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Causalité ou fatalisme : un débat sans fin ?

25 Février 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

Causalité ou fatalisme : un débat sans fin ?

Causalité ou fatalisme : un débat

sans fin ?                                    

                                                                         

 Par

Jamel

BENJEMIA                               

                
                                   

  

 

Au sein de l’immensité de la pensée philosophique, le débat entre le principe de causalité et le fatalisme occupe une place imminente, sondant les fondements mêmes de notre perception du monde et de notre position en son sein. Bien que ces deux concepts semblent initialement distincts, ils engendrent néanmoins des réflexions profondes sur la nature de la réalité, du temps, et de notre propre existence.

Le principe de causalité, souvent affilié à la perspective déterministe du monde, stipule que chaque événement découle inévitablement de causes antérieures, tissant ainsi une trame interrompue d’actions et de conséquences. Elevé au rang de principe fondamental dans les sciences physiques et naturelles, ce concept suscite cependant des interrogations quant à sa portée et à ses limites, particulièrement à l’aune de l’indéterminisme quantique et de la complexité inhérente des systèmes.

En opposition, le fatalisme propose une vision du monde où les événements se déroulent inexorablement et sont prédestinés, chaque instant étant déjà inscrit dans les annales du destin. Cette perspective, intimement liée à des notions telles que le destin, la prédestination et l’omniscience divine, soulève des questions existentielles profondes concernant le libre arbitre, la responsabilité morale, et même la possibilité de modifier le cours des événements.

Ainsi, le débat entre le principe de causalité et le fatalisme transcende les frontières disciplinaires de la philosophie, interrogeant notre conception du temps, de la réalité et de notre propre liberté.

Dans cette quête, nous sommes conviés à plonger au cœur des interrogations fondamentales qui sculptent notre vision du monde et notre rapport à l’existence.

Au centre de cette réflexion perpétuelle réside une question cruciale : sommes-nous les maîtres de notre destin, ou sommes-nous simplement des acteurs suivant un scénario préétabli ?

Le principe de causalité

Le principe de causalité, également désigné sous l’appellation de principe de causalité déterministe, constitue l’une des pierres angulaires de la pensée philosophique et scientifique. Il énonce que chaque événement découle inévitablement de causes antérieures, tissant ainsi un lien d’interdépendance entre les phénomènes observés. Ce pilier a profondément influencé le développement des sciences physiques et naturelles, offrant un cadre conceptuel pour appréhender et anticiper les interactions au sein de l’univers.

Dans cette optique déterministe, chaque occurrence est envisagée comme étant conditionnée par des variables préexistantes, façonnant ainsi une séquence causale ininterrompue qui remonte aux origines du temps.

Cette représentation du monde propose une vision organisée et prévisible de la réalité, où les lois naturelles gouvernent le fonctionnement de l’univers et où chaque phénomène trouve son origine dans des causes passées identifiables.

Les répercussions du principe de causalité s’étendent largement et englobent de nombreux domaines de la pensée humaine. En sciences physiques, il constitue le socle de la démarche scientifique, permettant l’établissement de relations de causes à effet et l’élaboration de théories explicatives.

De la mécanique « newtonienne » à la physique quantique, les chercheurs se sont attelés à démêler les lois causales qui régissent les phénomènes observables, offrant ainsi un éclairage sur la trame intime de la réalité.

Cependant, malgré sa capacité explicative indéniable, le principe de causalité n’échappe pas aux critiques et aux limites. L’avènement de l’indéterminisme quantique a ébranlé la vision déterministe en mettant en lumière l’existence de phénomènes aléatoires et imprévisibles à l’échelle microscopique.

Par ailleurs, la complexité des systèmes dynamiques et l’émergence de phénomènes non linéaires défient parfois notre aptitude à prédire avec certitude les conséquences d’une action donnée.

En définitive, le principe de causalité incarne une tentative de saisir la structure fondamentale de la réalité en postulant l’existence de relations causales déterministes.

Bien qu’il ait façonné notre perception du monde pendant des siècles, il demeure au cœur de débats passionnés et soulève des interrogations profondes sur la nature de la causalité et de la liberté dans l’univers.

 

 

Le fatalisme

Contrairement au principe de causalité déterministe, le fatalisme présente une vision du monde où les événements sont perçus comme inévitables et prédestinés, souvent considérés comme étant inscrits dans les annales du destin.

Cette conception philosophique, ayant ses racines dans l’Antiquité, a traversé les siècles, exerçant une influence marquante sur  de nombreuses traditions religieuses et philosophiques à travers le monde.

Au cœur du fatalisme réside l’idée que chaque événement est destiné à se produire, que ce soit par le biais d’une force cosmique impersonnelle, du destin individuel de chaque être ou de l’omniscience divine. Selon cette perspective, le cours de notre vie et de l’univers dans son ensemble est déjà fixé, et nos actions ne font que suivre un script préétabli.

Cette vision fataliste du monde soulève des questions profondes sur la nature du temps, du libre arbitre et de la responsabilité morale. Si tout est déjà inscrit dans le destin, où se situe la place de la liberté humaine dans ce schéma préétabli ?

Les partisans du fatalisme mettent souvent en avant l’idée que, même si nous avons l’illusion de faire des choix libres, ceux-ci sont en réalité déterminés par des facteurs préexistants qui échappent à notre contrôle. Cette perspective peut engendrer un sentiment de résignation et de passivité, nous invitant à accepter notre sort sans chercher à le modifier.

Cependant, le fatalisme n’est pas sans critiques ni limites. Certains philosophes contestent cette vision du monde en soulignant le rôle de l’agentivité humaine et la capacité à influencer le cours des événements.

L’agentivité humaine, concept forgé par le psychologue américain Albert Bandura, renvoie à la capacité des individus à agir de manière intentionnelle et à exercer un contrôle sur leurs propres actions.

De plus, l’idée d’un destin préétabli peut sembler incompatible avec la notion de responsabilité morale et de justice, soulevant des interrogations sur la légitimité des récompenses et des sanctions.

Bien qu’il soulève des questions profondes et stimulantes, le fatalisme invite à une réflexion sur la place de l’homme dans un univers apparemment soumis au joug du destin.

 

 

 

 

 

Le débat entre causalité et fatalisme

Le débat entre causalité et fatalisme a inspiré de profondes méditations sur la nature de la réalité et notre place au sein de celle-ci. Ces perspectives offrent des éclairages distincts tout en soulevant des questionnements sur la liberté humaine, la responsabilité morale et le sens de notre existence.

La vision déterministe du monde, ancrée dans le principe de causalité, postule qu’un événement découle inévitablement de causes antérieures. Cette perspective, incarnée par Aristote, fournit un cadre solide pour comprendre les interactions dans l’univers, tout en interrogeant la nature même de notre libre arbitre.

En contraste, le fatalisme, illustré par David Hume, remet en question l’idée d’une causalité rigide et préétabli. Il avance que les événements futurs demeurent  possibles mais non inévitables, mettant en lumière l’incertitude de la vie et rejetant l’idée d’un destin prédéterminé. Cette vision peut engendrer un sentiment de passivité face au déroulement des événements.

Albert Camus aborde l’absurdité de la condition humaine dans « Le Mythe de Sisyphe », confrontant l’homme à l’absurdité de son existence dans un univers où le destin semble jouer un rôle prépondérant.

Face à ces perspectives divergentes, certains philosophes, comme Bertrand Russel, ont exploré le compatibilisme, cherchant à concilier le déterminisme causal et la liberté humaine. Cette position s’efforce d’établir un équilibre entre le déterminisme et le libre arbitre, illustrant ainsi le concept moderne du « en même temps ».

Le débat entre causalité et fatalisme ne peut être clos par une simple discussion. Au contraire, il incite à une réflexion continue et approfondie sur la nature complexe de la réalité et sur les limites de notre perception.

En continuant cette introspection, nous enrichissons notre compréhension du monde et de nous-mêmes, ouvrant ainsi de nouvelles voies vers la sagesse et la connaissance.   

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Et si la Tunisie optait pour une nouvelle monnaie ?

18 Février 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

Et si la Tunisie optait pour une nouvelle monnaie ?                                    

                                                                         

    Par Jamel BENJEMIA                               

                
                               

      

 

La Tunisie se trouve à un tournant crucial de son histoire économique. Confrontée à des défis majeurs, elle cherche des solutions internes pour surmonter ses difficultés financières et restaurer la stabilité économique.

Parmi les options recommandées, le changement de monnaie émerge comme une mesure potentiellement salutaire qui pourrait remodeler le paysage financier tunisien.

Pourquoi une nouvelle monnaie s’impose-t-elle ?

Pour répondre à cette question, nous pouvons nous inspirer des expériences passées d’autres nations confrontées à des circonstances similaires. Des pays comme la France avec le « Franc Pinay », l’Inde avec sa démonétisation audacieuse, ainsi que des initiatives panafricaines telles que celles envisagées par la Libye sous Kadhafi, fournissent des exemples instructifs des défis et des avantages associés à de telles mesures. Ces cas d’étude nous offrent des perspectives précieuses sur les implications économiques, politiques et sociales d’un changement de monnaie, ainsi que sur les meilleures pratiques à suivre.

Dans cette analyse, nous explorerons ces exemples pour comprendre comment un changement de monnaie pourrait potentiellement bénéficier à la Tunisie dans le contexte actuel. En examinant les leçons tirées des expériences passées et en tenant compte des défis spécifiques auxquels la Tunisie est confrontée, nous serons en mesure d’évaluer l’impérieuse nécessité et les avantages potentiels d’une telle mesure pour l’économie tunisienne.

 

L’exemple du Franc Pinay

L’exemple du « Franc Pinay », mis en place en France en 1958 sous le régime du général de Gaulle, offre une illustration éloquente des conséquences d’un changement de monnaie dans un contexte économique complexe.

Face à une situation financière préoccupante marquée  par l’inflation galopante et un déficit budgétaire important, le gouvernement français a adopté le plan « Pinay Rueff » pour restaurer la stabilité économique.

Ce plan ambitieux comprenait plusieurs mesures cruciales, notamment  la dévaluation du franc et la création d’une nouvelle monnaie, le « Nouveau Franc », qui était équivalent à 100 anciens Francs. L’objectif principal était de rétablir la confiance dans la monnaie française et de dynamiser l’économie en rendant les produits français plus compétitifs sur les marchés internationaux.

Malgré les réactions initiales mitigées et les préoccupations relatives à l’impact sur le pouvoir d’achat, le plan « Pinay Rueff » s’est avéré être une réussite retentissante. La dévaluation du Franc a permis de contenir les pressions inflationnistes et de restaurer la compétitivité des produits français à l’étranger.

De plus, la création d’une nouvelle monnaie a renforcé la confiance des citoyens dans la stabilité financière du pays.

En fin de compte, le plan « Pinay Rueff » a pavé la voie à une période de prospérité économique en France dans les années suivantes. Cet exemple illustre de manière frappante les avantages potentiels d’un changement de monnaie soigneusement planifié et mis en œuvre dans un environnement économique en difficulté. Comme le souligne l’économiste John Maynard Keynes, « Sur le long terme, nous sommes tous morts », ce qui implique que des mesures audacieuses sont parfois nécessaires pour stimuler l’économie et restaurer la confiance.

 

 

L’exemple de l’Inde

L’exemple de l’Inde en 2016 offre un récit fascinant des conséquences d’un changement de monnaie radical dans un pays confronté à des problèmes de corruption et d’argent noir. En novembre 2016, le gouvernement indien a annoncé de manière inattendue le retrait de la circulation des billets de 500 et 1000 roupies, représentant 86% de la valeur totale des billets en circulation, dans le but de lutter contre la corruption et l’évasion fiscale.

Cette démonétisation audacieuse a entraîné des répercussions majeures à court terme, notamment des files d’attente interminables devant les distributeurs de billet, une perturbation des transactions commerciales et une incertitude économique généralisée. Cependant, à long terme, cette mesure a réussi à réduire l’inflation, à favoriser la formalisation de l’économie informelle et à promouvoir l’utilisation de transactions électroniques, contribuant ainsi à la modernisation du système financier indien.

Malgré les défis initiaux et les critiques, la démonétisation a finalement abouti à des résultats positifs, soulignant la capacité d’un changement de monnaie radical à transformer l’économie d’un pays et à lutter contre la corruption endémique.

L’importance de cette décision réside dans sa capacité à susciter un débat mondial sur les méthodes de lutte contre la corruption et l’efficacité des mesures monétaires radicales dans ce contexte.

L’exemple de l’Inde illustre la nécessité parfois impérieuse de prendre des mesures drastiques pour réformer un système monétaire confronté à des défis persistants de corruption et d’évasion fiscale. Cette leçon transcende les frontières nationales et offre des « insights » précieux pour les gouvernements du monde entier confrontés à des défis similaires dans la lutte contre la corruption et le blanchiment de l’argent. 

 

 

L’exemple de la Libye et l’Afrique

L’exemple de la Libye et de l’Afrique, notamment avec l’introduction de l’Eco en 2020, offre un éclairage percutant sur les initiatives panafricaines visant à renforcer l’intégration économique et la stabilité monétaire sur le continent. Sous le régime de Kadhafi, la Libye avait envisagé la création d’une nouvelle monnaie, le « Dinar-Or », dans le cadre de ses initiatives panafricaines. Cependant, des changements concrets dans la monnaie libyenne ont eu lieu après la chute de Kadhafi, avec l’introduction de nouveaux billets en 2012.

Plus récemment, l’Eco a été créée en 2020 comme future monnaie unique pour quinze pays d’Afrique de l’Ouest, remplaçant le Franc CFA pour huit d’entre eux. Cette décision, prise par les chefs d’Etats et de gouvernement de la CEDEAO, vise à renforcer l’intégration économique régionale et à favoriser la stabilité monétaire en alignant les politiques monétaires des pays membres.

L’introduction de l’Eco représente une étape importante vers l’autonomie financière de l’Afrique de l’Ouest et témoigne de la volonté des pays membres de prendre leur destin en main sur le plan économique. Ce mouvement symbolise un pas audacieux vers une plus grande cohésion économique et une souveraineté monétaire accrue pour la région, marquant ainsi une nouvelle ère dans l’histoire financière de l’Afrique.

 

Bienfaits pour la Tunisie

Le changement de monnaie pourrait offrir plusieurs avantages cruciaux à la Tunisie dans le contexte actuel marqué par l’absence d’accord avec le FMI, le risque de dérapage inflationniste et le besoin urgent de ressources pour rembourser les dettes.

La récente loi autorisant la Banque Centrale de Tunisie (BCT) à accorder un prêt exceptionnel de 7 milliards de dinars à l’Etat, soulève des inquiétudes légitimes quant à son rôle de gardien de la stabilité monétaire.

L’injection soudaine d’une grande quantité de fonds dans l’économie sans une croissance correspondante de la production réelle pourrait conduire à une hausse générale des prix, affectant ainsi le pouvoir d’achat des ménages et sapant la stabilité économique.

Partant du principe de Gresham selon lequel la mauvaise monnaie chasse la bonne, principe avancé bien avant l’économiste anglais par l’historien égyptien Al-Maqrizi dans son traité sur les monnaies musulmanes, le risque est que la thésaurisation du dollar et de l’euro se fasse au détriment du Dinar. Le meilleur indicateur de cette tendance est le cours du Dinar sur le marché noir des devises.

Une nouvelle monnaie pourrait permettre à la Tunisie de reprendre le contrôle de sa politique monétaire et de mettre en œuvre des mesures adaptées à ses besoins économiques spécifiques, sans dépendre strictement des recommandations et des contraintes imposées par des partenaires internationaux.

De plus, un changement de monnaie pourrait contribuer à restaurer la confiance en offrant une perspective de stabilité économique à long terme.

En éliminant les incertitudes liées à la valeur de la monnaie et à l’évolution des politiques monétaires, la Tunisie pourrait attirer davantage d’investissements et stimuler la croissance économique.

En outre, un nouveau système monétaire pourrait offrir à la Tunisie l’occasion de moderniser son infrastructure financière et promouvoir l’utilisation de technologies innovantes dans les transactions financières, ce qui contribuerait à renforcer l’efficacité et la transparence du système financier.

En adoptant une approche proactive et stratégique, la Tunisie pourrait transformer les défis actuels en opportunités de développement durable et de prospérité économique pour ses citoyens.

En fin de compte, l’examen des expériences passées et des leçons apprises des changements de monnaie dans d’autres pays offre des perspectives précieuses pour la Tunisie dans sa quête de stabilité économique et de croissance durable.

Un changement monétaire ne se résume pas à une simple substitution de billets ; il représente un puissant levier capable de modeler l’avenir économique de la Tunisie en stimulant l’investissement et en influant sur les taux d’intérêt. Ce processus façonne ainsi un avenir prometteur, propice à l’amélioration de la vie quotidienne des tunisiens.

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Revitaliser Bizerte : un pas vers l’avenir                           

11 Février 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 

 Revitaliser Bizerte :

un pas

vers

l’avenir                                    

                                                                         

Par

 Jamel

BENJEMIA                               

                
                               

      

 

Le développement d’un port en eaux profondes est non seulement une nécessité stratégique mais aussi une opportunité transformative pour l’économie maritime tunisienne. Pour naviguer avec succès à travers les défis du progrès, il est essentiel que ce projet soit le fruit d’une réflexion éclairée, affranchie des querelles régionalistes et des pressions extérieures.

Ce projet d’envergure ne se limite pas à la construction d’infrastructures ; il s’agit de créer un phare économique, une plateforme dynamique propulsant la Tunisie vers de nouveaux horizons de croissance et d’opportunités.

Ainsi, le choix entre Bizerte et Enfidha pour l’emplacement du port en eaux profondes va au-delà des simples considérations géographiques. C’est un exercice complexe impliquant une évaluation minutieuse des répercussions économiques, environnementales et sociales de chaque option. L’impact sur les communes locales, la biodiversité marine, les infrastructures existantes et les flux logistiques doit être minutieusement évalué pour prendre une décision éclairée.

Dans ce contexte, cette étude vise à dévoiler le bien-fondé de chaque emplacement, en mettant en lumière les opportunités et les défis associés à la construction du port en eaux profondes. En examinant attentivement ces aspects, nous serons en mesure de déterminer quel emplacement offre le meilleur potentiel pour répondre aux besoins actuels et futurs de la Tunisie en matière de développement maritime et économique.

 

Bizerte

Bizerte, ville portuaire historique située à la pointe nord de la Tunisie, offre un cadre idéal pour la construction du port en eaux profondes. Son emplacement stratégique en fait un point d’accès privilégié de l’axe « Gibraltar-Canal de Suez », favorisant ainsi un trafic maritime important et continu.

En effet, Bizerte se trouve au carrefour naturel entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, ce qui en fait un hub logistique vital pour les échanges commerciaux internationaux.

Le port existant offre une base solide pour construire le nouveau port en eaux profondes.

Une « étude de l’hydrodynamique sédimentaire de la lagune de Bizerte » (2013) réalisée par Mouldi Brahim, Abdelfettah Atoui et Béchir Béjaoui, confirme que les « courants sont faibles dans les grandes profondeurs de la lagune de Bizerte».

Durant l’ère de la présidence Ben Ali, une société américaine a entrepris une étude de faisabilité concluante pour la construction d’un port en eaux profondes à Bizerte.

Les Chinois exprimaient leur enthousiasme dans l’optique de la route de la soie, tandis que les Américains s’inquiétaient de la sécurité des câbles de fibres optiques traversant les profondeurs maritimes de Bizerte. Ces préoccupations auraient pu trouver une issue favorable par le biais d’une collaboration, confiant la construction du port aux Chinois et la sécurisation des données numériques  à un consortium bénéficiant de l’expertise de sociétés françaises et américaines de renom. Cependant, Ben Ali céda aux chants des sirènes régionalistes, détournant ainsi le projet vers Enfidha, malgré les inconvénients évidents de ce choix.

Le développement du port de Bizerte présente des avantages indéniables dans le projet de la nouvelle route de la soie maritime. Situé au cœur de la Méditerranée et contrôlant le détroit de Sicile, il constitue un point de convergence crucial pour les échanges commerciaux entre l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient. Cette position géographique stratégique en fait un hub commercial idéal, à mi-chemin du canal de Suez, de la mer Noire et de l’Atlantique.

Enfidha

Enfidha, situé sur la côte est de la Tunisie, émerge comme une alternative coûteuse au projet de Bizerte pour l’emplacement du port en eaux profondes.

Les experts estiment que le coût d’un port en eaux profondes à Enfidha serait quatre fois plus élevé que celui de Bizerte.

En effet, le remblaiement du sable pour le projet d’Enfidha peut s’avérer être une opération complexe et coûteuse en raison des vents forts qui caractérisent la région. Ces  vents puissants peuvent entraîner une érosion importante du sable utilisé pour le remblaiement, nécessitant ainsi des mesures de stabilisation supplémentaires pour garantir la durabilité de l’infrastructure.

Des techniques spéciales de remblaiement et de protection côtière pourraient être nécessaires pour atténuer les effets des vents et assurer la stabilité du port d’Enfidha. Ces techniques pourraient inclure l’utilisation de brise-lames, de structures de protection côtière ou d’autres solutions d’ingénierie maritime pour stabiliser le sable et prévenir l’érosion dans le contexte du changement climatique.

Ces mesures supplémentaires significatives pourraient rendre l’opération de remblaiement plus onéreuse et difficile à contrôler pour les dépenses publiques.

Il est donc essentiel de prendre en compte ces défis lors de la planification, car l’option Enfidha n’est pas le meilleur choix en termes d’impact social et environnemental.

Ainsi l’analyse comparative des deux sites révèle clairement que Bizerte  émerge comme le choix le plus judicieux, offrant une solution répondant aux besoins économiques et logistiques du pays tout en minimisant les contraintes environnementales et sociales.

Son infrastructure et sa position géographique privilégiée en tant que point d’accès clé aux principales routes maritimes, ainsi que son potentiel de développement économique, en font un candidat idéal pour accueillir le port en eaux profondes.

De plus, la proximité de Bizerte avec les principaux centres industriels et urbains de la Tunisie offre des avantages économiques considérables.

La construction du port en eaux profondes à Bizerte et le projet d’un futur aéroport à Utique seraient des moteurs puissants pour le développement économique régional.

Ces initiatives faciliteraient le transport des marchandises et ouvriraient de nouvelles perspectives d’emploi au sein de la région.

Cette synergie entre le port, l’aéroport et les activités économiques locales renforcerait la compétitivité de la Tunisie sur le marché mondial.

L’intérêt national doit être la principale considération dans la décision de sélectionner un emplacement pour un port en eaux profondes. Cela inclut l’analyse approfondie des avantages économiques, logistiques et géostratégiques pour le pays, ainsi que les besoins à long terme en matière de commerce et de développement maritime.

Les 900 hectares de l’ancien aéroport pourraient être intégrés dans un plan d’aménagement ambitieux, comprenant  une «  Silicon Valley Tunisienne », une usine de construction et de réparation d’avions, un campus universitaire dédié à l’enseignement à distance, des studios de tournage, ainsi que des logements avec une vue imprenable sur le lac.

Ce projet ambitieux vise à faire de Tunis un pôle d’innovation, de développement technologique et de création culturelle majeur dans la région.

De plus, la valeur foncière générée par cette revitalisation pourrait potentiellement compenser les coûts de construction du nouveau port et de l’aéroport, contribuant ainsi à la viabilité économique et à la durabilité financière de ces projets d’infrastructures cruciaux.

En choisissant de raviver l’éclat de la région de Bizerte à travers ces initiatives, la Tunisie se positionne comme un acteur clé dans la reconfiguration du paysage économique régional. C’est un pas audacieux vers un avenir radieux, où les promesses de la mer se marient avec les aspirations terrestres, créant ainsi un héritage durable pour les générations futures.

En effet, l’essor d’un port en eaux profondes à Bizerte et d’un nouvel aéroport à Utique ne se limite pas à ses retombées économiques immédiates. Il représente un symbole de résilience et d’aspiration pour une nation qui cherche à réaffirmer sa place dans le panorama mondial.

L’histoire de Bizerte, imprégnée de siècles de commerce et de culture, se trouve désormais à un tournant décisif.

La revitalisation de cette région emblématique ne consiste pas à construire des infrastructures modernes, mais à renouer avec un héritage ancestral de connectivité et d’échange.

Bizerte, avec ses ruelles sinueuses, son fameux pont et son port animé, incarne l’esprit d’une nation tournée vers l’avenir tout en honorant son passé.

Le projet d’un port et d’un nouvel aéroport devrait être perçu comme bien plus qu’un simple investissement économique. C’est un catalyseur de transformation sociale et culturelle, offrant des opportunités sans précédent pour les habitants de la région et au-delà. En revitalisant la région de Bizerte, la Tunisie s’engage dans un voyage de redécouverte et de réinvention, où les promesses de prospérité se mêlent à un profond respect pour l’histoire et la diversité de la région.

En embrassant cette vision audacieuse, la Tunisie trace la voie vers un avenir radieux où l’innovation, la durabilité et l’inclusivité sont au cœur du progrès.

 

 

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Pour une réforme audacieuse du football tunisien  

4 Février 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

Pour une réforme audacieuse du football tunisien  

 Pour une réforme audacieuse du football tunisien                                   

                                                                         

  Par

Jamel

BENJEMIA                               

                
                                

     

 

Le football tunisien, malgré une histoire riche et des moments de gloire, est confronté à des défis majeurs qui entravent sa compétitivité sur la scène internationale. La récente élimination précoce de l’équipe nationale au premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) a mis en lumière les lacunes persistantes dans l’organisation et la gestion du football tunisien. Cette élimination douloureuse a suscité des débats passionnés et a révélé la nécessité urgente d’une réforme complète pour revitaliser le football tunisien.

Ah, bien sûr, les critères de sélection des dirigeants ont évolué pour former un club fermé des copains et des coquins, où les mêmes personnes s’échangent les postes et les privilèges comme s’il s’agissait d’un jeu de chaises musicales.

Un autre défi majeur réside dans le processus de sélection des joueurs pour l’équipe nationale. Trop souvent, les critères de sélection sont influencés par des considérations non sportives telles que les relations personnelles ou les intérêts financiers. Cela a entraîné une instabilité dans l’équipe nationale qui a compromis sa capacité à rivaliser avec succès sur la scène internationale.

De plus, le manque de cohérence dans la condition physique des joueurs sélectionnés a souvent été un facteur limitant lors des compétitions internationales, compromettant ainsi les chances de succès de l’équipe.

Face à ces défis, il est impératif d’entreprendre une réforme globale du football tunisien. Cette réforme devrait viser à restructurer la gouvernance du football pour garantir une prise de décision lucide et transparente.

 

Restructuration de la gouvernance

La gouvernance du football en Tunisie est confrontée à des enjeux cruciaux qui entravent son efficacité et compromettent la compétitivité de l’équipe nationale. Pour remédier à ces problèmes, le Président doit avoir une expérience de gestionnaire (comptable, gérant d’une entreprise, PDG..) avec un casier judiciaire vierge.

Tous les membres du bureau fédéral, sont tenus de fournir une déclaration de leur patrimoine au début de leur mandat et à la fin de celui-ci.

De plus, le bureau fédéral doit être composé de 12 membres, dont un tiers est constitué d’anciens joueurs sélectionnés en équipe nationale. Il est également incompatible d’occuper la présidence d’un club avec la fonction de membre du bureau fédéral afin d’éviter les conflits d’intérêts.

Si le nombre de membres du bureau fédéral tombe en dessous de 7 en raison de démissions, le bureau est automatiquement dissous, entraînant l’organisation d’élections pour choisir un nouveau bureau.

Enfin, il est crucial de limiter les mandats au sein du bureau fédéral pour assurer une rotation et une diversité dans la gouvernance.

En résumé, une restructuration de la gouvernance du football tunisien est essentielle pour surmonter les défis actuels et restaurer le rayonnement de l’équipe nationale.

En clarifiant les rôles, en exigeant une expérience de gestionnaire pour le Président et en limitant les mandats, la fédération pourra mieux servir les intérêts du football tunisien et promouvoir son développement à long terme.  

 

Le choix de l’entraîneur national

Le choix de l’entraîneur national revêt une importance capitale pour l’équipe nationale, et il est crucial qu’il soit rigoureux et réfléchi.

Le vote des 2/3 du bureau fédéral (8 membres) pour le choix de l’entraîneur, sur proposition de la commission technique, est souhaitable.

Ce processus garantit une prise de décision obtenue avec un large consensus, ce qui est essentiel pour assurer la légitimité et la confiance dans le choix final.

En ce qui concerne les qualifications de l’entraîneur national, une expérience minimale dans l’entraînement d’un club professionnel doit être exigée.

Joachim Löw, l’ancien entraîneur de la « Nationalmannschaft » a initialement occupé le poste d’adjoint de Jürgen Klinsmann de 2004 à 2006,  avant de prendre en charge l’équipe nationale allemande. La passation du flambeau s’est effectuée dans la continuité du travail accompli, ce qui a permis une transition harmonieuse et une poursuite réussie de la vision et de la stratégie déjà établies par les autorités allemandes du football.

Sir Alex Ferguson, l’ancien entraineur de Manchester United disait :

« Un sélectionneur national est un poste qui correspond à quelqu’un de plus âgé et expérimenté ».

Cette exigence vise à garantir que l’entraineur national d’un pays possède les compétences et les connaissances nécessaires pour mener l’équipe nationale vers le succès sur la scène internationale.

 

Quant à l’adjoint de l’entraîneur national, c’est généralement un ancien joueur international. Ce choix vise à apporter une expertise supplémentaire sur le terrain et à fournir un mentorat précieux aux joueurs de l’équipe nationale.

Ma proposition de voir Riadh Bouazizi, le héros de la CAN 2004, comme adjoint du prochain entraîneur choisi, est une suggestion qui mérite d’être prise en considération. Avec sa riche expérience et son statut emblématique dans le football tunisien, Riadh Bouazizi apporterait une contribution précieuse au développement de l’équipe nationale.

Dans l’ensemble, le choix de l’entraîneur national est un processus complexe nécessitant une analyse minutieuse des qualifications, de l’expérience et de la compatibilité avec les objectifs de l’équipe nationale. En suivant ces critères, la fédération peut garantir une sélection judicieuse et efficace de l’entraîneur national, ce qui propulsera l’équipe nationale vers de nouveaux sommets de succès.

 

 

Critères de sélection et performance

Le processus de sélection des joueurs pour l’équipe nationale de football en Tunisie doit être revu et renforcé afin de garantir la compétitivité et la performance des joueurs sélectionnés.

Tout d’abord, il est impératif de mettre en place des critères stricts de sélection des joueurs pour l’équipe nationale, basés sur des performances mesurables et objectives. Ces critères devraient inclure des indicateurs tels que les statistiques de match, la forme physique, la discipline, et le comportement sur et en dehors du terrain. En se basant sur des critères objectifs, la sélection des joueurs sera plus transparente et équitable, garantissant que seuls les joueurs les plus qualifiés représentent l’équipe nationale.

De plus, il est essentiel d’exiger que les joueurs sélectionnés pour l’équipe nationale soient titulaires dans leurs équipes respectives afin de garantir une condition physique optimale, ainsi qu’une expérience de jeu régulière. Etre titulaire dans son équipe est un indicateur clair de la compétitivité et de la forme physique d’un joueur. Ce niveau d’exigence poussera les joueurs à plus de performance dans leurs clubs, ce qui bénéficiera à l’équipe nationale.

Bien que des circonstances exceptionnelles puissent parfois justifier la sélection d’un joueur qui n’est pas titulaire dans son club, ces exceptions ne doivent pas devenir la norme.

Limiter le nombre d’exceptions garantira que seuls les joueurs les plus qualifiés et les mieux préparés représentent l’équipe nationale, renforçant ainsi sa compétitivité et ses chances de succès.

Le talent d’un joueur ne garantit pas automatiquement sa sélection s’il ne s’inscrit pas dans le plan de jeu de l’équipe. Comme l’a démontré Aimé Jacquet, l’ancien entraîneur français, qui a fait le choix de titulariser Zidane au détriment d’Eric Cantona, et les résultats ont prouvé la pertinence de cette décision pour l’équipe de France.

Enfin, il est essentiel d’avoir un Président d’une fédération avec une vision stratégique  pour préparer toutes les classes de joueurs, assurant ainsi la pérennité de la performance et la continuité du travail accompli.

De plus, le choix de l’entraîneur national est crucial pour l’avenir du football tunisien. Il est impératif de sélectionner un entraîneur doté de l’expérience et de la sagesse nécessaires pour mener l’équipe nationale vers le succès.

En investissant dans la réhabilitation des infrastructures et dans la redynamisation des centres de formation dans toutes les régions du pays, nous garantissons non seulement la compétitivité immédiate, mais également la pérennité de nos succès futurs.

Cependant, la réussite de cette réforme dépendra de l’engagement et de la coopération de toutes les parties prenantes du football tunisien.

Le ministère des sports, les clubs, la fédération, les entraîneurs, les joueurs et les supporteurs doivent tous travailler ensemble pour mettre en œuvre ces changements et promouvoir une culture de la performance, de la responsabilité, de la transparence et de l’excellence dans le football tunisien.

En mettant en œuvre ces recommandations, la Tunisie peut non seulement retrouver sa position de force sur la scène continentale et internationale, mais aussi insuffler fierté et inspiration à toute la nation, tout en contribuant activement à la croissance et au développement durable du football dans le pays.

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