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Repenser l’action des institutions internationales?

28 Avril 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

Repenser l’action des institutions internationales?

     

  Par

Jamel

BENJEMIA                               

                                                                                               
                                     

                                 

 

 

L’action de la Banque Mondiale face aux enjeux complexes de développement économique, social et environnemental suscite à la fois l’intérêt et l’interrogation.

Les récentes annonces lors des « Réunions de Printemps » du 15 au 20 avril 2024, mettent en lumière un élan vers des objectifs ambitieux, mais soulèvent également des questions quant à leur pertinence et leur efficacité à long terme.

La Banque Mondiale, institution financière internationale fondée pour promouvoir le développement économique et réduire la pauvreté dans les pays en développement, se trouve aujourd’hui au cœur des débats cruciaux.

Son engagement à raccorder 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030 et à étendre les services de santé à 1.5 milliard de personnes témoigne de sa volonté d’avoir un impact significatif sur les conditions de vie des populations les plus vulnérables.

Ces initiatives sont présentées comme des preuves tangibles de progrès et de réforme au sein de l’institution.

Le Président du Groupe de la Banque Mondiale, Ajay Banga, insiste sur la nécessité de devenir une « Banque meilleure » et de porter des ambitions plus grandes pour répondre aux défis actuels.

Cependant, derrière cette rhétorique optimiste se cachent des questions vitales sur la faisabilité et la durabilité des projets.

D’une part, l’annonce de partenariats et de nouveaux outils de financement éveille l’espoir d’une mobilisation accrue des ressources pour faire face aux défis mondiaux.

Analyse des initiatives de la Banque Mondiale

Dans le récent ballet d’annonces de la Banque Mondiale, l’audace se mêle à une certaine opacité technocratique. À l’heure où les objectifs fleurissent telles des promesses de lendemains radieux, une réserve critique s’impose.

Les proclamations des « Réunions de Printemps », empreintes d’une ambition débordante, témoignent  d’une volonté farouche de la Banque Mondiale  de s’afficher en chevalier blanc du développement mondial.

Raccorder 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030, étendre les filets de la santé à 1.5 milliard d’âmes : voilà les prétentions épiques qui se dessinent.

Pourtant, derrière ce vernis d’optimisme, se dissimule une réalité complexe, trop souvent balayée d’un revers de main technocratique.

La place prépondérante accordée aux partenariats et aux financements sonne comme une ode à l’alliance des titans du monde économique.

Les contributions financières, tel un tribut au dieu « Monnaie », s’exhibent comme des trophées de la coopération internationale.

Pourtant, sous cette apparente générosité, la question de la pérennité et de la véritable utilité de ces financements plane telle une ombre persistante.

Enfin, l’analyse critique des projets dévoile les failles d’un système qui privilégie la technologie aux dépens de l’humain. Les aspirations louables se heurtent aux réalités complexes du terrain, où chaque communauté possède son propre récit, ses propres besoins.

Loin des bureaux feutrés où se concoctent les plans d’envergure, la voix des oubliés se perd parfois dans le tumulte des annonces grandiloquentes.

En somme, l’analyse des récentes initiatives de la Banque Mondiale réclame une prise de conscience nuancée. Si l’audace des ambitions peut susciter l’admiration, elle ne doit pas pour autant occulter les questionnements légitimes sur la véritable portée et l’impact réel de ces actions.

Une approche plus réceptive aux réalités locales, plus humaine et plus inclusive, doit être le chemin à suivre pour répondre aux défis complexes du développement mondial.

 

Critiques des approches

 Dans la danse trépidante des promesses et des ambitions, la Banque Mondiale se pare de l’habit chatoyant de bienfaiteur universel. Les chiffres résonnent comme autant de fanfares triomphales : raccorder 300 millions d’Africains à l’électricité d’ici 2030, une prouesse annoncée avec la superbe d’un défi relevé.

Pourtant, derrière cette façade de grandeur, se profile l’ombre pesante d’une réalité bien plus complexe.

La magie des statistiques dissimule souvent la froideur des réalités du terrain. Car sous les auspices de cette ambition démesurée, une dissonance discordante se fait entendre : l’actuel déficit, glaçant de son ampleur qui laisse près de 600 millions d’Africains plongés dans les ténèbres de l’obscurité.

Même si les plans ambitieux se concrétisent et parviennent à raccorder 300 millions de ces âmes à la lumière bienfaitrice de l’électricité, en 2030, il demeurera toujours 300 millions d’autres laissés pour compte, dans l’ombre cruelle de la déconnexion.

Au-delà des chiffres impressionnants, se pose une interrogation fondamentale quant à la viabilité à long terme de ces promesses.

Les projections financières et les plans opérationnels, telles des cartes dessinées sur du sable mouvant, doivent être scrutés avec la rigueur d’un évaluateur sceptique. Parfois, derrière l’apparente générosité des investissements se profile  le spectre redouté de l’endettement excessif et de la dépendance économique perpétuelle.

Enfin, l’efficacité des mécanismes de financements, telle une pièce de théâtre jouée sur une scène brumeuse, requiert une clarté d’action et de vision. Les partenariats annoncés, les fonds déployés, tous semblent vouloir écrire une épopée de coopération et de progrès. Mais dans l’ombre, des questions persistent sur la durabilité réelle de ces financements et leur impact concret sur le terrain, là où se joue le véritable drame humain.

Haro sur la pauvreté et la règle des 50%

Dans les coulisses feutrées du FMI et de la Banque Mondiale, une règle tacite semble dicter les chiffres et les destinées : la règle des 50%.

Un exemple saisissant de cette pratique est la situation épineuse de la Tunisie, où les technocrates du FMI, agissant avec une certaine rigueur déconcertante, offrent une proposition de financement à hauteur de seulement 50% des besoins estimés, soit 2 milliards de dollars sur 4 milliards nécessaires. Cette situation dessine un scénario kafkaïen où les conditions imposées semblent tisser une toile inextricable, étouffant les espoirs tunisiens dans un labyrinthe d’exigences et de contraintes qui ne sont pas acceptables pour la souveraineté nationale.

Pendant ce temps, du côté de la Banque Mondiale, une autre manifestation de cette règle des 50% se profile dans le défi monumental de l’accès à l’électricité en Afrique.

Face aux ténèbres qui engloutissent près de 600 millions d’âmes, les technocrates proposent timidement de n’éclairer que la moitié d’ici 2030. Comme si le reste de la population pouvait se satisfaire de demeurer dans les ombres éternelles, laissées pour compte dans les méandres des politiques énergétiques.

Il est grand temps que les institutions internationales abandonnent les calculs mesquins et les compromis tièdes pour embrasser une vision plus audacieuse et solidaire.

Il est impératif de transcender les limitations de la règle des 50% pour œuvrer véritablement en faveur d’un avenir lumineux pour tous.

Une vérité émerge des ténèbres des conflits et des rivalités : la guerre la plus noble, la plus urgente est celle qui sévit dans les recoins obscurs de la pauvreté.

Les grands de ce monde devraient détourner leurs regards des champs de bataille pour se tourner vers les champs de misère, où des millions d’êtres humains luttent chaque jour contre les assauts implacables de la faim, de la maladie et du désespoir.

La véritable grandeur réside dans la lutte contre les injustices qui écrasent les plus vulnérables, dans la mobilisation des ressources et des intelligences pour éradiquer les fléaux qui minent l’humanité.

C’est là, dans cette bataille contre la pauvreté, que se joue l’avenir de notre monde, où chaque acte de générosité, chaque geste de solidarité, est une victoire remportée sur l’indifférence et l’apathie.

Que les dirigeants de ce monde entendent cet appel, qu’ils cessent leurs querelles fratricides et unissent leurs forces pour combattre l’ennemi commun, celui qui ne reconnaît ni frontières ni drapeaux : la pauvreté. Car c’est dans cette lutte, plus que toute autre, que se trouve la véritable essence de la grandeur humaine.

Dans les annales de l’humanité, la guerre contre la pauvreté s’inscrit en lettres d’or, non comme un affrontement de flammes et d’acier, mais comme une bataille d’âmes et de consciences. C’est une lutte où chaque victoire éclaire un nouveau chemin vers l’espoir, où chaque générosité tissée devient un bouclier contre les ténèbres de l’indifférence.

Dans cette épopée de solidarité, chaque cœur rallié à la cause devient une arme puissante, prête à terrasser le géant de l’adversité. Car dans la guerre contre la pauvreté, chaque bataille gagnée est un pas vers un monde plus juste, plus digne, où la victoire résonne dans le silence des sourires retrouvés et des destins reconstruits.

 

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Tunisie-Algérie-Libye : Union concrète pour faire face aux défis en tous genres.

27 Avril 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

Tunisie-Algérie-Libye :

Union concrète pour faire face aux défis en tous genres.

     

    Par Jamel

BENJEMIA                               

                                                                                               
                                               

                       

 

 

L’élan vers une  union régionale brûlait intensément dans le cœur de nombreux nationalistes arabes, amplifié par l’influence et le charisme du Président Nasser dans la mémoire collective de la rue arabe.

En 1961, plusieurs nations étaient engagées dans le mouvement des non-alignés, incarné par des leaders tels que Sukarno, Bourguiba, Nasser, et Tito.

Leur objectif était de rester à l’écart des alliances militaires et blocs d’influence, afin de préserver leur souveraineté et leur liberté d’action sur la scène internationale.

Cette aspiration fervente soutenait une quête profonde d’identité partagée, de dignité et d’indépendance.

Cette vision enracinée dans l’histoire, la culture et les liens étroits entre les peuples du Maghreb, embrassait l’idéal d’une union entre l’Algérie, la Tunisie, la Libye, le Maroc et la Mauritanie.

Cependant, malgré ces aspirations partagées, concrétiser cette union régionale s’est avérée être un défi monumental, entravé par des obstacles politiques, historiques et géopolitiques. En 1989, naquit l’Union du Maghreb Arabe (UMA)  dans l’espoir de donner corps à cette vision d’intégration régionale. Pourtant, plus de trois décennies après sa création, l’UMA peine à décoller, demeurant  largement inefficace et incapable de surmonter les divergences politiques entre ses membres, en particulier en raison du conflit persistant autour du Sahara Occidental.

Dans cette impasse, une nouvelle initiative émerge actuellement, portée par l’Algérie, la Tunisie et la Libye, visant à raviver l’idéal d’une union en Afrique du Nord à travers un cadre de coopération trilatéral.

Cette initiative prend place dans un contexte régional marqué par une multitude de défis, notamment sur le plan économique, sécuritaire et migratoire.

Son objectif  est de dynamiser la coopération régionale et de forger un ensemble régional plus solide, capable de relever collectivement et d’une manière coordonnée ces défis.

Cette nouvelle entité en gestation incarne ainsi un espoir renouvelé pour l’intégration et la coopération en Afrique du Nord, témoignant de la volonté des pays membres de transcender les différends passés et de s’engager dans une voie de collaboration mutuellement bénéfique.

Toutefois, son succès dépendra de la capacité des dirigeants à surmonter les obstacles historiques et politiques qui ont entravé les initiatives précédentes.

Cette entité ne nourrit aucune hostilité, demeure ouverte, mais aspire à affirmer une charte de valeurs et des principes inaliénables, mobilisant ainsi un large soutien populaire et intégrant  efficacement les différentes dimensions économiques, sécuritaires et socioculturelles de la région.

L’émergence de l’Union de l’Afrique du Nord

L’essor de l’Union de l’Afrique du Nord découle de motivations multiples. Tout d’abord, elle répond aux lacunes et aux impasses de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), qui n’a pas pu pleinement réaliser  son potentiel en raison  des divergences persistantes, notamment autour du Sahara Occidental.

En outre, les leaders des nations membres reconnaissent l’urgence de renforcer la coopération régionale pour affronter ensemble des défis communs, tels que la  sécurité, l’économie et la gestion des flux migratoires.

Cette nouvelle entité trilatérale émerge dans un contexte régional en pleine mutation, marqué par des bouleversements géopolitiques et socio-économiques significatifs. Les tensions sécuritaires croissantes, notamment aux frontières méridionales du Maghreb, et les défis économiques liés à la transition énergétique et à la diversification des économies, incitent les nations de la région à rechercher des solutions conjointes.

En outre, la crise migratoire qui sévit en Méditerranée et en Europe souligne l’impératif d’une coopération régionale renforcée pour gérer les flux migratoires et préserver la stabilité dans la région.

Les acteurs clés de cette initiative, à savoir l’Algérie, la Tunisie et la Libye, partagent une histoire commune et des intérêts stratégiques convergents.

Ils reconnaissent l’importance cruciale de travailler main dans la main pour promouvoir la stabilité et le développement économique, conscients que leur sécurité et leur bien-être sont indissociables.

Enfin, cette initiative aspire à amplifier la voix collective de l’Afrique du Nord sur la scène mondiale. Unis, les pays membres ambitionnent de peser davantage dans les négociations avec l’Union Européenne, défendant ainsi de manière plus efficace  leurs intérêts communs.

 

Les défis et les obstacles à surmonter

L’histoire complexe et les divergences politiques entre les nations membres représentent une épreuve majeure.

Chacun de ces pays possède ses propres intérêts nationaux,  alliances régionales et priorités politiques, engendrant ainsi des divergences d’opinions et de stratégies au sein de l’Union.

Toutefois, la volonté politique palpable laisse entrevoir la possibilité de surmonter ces différences et de parvenir à un consensus sur les questions essentielles.

La complémentarité économique, notamment dans le domaine de l’énergie et les perspectives prometteuses de production solaire, constitue un aout de taille pour cette union.

De même, la coopération en matière de sécurité s’avérera indispensable pour protéger les frontières, prévenir les conflits et lutter contre les fléaux du trafic d’êtres humains.

Malgré les défis rencontrés, l’Union représente une occasion unique de renforcer la coopération régionale, de promouvoir la paix, de résoudre les conflits, notamment en Libye, et d’instaurer la prospérité  et la stabilité dans l’ensemble de la région.

Cette union  incarne un espoir renouvelé pour la région, offrant  ainsi la possibilité de transcender les divisions du passé et de bâtir un avenir plus prometteur et intégré pour tous ses habitants.

 Portée par l’Algérie, la Tunisie et la Libye, cette initiative témoigne de la volonté des pays membres de collaborer pour relever les défis communs.

Malgré les embûches, des progrès significatifs ont déjà été réalisés dans la concrétisation de cette vision, comme en atteste la tenue de la première réunion en Tunisie, symbole fort de l’enracinement de cette union dans des liens de fraternité et d’une vision partagée.

En unissant leurs forces et en coordonnant leurs politiques étrangères, les pays membres peuvent défendre leurs intérêts communs, promouvoir la paix et la sécurité dans la région et contribuer de manière significative aux efforts de développement et de coopération internationale.

En définitive, l’Union de l’Afrique du Nord représente un pas décisif  vers un avenir plus radieux  et plus intégré pour la région.

En surmontant les défis et en saisissant les opportunités qui se présentent, les pays membres peuvent œuvrer  ensemble à l’édification d’un  avenir meilleur pour tous les habitants de l’Afrique du Nord.

L’Union de l’Afrique du Nord se profile comme l’horizon tant espéré, un eldorado où s’épanouissent les rêves de cohésion et de grandeur.

Elle se dresse tel un phare sur la mer des possibles, offrant un espoir aux aspirations de tout un continent.

Cette alliance, tissée dans les fibres de l’histoire et du destin, ne saurait se laisser entraver par les frontières de l’identité, mais embrasse plutôt la diversité comme une richesse à célébrer.

En unissant les voix et les esprits, elle déploie ses ailes vers un avenir de lumière et d’harmonie, illuminant le chemin vers un horizon où se mêlent les parfums de l’Orient et de l’Occident, où les horizons se fondent dans un éclat d’unité.

Dans l’essence et la forme de cette union, se dessine une mélodie envoûtante, où les courants de l’histoire se mêlent aux échos de l’avenir.

Tel un pont entre les continents, elle tisse ses câbles dans les brumes de l’horizon, reliant les rives de l’Europe et les terres fertiles de l’Afrique.

Que cette passerelle entre l’Europe et l’Afrique se dresse comme une symphonie de paix et de prospérité, où chaque note résonne en harmonie avec les aspirations profondes des peuples.

Que les vents du changement soufflent en douceur sur ses arcades, portant les promesses d’un avenir radieux et partagé.

À l’Europe, nous disons : que cette alliance se construise dans un élan de fraternité, où les rêves des Africains, tant du Nord que du Sud, se matérialisent dans les fruits du développement économique durable.

Que chaque pierre posée soit un pas de plus vers un continent où vivre et travailler deviennent une réalité éclatante, nourrie par l’espoir et la solidarité. 

 

Tunisie-Algérie-Libye : Union concrète pour faire face aux défis en tous genres.
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Montée de l’or : présage de prospérité ou tumulte financier ?

21 Avril 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 Montée de l’or : présage de prospérité ou tumulte financier ?                                    

                                                                         

 Par                         

Jamel

BENJEMIA                               

                
                                     

 

L’or, depuis des millénaires, a captivé l’humanité, tant par sa beauté que par sa valeur intrinsèque. Considéré comme un symbole de richesse et de pouvoir, ce métal précieux a traversé les époques, préservant sa place de choix dans l’économie mondiale et dans l’imaginaire collectif. Cependant, son attrait va bien au-delà de sa brillance et de son éclat ; il réside dans sa capacité à agir comme un refuge en période d’incertitude.

Aujourd’hui, alors que le monde est confronté à une multitude de défis économiques, politiques et géopolitiques, l’or retrouve une fois de plus son rôle de protecteur de richesse. Les tensions croissantes au Moyen-Orient et le conflit en Ukraine ne font qu’amplifier cette tendance, poussant les investisseurs à se tourner vers cet actif traditionnel en quête de sécurité et de stabilité.

Mais derrière cette montée de l’or se pose une question essentielle : est-ce un présage de prospérité ou de tumulte financier ? En d’autres termes, l’engouement pour l’or reflète-t-il un optimisme prudent quant à l’avenir économique, ou bien annonce-t-il des temps difficiles à venir ?

En nous appuyant sur des données historiques, des analyses d’experts et des tendances actuelles, nous tenterons de répondre à cette question centrale et d’apporter un éclairage sur le rôle de l’or dans le paysage financier mondial contemporain.

 

Facteurs économiques et politiques

En période d’incertitude économique, les investisseurs cherchent des actifs stables et sûrs pour protéger leur richesse, et l’or a longtemps été considéré comme le refuge ultime dans de telles circonstances.

Sa valeur intrinsèque et son statut de réserve de richesse ont été renforcés au fil du temps par sa capacité à se prémunir contre l’inflation.

Lorsque les prix augmentent, l’or maintient généralement sa valeur, préservant ainsi le pouvoir d’achat des investisseurs dans des conditions inflationnistes.

Sur le plan politique, les tensions géopolitiques et les crises internationales peuvent également stimuler la demande d’or en tant que valeur refuge.

Les récentes tensions au Moyen Orient et le conflit en Ukraine ont amplifié cette tendance, alimentant une augmentation de la demande d’or comme actif de refuge.

En résumé, les facteurs économiques et politiques jouent un rôle majeur dans la montée de l’or.

 

Analyse des périodes d’incertitude et de crise

Dans les périodes agitées de crises économiques et de tensions géopolitiques, l’or émerge comme un pivot de stabilité, attirant les investisseurs en quête de sécurité.

Son histoire regorge d’exemples où sa valeur inébranlable a préservé la richesse des investisseurs, même lors des crises financières les plus graves, comme celle 2008 et la récente pandémie de COVID-19 en 2020.

Une étude pionnière menée par Virginie Coudert et Hélène Raymond en 2012, intitulée « L’or est-il une valeur refuge pendant les récessions et les crises boursières ? » a exploré en profondeur la relation entre l’or et la stabilité économique.

En utilisant le modèle « ARMA-GARCH-X », les chercheurs ont examiné les covariances conditionnelles entre l’or et les actions, révélant ainsi son rôle de refuge pendant les périodes de crise.

Les conclusions de cette étude mettent en lumière trois observations clés : premièrement, la covariance entre l’or et les actions diminue en moyenne pendant les périodes de crise, indépendamment qu’il s’agisse de récessions ou de marchés baissiers. Deuxièmement, pendant ces périodes tumultueuses, l’or affiche une covariance négative ou neutre avec les actions, ce qui suggère son rôle relatif de refuge.

Enfin, l’or peut servir efficacement de couverture pour les détenteurs d’actions dans la plupart des cas, bien que son efficacité puisse fluctuer selon les contextes nationaux.

En résumé, malgré ses rendements historiquement modérés, l’or demeure, un instrument précieux pour diversifier les portefeuilles d’actions, surtout en période de crise.

 

Perspectives pour l’avenir de l’or

En scrutant l’horizon économique, l’or persiste dans son rôle majeur de refuge et de gardien de la richesse, mais son avenir est soumis à une mosaïque de variables à considérer attentivement.

D’abord, les prévisions des analystes sur les marchés de l’or varient selon une multitude de facteurs : l’évolution de l’économie mondiale, les décisions des banques centrales et les soubresauts des marchés financiers.

Les prévisions audacieuses de JPMorgan, envisageant une once d’or à 2300 dollars en 2024 ou un lingot d’un kilogramme à 74000 dollars, ont été franchies le 4 Avril 2024, et les experts de JPMorgan tablent maintenant sur une once d’or à 2500 dollars.

Pourtant, les perspectives divergent parmi les investisseurs. Certains voient dans l’or un abri stable contre l’inflation et les tourments financiers, tandis que d’autres pointent du doigt les défis liés à la possession d’actifs non productifs et la volatilité des prix de l’or.

Si certains resteront fidèles à l’or comme balise de sécurité et rempart contre les risques, d’autres pourraient s’aventurer vers des alternatives d’investissement promettant des rendements plus lucratifs dans un climat économique instable.

Dans cette quête pour comprendre le rôle de l’or dans l’économie et les marchés financiers, nous avons navigué à travers les méandres de l’incertitude et de la spéculation. À travers l’objectif aiguisé du modèle « ARMA-GARCH-X » et les projections audacieuses de JPMorgan, nous avons dévoilé un tableau captivant de la nature changeante de cet actif précieux.

L’or, tel un astre céleste dans le firmament des marchés, brille de sa propre lumière en période de tourmente. Les résultats de notre étude révèlent son rôle indéniable en tant que phare de stabilité dans les tempêtes financières, offrant refuge et protection dans un océan tumultueux d’incertitude.

Les prévisions de JPMorgan, telles des cartes dessinées par un navigateur chevronné, tracent une route vers des horizons encore inexplorés.

Dans cette quête de vérité financière, nous avons découvert que l’or est bien plus qu’un métal précieux. C’est un symbole de résilience, de stabilité et d’espérance dans un monde en perpétuelle évolution.

Que l’on contemple les étoiles scintillantes dans un ciel nocturne ou les chiffres dansants sur les écrans boursiers, l’or demeure un pilier solide dans le tumulte des marchés, offrant aux chercheurs de fortune un refuge dans la tempête et une promesse de lumière dans les ténèbres de l’incertitude financière.

Ainsi, l’or continue son périple dans les marécages de la finance mondiale, offrant à la fois une ancre de stabilité virtuelle pour certains et une source de débat pour les investisseurs avisés.

La fin de la convertibilité du dollar en or, décidée par l’administration Nixon en 1971, a été une occasion décisive dans l’histoire financière mondiale.

Pour la petite histoire, Richard Nixon était membre de la délégation américaine, sous la direction du Sous-Secrétaire au Trésor des États-Unis, Harry Dexter White, lors des accords de Bretton Woods en 1944. Parallèlement, la délégation britannique était conduite par le célèbre économiste John Maynard Keynes.

 La fin de la convertibilité a affaibli l’or en tant que référence monétaire, car elle a mis fin au système de Bretton Woods, dans lequel les monnaies étaient liées à une quantité fixe d’or.

Cette décision a conduit à une plus grande flexibilité des politiques monétaires des banques centrales et a ouvert la voie à un système monétaire plus flexible et des taux de change flottants.

Dans cet environnement économique plus instable, l’or a repris naturellement sa place de valeur refuge, car « la nature a horreur du vide », et la réalité s’adapte plus vite aux « forces invisibles des marchés ».

L’or est un trésor précieux qui ne perd jamais de sa valeur et de sa splendeur, illuminant ainsi le chemin des investisseurs avec son éclat intemporel dans les temps de prospérité comme dans les tourments financiers.

Cependant, comme le souligne Warren Buffet plus connu sous le nom d’« Oracle d’Omaha » pour ses prévisions souvent précises sur les marchés financiers, il est important de reconnaître que l’or reste un investissement non productif, contrairement à d’autres actifs tels que l’immobilier ou les actions, qui ont le potentiel de générer des revenus sur le long terme.

 Montée de l’or : présage de prospérité ou tumulte financier ?
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L’érosion côtière au Maghreb : une impérieuse nécessité d’action

14 Avril 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 L’érosion côtière au Maghreb :

une impérieuse nécessité d’action                                                  

Par Jamel

BENJEMIA                                                 
                                                                      

Le littoral maghrébin, riche en diversité écologique et culturelle, représente une ressource vitale pour les pays de la région. Non seulement il abrite une biodiversité exceptionnelle, inscrite parmi les 25 principales zones critiques de biodiversité au monde, mais il constitue également un moteur économique majeur.

Les activités liées à l’économie bleue, telles que le tourisme et la pêche, jouent     un rôle significatif dans le PIB et assurent des moyens de subsistance à des millions de personnes dans les pays maghrébins. En effet, le littoral est le lieu de vie et de travail de la majorité de la population de la région, soulignant ainsi son importance sociale et économique indéniable.

Cependant, malgré son importance cruciale, le littoral maghrébin est confronté à une menace croissante : l’érosion côtière. Cette érosion, exacerbée par des facteurs anthropiques tels que l’extraction du sable, le développement non durable des infrastructures côtières, et même la pratique persistante du déversement des eaux usées dans certaines régions, met en péril les écosystèmes côtiers ainsi que les moyens de subsistance des populations locales. Face à cette menace grandissante, il est impératif d’agir rapidement et efficacement pour préserver la santé et la vitalité du littoral maghrébin.

Causes et conséquences de l’érosion

Les causes et les conséquences de l’érosion côtière au Maghreb sont multifactorielles et ont des répercussions significatives sur les écosystèmes côtiers et les populations locales.

D’une part les pressions anthropiques jouent un rôle majeur dans l’aggravation de l’érosion côtière dans le Maghreb.

Dans une danse implacable, l’extraction excessive de sable, souvent destinée à la construction, dérobe aux rivages leur précieuse source de régénération, les condamnant ainsi à une disparition lente mais inexorable. Parallèlement, le développement anarchique des infrastructures côtières (paillotes, digues, routes, extensions hôtelières…), perturbe le ballet millénaire des sédiments, accentuant davantage l’étreinte de l’érosion. Sous le regard impassible des barrages érigés le long des fleuves intérieurs, le flux vital des sédiments vers le littoral est entravé, privant les plages de leur capacité régénératrice. Et tel un sombre écho, les eaux usées, abandonnées sans remords dans certaines régions, viennent alourdir le fardeau de l’érosion côtière, souillant irrémédiablement ces rivages jadis immaculés.

D’autres part, les conséquences de l’érosion côtière sont multiples et touchent à la fois les écosystèmes et les communautés humaines.

Sur le plan écologique, l’érosion côtière entraîne la perte d’habitats naturels essentiels tels que les dunes, les mangroves et les récifs coralliens, affectant ainsi la biodiversité marine et terrestre.

De plus, la diminution des plages expose les terres intérieures aux risques d’inondation et de submersion, menaçant les infrastructures côtières et les habitations situées à proximité.

Sur le plan socio-économique, l’érosion côtière menace les moyens de subsistance des populations locales dépendantes de l’économie bleue, tels que les pêcheurs et les travailleurs du secteur touristique, en réduisant les ressources disponibles et en provoquant une perte de revenus.

Les pouvoirs publics doivent prendre des mesures urgentes pour atténuer ces pressions et mettre en place des stratégies de gestion intégrée des zones côtières afin de préserver la santé et la résilience du littoral maghrébin.  

 Analyses des données et constats

L’analyse des données et des constats sur l’érosion côtière au Maghreb permet de comprendre l’ampleur du phénomène et ses implications à long terme pour la région.

Une étude menée par des chercheurs en collaboration avec des organisations telles que le Centre National d’Océanographie (NOC) au Royaume Uni et l’Agence Spatiale Européenne (ESA) a permis d’obtenir des données précises sur l’évolution du littoral maghrébin. Ces données ont révélé que l’érosion côtière progresse à un rythme alarmant dans la région, dépassant largement la moyenne mondiale.

Tel un vieux conte dont les pages se tournent au fil des ans, le littoral maghrébin a vu ses rivages reculer, inexorablement grignotés par les flots insatiables. Entre les années 1984 et 2016, chaque année, il perdait en moyenne 15 centimètres de sa précieuse étendue, un rythme effréné qui dépasse de loin le modeste avancement de 7 centimètres par an observé à l’échelle mondiale. C’est ainsi que, sous le poids des marées implacables, se jouait le drame silencieux de la disparition progressive de ces terres baignées par les eaux bleues de la mer Méditerranée et de l’océan Atlantique.

Ce rythme d’érosion est particulièrement prononcé en Tunisie, où le littoral recule de près de 70 centimètres par an en moyenne, suivi de la Libye avec 28 centimètres par an.

Au Maroc, le recul est également significatif, atteignant 12 centimètres par an sur la façade atlantique et 14 centimètres par an sur la côte méditerranéenne.

Cette analyse met en lumière les zones les plus touchées par l’érosion côtière, identifiant des « points chauds » où le recul du littoral est particulièrement rapide.

Ces constats soulignent l’urgence d’agir pour protéger ces zones vulnérables et prévenir une détérioration encore plus importante des écosystèmes côtiers.

En outre, l’étude a permis d’estimer les coûts économiques annuels associés à l’érosion côtière dans la région. Les pertes de terres et d’infrastructures représentent environ 2.8% du PIB en Tunisie, 0.7% en Libye, 0.4% au Maroc et 0.2% en Algérie.

Ces coûts ne prennent cependant pas en compte d’autres facteurs économiques importants, tels que la diminution des revenus issus du tourisme ou de la pêche, ce qui suggère que le véritable impact économique de l’érosion côtière pourrait être beaucoup plus important.

Mesures de lutte contre l’érosion côtière

Pour lutter contre l’érosion côtière au Maghreb, des mesures concrètes doivent être mises en place, combinant des approches basées sur la nature et des interventions d’ingénierie.

La gestion durable des côtes nécessite la mise en œuvre de programmes de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC), impliquant la coordination entre différents acteurs pour planifier et mettre en œuvre des stratégies de préservation du littoral. Dans le cadre de ces programmes, les solutions basées sur la nature sont privilégiées, telles que la stabilisation des dunes par la plantation de végétation native et la réhabilitation des récifs coralliens.

Parallèlement, des mesures d’ingénierie dites « douces » peuvent être mises en œuvre, telles que le rechargement des plages et l’installation de brise-vent.

Enfin, la lutte contre l’érosion côtière nécessite également des mesures de gestion des ressources naturelles, telles que l’interdiction de l’extraction illégale du sable et le déversement des eaux usées, ainsi que la rénovation des barrages sur les fleuves à l’intérieur des terres.

Recommandations et perspectives futures

Les recommandations et perspectives futures pour lutter contre l’érosion côtière au Maghreb sont essentielles pour assurer la durabilité et la résilience des écosystèmes côtiers ainsi que la protection des populations locales.

Tout d’abord, il est important que les États du Maghreb renforcent leur préparation et leur capacité à faire face aux effets néfastes de l’érosion côtière. Cela passe par la mise en œuvre de politiques et de réglementations robustes visant à limiter les activités anthropiques qui contribuent à l’érosion côtière.

L’érosion côtière au Maghreb représente un défi majeur qui nécessite une action immédiate et coordonnée.

Ce phénomène menace la biodiversité, l’économie et les communautés locales de la région, mettant en péril les moyens de subsistance et la sécurité des populations vivant le long du littoral.

Cependant, malgré les défis posés par l’érosion côtière, il existe des solutions potentielles qui peuvent atténuer son impact et promouvoir un développement durable des zones côtières.

La mise en œuvre de programmes de gestion intégrée des zones côtières, combinée à des mesures de protection naturelles et à des interventions d’ingénierie, peut contribuer à renforcer la résilience des écosystèmes côtiers et à préserver les communautés qui en dépendent.

En outre, la coopération régionale et internationale est essentielle pour aborder efficacement le problème de l’érosion côtière.

Les États du Maghreb devraient collaborer avec d’autres pays riverains de la Méditerranée ainsi qu’avec des organisations internationales telles la Banque mondiale et l’Union Européenne pour partager des connaissances, des ressources et des meilleures pratiques en matière de gestion intégrée des zones côtières.

Enfin, il est important d’adopter une approche adaptative et évolutive dans la gestion de l’érosion côtière, en tenant compte des changements environnementaux et socio-économiques à long terme.

En agissant de manière proactive et en mettant en œuvre des solutions durables, les États du Maghreb peuvent protéger leurs littoraux et assurer un avenir viable pour les générations futures.

 

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 « La construction sociale de la réalité » : miroir ou sculptrice de notre conscience collective ?                                                 

7 Avril 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 

 « La construction sociale de la réalité » : miroir ou sculptrice de notre conscience collective ?                                                 

Par

 Jamel

 BENJEMIA

                                                                
                                                                      

 

Dans le domaine de la sociologie, certaines œuvres se distinguent par leur capacité à transformer radicalement notre compréhension de la société. Parmi ces ouvrages, « La construction sociale de la réalité », le livre écrit par Peter L. Berger et Thomas Luckmann, occupe une place prépondérante dans l’imaginaire collectif des sociologues et des chercheurs en sciences sociales.

Publié en 1966 aux Etats Unis et traduit en français vingt ans après, cet ouvrage a révolutionné le champ de la sociologie en proposant une approche novatrice de la manière dont la réalité est perçue et interprétée au sein des sociétés humaines.

L’œuvre  de Berger et Luckmann marque un tournant dans la discipline sociologique en dépassant les limites des paradigmes traditionnels pour offrir « une théorie générale de la société ».

Leur démarche théorique vise à dépasser les oppositions en sciences sociales, telles que « individu/collectif, idéal/matériel, objectif/subjectif », en mettant en lumière le rôle central des interactions sociales dans la construction de la réalité.

Principes de « La construction sociale de la réalité »

Les principes de « La construction sociale de la réalité » reposent sur une vision moderne de la manière dont les individus et les sociétés humaines interagissent pour donner forme à ce que nous percevons comme étant la réalité.

Berger et Luckmann proposent une analyse profonde des processus par lesquels la réalité est socialement construite, remettant en question les conceptions traditionnelles qui attribuent à la réalité une existence indépendante des êtres humains.

Au cœur de cette perspective se trouve la reconnaissance que la réalité n’est pas une donnée  objective et immuable, mais plutôt le résultat d’une construction sociale continue, façonnée par les interactions entre individus et institutions de la société.

Berger et luckmann affirment que la réalité est socialement construite à travers un processus complexe de « typification, d’institutionnalisation et d’objectivation ».

Le processus de « typification » consiste à catégoriser et à classer les expériences et les phénomènes en fonction de schémas de compréhension préexistants.

Ces « typifications » sont ensuite institutionnalisées à travers des pratiques sociales, des normes et des institutions qui contribuent à leur reproduction et à leur transmission dans la société.

Un exemple éclairant est celui où un syndicat proclame : « cette réforme est une ligne rouge », illustrant comment une « typification » peut cristalliser une position ou une limite à ne pas franchir.

Enfin, les « typifications institutionnalisées » sont objectivées, c'est-à-dire qu’elles acquièrent une existence indépendante et semblent exister en dehors des individus qui les ont créées.

Ces constructions sociales sont façonnées par des processus historiques, culturels et politiques, et peuvent varier d’une société à l’autre.

Berger et Luckmann insistent sur le rôle central des interactions sociales dans la construction de la réalité. Les individus participent activement à ce processus à travers leurs interactions quotidiennes, leurs pratiques culturelles et leurs institutions sociales.

Cependant, ils soulignent également que la réalité sociale n’est pas entièrement subjective, mais plutôt le produit de schémas de compréhension partagés et de structures sociales qui transcendent les expériences individuelles.

 Applications de la théorie dans la société moderne  

Dans l’univers dynamique de la société moderne, la théorie de « La construction sociale de la réalité » émerge tel un phare, illuminant les contours changeants des phénomènes sociaux contemporains. Tel un habile tisserand, elle dévoile comment les interactions humaines, les normes culturelles et les institutions convergent pour façonner notre perception de la réalité, insufflant ainsi vie et signification à nos actions individuelles et collectives.

Pourtant, il est important de se rappeler que lorsque Berger et Luckmann ont formulé leur théorie en 1966, l’Internet et les médias sociaux n’étaient que des concepts lointains, absents de notre réalité quotidienne. À l’époque, les médias traditionnels exerçaient une influence prédominante dans la construction des cadres interprétatifs et dans la diffusion des discours politiques et culturels.

Cependant, depuis lors, le paysage médiatique a subi une transformation radicale avec l’avènement de l’Internet et des médias sociaux. Ces plateformes numériques sont devenues des piliers incontournables de notre réalité partagée, façonnant nos perceptions et nos interactions de manière profonde et étendue.

Dans l’arène politique, les médias sociaux ont émergé comme des forces puissantes, capables d’amplifier et de déformer les idéologies politiques à une échelle jamais vue auparavant. Les récits politiques se propagent à une vitesse vertigineuse sur ces plateformes, influençant l’opinion publique et redéfinissant les dynamiques du pouvoir.

De même, dans le paysage culturel contemporain, les médias sociaux jouent un rôle déterminant dans la transmission des normes, des valeurs et des identités sociales.

Des vidéos virales aux discussions en ligne, ils façonnent les tendances culturelles et contribuent à la construction de l’imaginaire collectif, souvent de manière subtile et insidieuse.

Enfin, dans le dédale des identités sociales, les médias sociaux deviennent des arènes où se jouent des luttes incessantes pour la reconnaissance et la légitimité. Ils offrent des espaces de représentation et de visibilité, mais peuvent aussi perpétuer des stéréotypes et des préjugés, exacerbant ainsi les divisions au sein de la société.

En somme, si la théorie de « La construction sociale de la réalité » offre un cadre analytique puissant pour comprendre les dynamiques sociales contemporaines, elle doit être réévaluée à la lumière du rôle croissant des médias sociaux dans notre société moderne.

Ces plateformes numériques, dont le poids est devenu prépondérant, méritent une place centrale dans nos réflexions sociologiques pour appréhender la complexité de notre réalité collective.

Au cœur de cette perspective réside la reconnaissance de l’importance des interactions sociales, des institutions et des représentations symboliques dans la construction de la réalité sociale.

En comprenant comment ces éléments entrelacés influencent notre perception de la réalité et façonnent nos comportements individuels et collectifs, nous sommes mieux équipés pour naviguer dans le labyrinthe de la société moderne.

Rousseau, Ibn Khaldoun face à Berger et Luckmann

Tant la théorie de « La construction sociale de la réalité » que les réflexions du philosophe Rousseau convergent vers une vision commune de la réalité sociale comme le fruit des interactions humaines, des institutions et des représentations symboliques. Cette interconnexion complexe entre les individus et leur environnement social façonne notre perception de la réalité et influence nos comportements individuels et collectifs au sein de la société moderne.

Cependant, où la théorie de « La construction sociale de la réalité » insiste sur l’importance du pacte social en tant que fondement vital de la paix sociale et la cohésion communautaire, Rousseau va plus loin en conceptualisant le pacte social comme un édifice complexe, érigeant les bases politiques et sociales des sentiments humains.

Pour lui, ce pacte n’est pas simplement un contrat abstrait, mais une création collective visant à forger et à renforcer les liens sociaux et affectifs entre les individus.

Ainsi, les deux approches mettent en lumière l’importance vitale de la dimension affective et politique dans la construction de la réalité sociale.

Alors que la théorie de «La construction sociale de la réalité » invite à réfléchir sur notre rôle en tant qu’acteurs sociaux dans la construction de la réalité, les réflexions de Rousseau soulignent l’importance de la dimension affective du lien qui unit les membres d’une communauté.

En fin de compte, ces perspectives complémentaires nous invitent à envisager la réalité sociale comme une pyramide complexe, façonnée par des interactions humaines, des institutions et des dynamiques affectives, et à reconnaître l’importance du pacte social comme fondement essentiel de notre existence collective.

En nous engageant dans un dialogue ouvert et respectueux avec les autres, nous pouvons contribuer à renforcer le pacte social et à promouvoir la paix sociale dans notre monde complexe et en mutation constante.

En adoptant une approche qui privilégie les faits sociaux et qui rejette le déterminisme rigide, nous pouvons reconnaitre le legs intellectuel d’Ibn Khaldoun et sa démarche constructive favorisant l’être à la pensée.

Ibn Khaldoun anticipe de manière remarquable les fondements de « La construction  sociale de la réalité ».

Sa perspective dynamique et nuancée sur la société humaine, illustrée par sa célèbre citation « L’homme est sociable par nature », met en lumière l’importance de comprendre les interactions sociales, les institutions et les représentations symboliques dans la formation de la réalité sociale. En reconnaissant l’intrinsèque sociabilité de l’être humain, Ibn Khaldoun souligne la pertinence des relations interpersonnelles et des dynamiques dans la construction et la compréhension de la réalité sociale, bien avant Berger et Luckmann.

 

 

 

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