bases d’un ordre mondial plus équitable, résilient et fraternel.
En construisant un ordre international fondé sur la justice, la solidarité et le respect mutuel, nous pouvons aspirer à un avenir où les droits de chaque individu sont respectés, où les conflits sont résolus de manière pacifique et où le développement durable est une réalité pour tous.
Cela exige un leadership intrépide, éloignant toute idée d’aventuriers insensés, une coopération sans égale érigeant des passerelles de solidarité entre le Nord et le Sud, et un engagement envers les principes universels qui unissent l’humanité dans sa poursuite d’un monde meilleur et plus équitable pour tous.
Commenter cet article