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De la servitude à l'esclavage moderne?
De la servitude à l’esclavage moderne?
Par Jamel BENJEMIA
Depuis toujours, les êtres humains ont été soumis à des formes d’oppression, de coercition et de travail forcé, qu’il s’agisse de la servitude féodale, de l’esclavage colonial ou de l’exploitation capitaliste. Malgré les progrès de la justice sociale et l’abolition de l’esclavage dans de nombreux pays, de nouvelles formes de travail forcé et des pratiques condamnables continuent d’exister dans notre monde moderne. De nouvelles formes de tyrannie et d’abus de position dominante ont vu le jour et tendent à opprimer les plus faibles, car « le travail libère l’homme de trois grands fléaux : l’ennui, le vice et le besoin ; mais s’il est trop prolongé, il peut devenir servitude » selon Voltaire.
Les serfs et les métayers
Les serfs et les métayers ont été présents dans certaines sociétés du Moyen Âge en tant que deux formes de travailleurs agricoles.
Les serfs étaient des paysans liés à la terre, et contraints de travailler pour le seigneur féodal en échange de la protection et de l’utilisation des terres. Ils étaient privés de liberté et ne pouvaient ni quitter les terres de leur seigneur ni se marier ou exercer des activités commerciales sans sa permission.
En échange, ils recevaient une certaine quantité de terres à cultiver pour subvenir à leurs besoins.
Les métayers, quant à eux étaient des agriculteurs qui cultivaient les terres d’un propriétaire foncier en échange d’une partie de la récolte. Les métayers n’étaient pas propriétaires des terres qu’ils cultivaient et ne recevaient pas de salaire fixe, mais pouvaient espérer une part de bénéfices de la récolte. Cette forme de travail était très répandue dans l’Europe médiévale et d’autres régions du monde.
Au cours de la période beylicale de la Tunisie, qui s’étend de 1705 à 1957, le système des métayers était courant dans l’agriculture.
Les métayers tunisiens touchaient environ 20% de la récolte, ce qui correspond à ce qu’on appelle communément le « cinquième » (en arabe, « Khoms »).
La « commenda »
La « commenda » était une forme de partenariat commercial qui a émergé à Venise au Moyen Âge.
Cette pratique consistait en un contrat dans lequel une personne investissait des capitaux dans une entreprise commerciale, tandis que l’autre personne dirigeait l’entreprise.
Le mot « commenda » vient du latin « commendare », qui signifie « confier » ou « recommander ». Le contrat de commenda était souvent utilisé dans les activités commerciales telles que le commerce maritime, les banques et les industries manufacturières.
Les « leggi della commenda » étaient des lois règlementant les contrats de commenda en Italie au Moyen Âge. Ces lois spécifiaient les droits et les responsabilités des parties impliquées dans le contrat, y compris les obligations financières et les conditions de distribution des profits. Les lois réglementaient également les conflits éventuels entre les partenaires, ainsi que les procédures à suivre en cas de dissolution du partenariat.
La « commenda » était un contrat à durée limitée et avait une fin prédéterminée. A la fin de période contractuelle, les partenaires se réunissaient pour diviser les profits et liquider l’entreprise. Si le partenariat était rentable, les deux partenaires bénéficiaient des profits. Si l’entreprise ne faisait pas de profit, l’investisseur assumait les pertes.
Aujourd’hui, la « commenda » est considérée comme une ancienne forme de partenariat commercial. Cependant, elle a influencé le développement des sociétés par actions modernes, qui ont des caractéristiques similaires en termes de financement, de gestion et de responsabilité des actionnaires.
« L’uberisation »
« L’uberisation » est un terme qui fait référence à l’émergence de plateformes numériques qui permettent la mise en relation directe entre les travailleurs indépendants et des clients. Ce modèle économique est né avec la plateforme de covoiturage Uber, d’où le nom « uberisation ».
Le principe de « l’uberisation » est simple : une entreprise, via une plateforme numérique, met en relation des micro-entrepreneurs appelés « ubérisés » et des clients qui ont besoin de leurs services. Les micro-entrepreneurs peuvent travailler à leur convenance, choisir leurs missions, et leur temps travail, mais doivent souvent pratiquer des tarifs inférieurs à ceux des services traditionnels.
« L’uberisation » concerne de nombreux secteurs d’activité, tels que le transport, la livraison, l’hébergement, le ménage, le jardinage, la restauration, le bricolage, etc.
Les plateformes les plus connues en France sont : Uber, Deliveroo, AirBnB, etc.
« L’uberisation » soulève de nombreuses critiques. Les travailleurs indépendants n’ont pas les mêmes avantages sociaux que les travailleurs salariés.
Ils sont également soumis à une forte concurrence entre eux et à une pression constante pour baisser leurs prix. Les plateformes numériques ont également tendance à imposer des règles strictes aux travailleurs indépendants, sans leur donner la possibilité de négocier ou de faire valoir leurs droits.
Enfin, « l’uberisation » pose la question de la précarisation du travail. Les Etats sont appelés à repenser leur cadre juridique et social pour adapter leur réglementation au phénomène de « l’uberisation », afin de garantir aux travailleurs indépendants une protection sociale minimale et de prévenir les risques de dumping social et de concurrence déloyale.
Le contrat de gérance mandat
Le contrat de gérance est un type de contrat commercial : une société appelée « société mandataire », est chargée par une autre société, appelée « société mandante », de gérer une activité pour le compte de la société mandante.
Le déséquilibre de départ entre la situation du mandataire et du mandant peut être causé par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le mandant est généralement un grand groupe disposant de ressources financières et impose son cahier des charges et les termes du contrat.
Cependant le législateur français a imposé à travers la loi Dutreil une commission minimum garantie au profit de la société mandataire (Article 146-3 du code du commerce français).
En 2023 et dans le pays des droits de l’homme, un grand groupe a choisi de violer délibérément l’article 146-3 du code du commerce en refusant de payer la commission minimum garantie, une obligation légale et contractuelle.
Il est souhaitable que le ministre français de l’Economie et la Ministre déléguée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, renforcent le dispositif législatif par des mesures plus sévères à l’encontre des PDG des sociétés mandantes qui pensent être au-dessus des lois, et affamer ainsi le mandataire deviendrait la normalité !
Le mandataire n’est pas taillable et corvéable à merci, c’est-à-dire qu’il ne peut être soumis à un traitement arbitraire, discriminatoire ou abusif de la part du mandant
Une législation plus stricte doit être adoptée pour que de telles pratiques illégales soient punies et pour que les sociétés mandataires soient protégées contre toute exploitation abusive de la part des sociétés mandantes.
« Le pot de terre contre le pot de fer »
L’expression « le pot de terre contre le pot de fer » est souvent utilisée pour décrire une situation dans laquelle une petite entité (le pot de terre) fait face à une grande entreprise (le pot de fer).
Les grandes entreprises peuvent avoir des ressources et des moyens considérables pour influencer les politiques, les réglementations, les pratiques commerciales et parfois le cours de justice.
La tendance des grands groupes à vouloir maitriser le cours d’un litige peut être résumée par cette anecdote racontée par un avocat : il évoque la publicité d’un grand constructeur automobile allemand, mettant en scène un peintre qui crée une série de tableaux sombres et pessimistes, mais à la fin de la publicité, le dernier tableau est lumineux et coloré, ce qui surprend le public. La réponse est donnée par la voix-off de la publicité, qui explique que le peintre a changé de voiture, ce qui a radicalement transformé sa vision du monde et son inspiration artistique.
L’avocat explique que son client n’a pas changé de voiture, mais d’avocat puisqu’il est son nouveau conseiller juridique, et de ce fait, il a fourni des conclusions plus approfondies, argumentées et bien étayées, ce qui a rendu le pot de fer encore plus électrique.
Le combat contre l’exploitation de l’homme par l’homme est un enjeu fondamental pour l’humanité et il est malheureusement loin d’être terminé.
De nombreuses formes d’exploitation persistent encore dans le monde entier, comme le travail des enfants, le trafic humain, le mariage forcé, la discrimination raciale et salariale, le sexisme, etc.
Le combat contre l’exploitation de l’homme est un effort continu qui exige l’engagement et la coopération de tous, des gouvernements, des organisations internationales, des entreprises et de la société civile.
Nous devons tous travailler ensemble pour créer un monde plus juste et plus équitable pour tous les êtres humains.
Et rappelons-nous que « le pouvoir tend à corrompre et le pouvoir absolu corrompt absolument » (Lord Acton).
Comment éviter l’ineptie économique ?
Comment éviter l’ineptie économique?
Par Jamel BENJEMIA
L’économie est l’un des domaines les plus complexes et les plus importants de notre société. Elle affecte non seulement notre vie quotidienne mais aussi le développement de la planète dans son ensemble. Malheureusement, les erreurs économiques persistent de manière notoire, ce qui signifie que les bévues du passé sont souvent répétées. Il est donc crucial de les analyser pour ne pas les réitérer.
Dans son livre « Ils se sont si souvent trompés », la journaliste du Figaro Anne De Guigné a identifié dix erreurs qui ont marqué l’économie mondiale.
Cet article se concentre sur l’analyse de ces quelques erreurs qui ont jalonné l’histoire économique et sur lesquelles les responsables politiques n’ont pas tiré de leçons pour éviter de les reproduire.
Les exemples d’erreurs économiques contemporains incluent la manipulation des taux d’intérêts, l’endettement abyssal, la surrèglementation, ainsi que les politiques protectionnistes qui peuvent être motivées par la tentation populiste et raciste.
Le blocage des prix
Le blocage des prix, également connu sous le nom de contrôle des prix, est une mesure gouvernementale visant à réglementer les prix des biens et services dans l’économie. Cette politique peut être mise en place dans le but de protéger le pouvoir d’achat des consommateurs contre les hausses de prix excessives ou pour maitriser l’inflation.
Anne De Guigné affirme que l’empereur Dioclétien a été l’un des premiers dirigeants à tenter de mettre en place un blocage des prix à grande échelle.
Il a fixé des prix maximums pour un grand nombre de produits de base, y compris les denrées alimentaires et les textiles.
Cependant, cette politique n’a pas été efficace à long terme. Les prix maximums ont conduit à une pénurie de biens, car les producteurs n’avaient plus de motivation à produire et à vendre leurs produits si les prix étaient réglementés. Les commerçants ont également cherché des moyens de contourner les prix maximums, en fournissant le marché noir.
En fin de compte, le blocage de prix de Dioclétien n’a pas réussi à juguler l’inflation ou à protéger les consommateurs.
Pour le prix Nobel de l’économie, Milton Friedman : « Le blocage des prix, aussi bien intentionné qu’il soit, ne peut pas résoudre les problèmes de l’offre et de la demande. Les prix sont un mécanisme crucial pour communiquer la rareté d’un bien et encourager l’efficacité dans la production et la distribution. Le blocage des prix supprime ce mécanisme et entraîne souvent des pénuries, des files d’attente, des marchés noirs et une allocation inefficace des ressources ».
Le collectivisme
Le collectivisme est un système économique et social qui implique la propriété collective des moyens de production et la planification centralisée de l’économie. Cela implique généralement la suppression de la propriété privée et l’organisation de la production et de la distribution des biens par l’État ou des coopératives.
L’expérience en Russie, sous le régime soviétique, et en Tunisie, sous le super ministre Ben Salah, était basée sur l’idée que la collectivisation et la planification centrale de l’économie pourraient résoudre les problèmes économiques et sociaux. Cependant, ces expériences ont abouti à un échec cuisant, démontrant les limites de l’interventionnisme étatique dans la gestion économique.
Bien que le projet des sociétés coopératives citoyennes de Kaies Saied ait des objectifs louables, sa réussite est peu probable sans un cadre juridique et réglementaire clair, un soutien efficace, une mobilisation citoyenne et une stratégie économique inclusive, cohérente et intégrée.
L’impôt exorbitant
Philippe IV, plus connu sous le nom de Philippe le Bel, a été l’un des rois les plus puissants de France au XIIIème siècle. Il a introduit plusieurs réformes fiscales, y compris l’augmentation de la taxation sur les biens fonciers et l’impôt sur les successions.
L’une des mesures fiscales les plus importantes de Philippe le Bel a été l’instauration de la taille, un impôt direct sur les personnes et les propriétés. Cette taxe était proportionnelle aux revenus des contribuables, ce qui signifie que les riches devaient payer plus que les pauvres. Philippe le Bel a également introduit la gabelle, un impôt sur le sel, et créé de nouveaux impôts pour financer ses guerres.
La maltôte (« male tolta » ou « mal perçu ») était un impôt indirect équivalent à la TVA au taux de 4%, et était prélevée sur toutes les ventes des marchandises effectuées sur le territoire du royaume. Toutefois, comme le dit la maxime de Laffer, « trop d’impôt tue l’impôt ».
Ses politiques fiscales ont suscité la résistance de l’église, notamment la taxation des biens de l’église. En 1302, il a tenté de faire arrêter le pape Boniface VIII, qui s’opposait à sa politique fiscale. Cette confrontation a conduit à une crise majeure dans les relations entre l’église et l’État français.
En somme, la concertation avec la société civile est une condition essentielle pour la réussite d’une réforme fiscale. Cela permet de garantir la pertinence, l’acceptabilité et la faisabilité des mesures fiscales proposées, et d’éviter les conflits inutiles et les tensions sociales.
La faillite
La faillite de l’Espagne au XVIème siècle est liée à plusieurs facteurs économiques, politiques et sociaux. À cette époque, l’Espagne était l’une des principales puissances économiques et politiques d’Europe, grâce à ses colonies en Amérique et son monopole sur le commerce des métaux précieux.
Cependant, la politique économique de l’Espagne était basée sur une exploitation excessive des ressources des colonies, au détriment de leur développement économique endogène.
L’Espagne a été contrainte de déclarer la banqueroute plusieurs fois au XVIème siècle, notamment pour les Habsbourg en 1557,1575, 1596, 1607 et 1627. Ces faillites ont entraîné des conséquences économiques et sociales désastreuses pour l’Espagne avec une perte de confiance des investisseurs et une perte du statut de grande puissance économique et politique.
Mirabeau disait que « la dette publique fut le germe de la liberté. Elle a détruit le roi et l’absolutisme. Prenons garde qu’en continuant à vivre, elle ne détruise la nation et nous reprenne la liberté qu’elle nous a donnée ».
Les 35 heures
La réduction du temps de travail à 35 heures hebdomadaires, instaurée par le gouvernement Jospin en 2000, était une mesure visant à favoriser la création d’emplois et améliorer la qualité de vie des travailleurs. En théorie, cela aurait dû donner aux travailleurs plus de temps libre pour les loisirs et la vie de famille.
Cependant, les résultats de cette politique ont été mitigés. Dans un marché concurrentiel, les 35 heures ont fait augmenter les couts de production, car les entreprises ont dû embaucher plus de personnel pour maintenir la même productivité. Cela a rendu les entreprises françaises moins compétitives.
La réduction du temps de travail a également diminué la flexibilité des entreprises. Les heures supplémentaires sont plus chères et plus difficiles à mettre en place.
De ce fait, les entreprises ont donc moins de souplesse pour s’adapter aux variations de la demande.
Pendant la crise sanitaire liée au COVID19, l’hôpital public français a été confronté à une pression importante avec une augmentation du nombre des patients nécessitant une prise en charge hospitalière. Cela a mis en évidence l’organisation peu efficiente de l’hôpital public avec la détérioration de la qualité des soins due au manque de moyens, et à la saturation des services hospitaliers.
La régulation
Le Sherman Antitrust Act et le Clayton Antitrust Act ont été adoptés aux Etats Unis à la fin du XIXème siècle pour réglementer les pratiques anticoncurrentielles des grandes entreprises. Ces lois ont été conçues pour prévenir les monopoles et protéger la concurrence sur le marché.
Malgré l’existence de ces lois antitrust, les géants de la technologie comme les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), ont continué à acquérir une influence économique croissante au fil des décennies. Cela est dû en partie à la difficulté de définir les monopoles et les pratiques anticoncurrentielles dans les industries de haute technologie.
En 2021, le président Biden a pris des mesures sectorielles pour tenter de réglementer les pratiques anticoncurrentielles des GAFAM., mais elles sont jugées inefficaces à résoudre le pouvoir exorbitant des grands géants de la technologie.
Dans le cas de la Tunisie, la concentration du pouvoir économique entre les mains de quelques familles engendre une distorsion inéluctable de la concurrence libre et loyale. Il est donc important de promouvoir la transparence et la responsabilité et de mettre en place des politiques publiques appropriées pour promouvoir une concurrence saine et juste, afin de favoriser une répartition plus équitable des richesses.
Alors, comment pouvons-nous éviter l’impéritie économique ? Comment pouvons-nous nous assurer que les responsables politiques prennent des décisions éclairées et évitent les erreurs du passé ?
La réponse réside dans une approche holistique qui combine des stratégies multiples. Tout d’abord, l’étude de l’histoire économique est cruciale pour identifier les causes des erreurs passées et pour en tirer des enseignements applicables à l’avenir. Ensuite, l’éducation des citoyens en matière économique peut favoriser une prise de conscience collective et participative en vue de réduire les risques d’erreurs économiques. Par ailleurs, l’amélioration de la gouvernance économique, incluant des politiques économiques bien conçues, une réglementation efficace et une gestion rigoureuse des finances publiques, est également un élément clé pour prévenir l’impéritie économique. Assurer la transparence et la responsabilité dans la prise des décisions dans le sens de l’intérêt général permet de combattre efficacement la corruption. Enfin, la coopération internationale peut contribuer à la prévention des erreurs économiques en favorisant la coordination des politiques économiques et la prévention des crises financières.
L'intelligence artificielle ou la nouvelle "Odyssée de l'espèce" ?
Progrès technologiques :
L’intelligence artificielle ou la nouvelle « Odyssée de l’espèce » ?
Par Jamel BENJEMIA
Le développement de l’intelligence artificielle (IA) est l’un des domaines les plus passionnants et prometteurs de notre époque. Depuis les années 1950, les chercheurs et les ingénieurs ont travaillé à créer des algorithmes capables de penser et d’apprendre de manière autonome. Les avancées récentes dans ce domaine sont spectaculaires, et l’Intelligence artificielle est devenue une technologie incontournable dans de nombreux secteurs, de la finance à la santé en passant par l’industrie et les services.
Cependant, cette croissance a également suscité des inquiétudes quant aux implications potentielles pour notre société.
Des personnalités publiques, dont Elon MUSK, le patron de Tesla, ont appelé à un moratoire de six mois sur le déploiement de l’intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle générative
L’intelligence artificielle générative (ou « GAN » pour « Generative Adversarial Networks ») est un type d’intelligence artificielle qui permet de générer de nouvelles données à partir de données existantes.
Elle utilise deux réseaux neuronaux : un réseau générateur et un réseau discriminant.
Le réseau générateur prend en entrée un ensemble de données et génère de nouvelles données qui ressemblent à l’ensemble de départ. Le réseau discriminant prend ensuite en entrée ces données générées ainsi que des données réelles, et tente de distinguer les données générées des données réelles.
Les deux réseaux sont simultanément formés : le réseau générateur apprend à générer des données qui trompent le réseau discriminant, tandis le réseau discriminant apprend à distinguer les données générées des données réelles. Au fil du temps, le réseau générateur devient de plus en plus habile à générer des données qui trompent le réseau discriminant, tandis que le réseau discriminant devient de plus en plus habile à distinguer les données générées des données réelles.
Les « GAN » peuvent être utilisés dans de nombreux domaines, tels que la création de contenu artistique (par exemple, de la musique ou des images), la génération de texte ou encore la modélisation de phénomènes physiques. Ils peuvent être utilisés pour améliorer la qualité des données en produisant des données synthétiques qui peuvent être utilisées pour compléter des données manquantes ou pour équilibrer des ensembles de données atypiques ou déséquilibrés.
Le risque est que les « GAN » soient mobilisés pour manipuler l’information ou créer des données erronées.
Il est donc essentiel de développer des « GAN » éthiques et responsables, qui minimisent les risques et maximisent les avantages pour la société.
Les préoccupations des « long-termistes »
Les « long-termistes » sont des personnes qui s’intéressent aux conséquences à long terme de nos actions présentes, plutôt que des avantages immédiats. En matière d’intelligence artificielle, les « long-termistes » se concentrent sur les risques potentiels associés à l’intelligence artificielle à long terme.
Les craintes des « long-termistes » sont multiples. L’une des principales préoccupations est que l’intelligence artificielle pourrait devenir incontrôlable, en raison de sa capacité à s’améliorer rapidement et de manière autonome. Certains experts craignent que cette intelligence artificielle finisse par prendre des décisions qui ne sont pas conformes aux valeurs humaines ou même qu’elle devienne hostile à l’humanité.
Dans le célèbre roman « 2001 : l’Odyssée de l’espace » d’Arthur C. Clarke, une machine intelligente nommée HAL 9000 prend le contrôle du vaisseau spatial « Discovery One » et tente d’éliminer l’équipage qui est considéré comme une menace pour la mission. Ce roman illustre parfaitement la crainte des « long-termistes » qu’une machine intelligente puisse devenir incontrôlable.
Selon les « long-termistes », l’intelligence artificielle pourrait accélérer la croissance économique de manière excessive, ce qui concentrerait la richesse entre les mains de quelques personnes ou entreprises, entraînant des tensions sociales propices à une révolution de l’équité, de la justice économique ou encore de la distribution des richesses. Nous serions loin des révolutions pacifiques comme celle du Jasmin, pour assister à une véritable explosion sociale.
D’autres peuvent craindre que l’intelligence artificielle ne soit utilisée de manière abusive ou discriminatoire, ou qu’elle ait des effets négatifs sur les droits et les libertés individuelles en surveillant les gens de manière intrusive et en violant leur vie privée. A ce sujet, les dictatures n’ont pas attendu l’intelligence artificielle pour promulguer des lois scélérates et discriminatoires.
Enfin, certains « long-termistes » s’inquiètent de l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi à long terme. Bien que l’Intelligence artificielle puisse créer de nouveaux emplois dans certains domaines, elle est susceptible de rendre obsolètes de nombreux emplois actuels, en particulier ceux qui impliquent des tâches routinières et répétitives. Si l’intelligence artificielle ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois de remplacement, cela pourrait occasionner un chômage de masse et des problèmes économiques plus larges.
Selon la Banque Goldman Sachs, l’intelligence artificielle pourrait détruire 300 millions d’emplois dans le monde.
La théorie de la croissance destructrice développée par l’économiste Joseph Schumpeter stipule que « pour créer du neuf, il faut faire table rase de l’ancien », c’est-à-dire la destruction d’emplois dans des industries obsolètes, pour permettre l’émergence d’emplois dans de nouvelles industries.
Le progrès
« On peut avoir des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité ». Cette citation du prix Nobel de l’économie Robert Solow peut s’appliquer à l’intelligence artificielle et aux craintes selon lesquelles, elle pourrait faire augmenter le chômage.
Bien que ces craintes soient légitimes, un moratoire sur le développement de cette technologie serait contraire au progrès. Il est essentiel que les chercheurs, les ingénieurs et les décideurs travaillent ensemble pour créer une intelligence artificielle responsable et éthique. Ce moratoire ne concernerait que les pays à « bonne conscience » en fin de compte.
Nous devons nous rappeler que les avantages économiques de l’intelligence artificielle pourraient être considérables à long terme, et nous devons donc adopter une vision audacieuse plutôt que de nous focaliser uniquement sur les avantages immédiats. Il est essentiel de ne pas avoir une attitude de crainte exagérée, mais de travailler pour dissiper les risques de cette technologie fascinante, que Bill Gates classe comme « l’avancée technologique la plus importante depuis l’ordinateur ».
La technologie de l’intelligence artificielle a déjà apporté de nombreux avantages, et son potentiel pour résoudre certains des plus grands problèmes de notre temps est immense. En limitant la recherche et le développement de l’intelligence artificielle, nous risquons de freiner la croissance économique, d’entraver l’innovation et de ralentir les progrès dans des domaines tels que la santé, l’énergie et la sécurité.
L’intelligence artificielle est un outil puissant qui peut nous aider à résoudre des problèmes complexes et à prendre des décisions plus éclairées.
Cependant, il est important de se rappeler que l’intelligence artificielle est conçue pour suivre des règles et des algorithmes prédéfinis, et qu’elle ne peut pas remplacer complètement le jugement humain.
Par conséquent, nous pouvons rester maîtres de notre destin en utilisant l’intelligence artificielle de manière responsable et en gardant à l’esprit que les décisions finales doivent toujours être prises par des êtres humains.
L’intelligence humaine
L’intelligence artificielle a joué un rôle important dans la création du vaccin contre le COVID19.
La collaboration entre la Startup tunisienne InstaDeep et le laboratoire allemand BionTech a été bénéfique, elle a permis de réduire considérablement le temps nécessaire à sa conception.
Tout progrès génère des craintes, mais le chemin de l’espoir est plus promoteur que de se lamenter ou de se recroqueviller sur le passé. L’intelligence artificielle n’est pas une menace pour l’humanité en soi, mais plutôt un outil qui peut être utilisé de manière bénéfique ou néfaste. Les craintes peuvent être dissipées en éduquant le public sur la manière dont l’intelligence artificielle fonctionne et en établissant des réglementations appropriées pour son utilisation.
L’intelligence artificielle peut accélérer le processus de découverte de nouveaux traitements et vaccins. C’est un outil formidable, qui peut aider à identifier les patients à haut risque et à suggérer le traitement adéquat.
C’est un cerveau humain qui sera capable de l’utiliser à bon escient.
Les universités américaines (Stanford, Massachusetts, Harvard, Berkeley, Carnegie-Mellon…) forment de plus en plus des ingénieurs à l’Intelligence Humaine, également connue sous le nom d’ingénierie cognitive. Cette discipline se concentre sur la conception de technologies qui imitent ou améliorent les capacités cognitives humaines, telles que la perception, l’apprentissage, la mémoire et la résolution de problèmes. Les ingénieurs en intelligence humaine peuvent travailler sur une variété de projets, tels que la conception de systèmes de reconnaissance vocale et faciale, la création de robots qui peuvent interagir avec les humains de manière plus naturelle, ou la mise au point de technologies pour aider les personnes atteintes de troubles cognitifs ou d’autres handicaps. Cette tendance témoigne de l’importance croissante de l’intelligence artificielle et de la compréhension de la manière dont les machines et les humains peuvent travailler ensemble de manière plus efficace.
En fin de compte, faire une pause pour l’intelligence artificielle ne rime à rien.
Nous devons continuer à travailler pour faire avancer la recherche et le développement de cette technologie, tout en veillant à ce qu’elle soit déployée de manière responsable, humaine et éthique, en collaboration avec les comités scientifiques.
Nous pouvons écrire un serment éthique pour les intervenants dans l’intelligence artificielle, dans le but de construire un avenir meilleur et plus brillant pour tous.
Géopolitique financière mondiale : Un « jeu à somme nulle » ou une coopération nécessaire ?
Géopolitique financière mondiale :
Un « jeu à somme nulle » ou une coopération nécessaire ?
Par
Jamel
BENJEMIA
La géopolitique et la finance mondiale ont toujours été étroitement liées,
la première influençant souvent la seconde. Au cours des deux derniers siècles, l’évolution de la finance mondiale a été marquée par une série d’évènements qui ont eu un impact sur l’ensemble de l’économie mondiale. Cette évolution a été caractérisée par des changements importants dans les relations économiques internationales, la croissance de l’interdépendance financière et l’émergence de nouveaux centres financiers mondiaux.
Au début du XIXème siècle, la finance mondiale était encore largement dominée par l’Europe, en particulier par la Grande Bretagne. La livre sterling était la principale devise de référence pour les échanges internationaux et la City de Londres était le centre financier mondial, cependant cette situation a basculé avec l’émergence des Etats Unis d’Amérique comme la plus grande économie mondiale, avec New York comme la place incontournable pour le commerce international.
Pendant la première moitié du XXème siècle, les deux guerres mondiales ont eu un impact important sur la géopolitique et la finance mondiale. Les conflits ont détruit l’économie européenne, laissant les Etats Unis et l’Union soviétique comme les deux superpuissances de l’après-guerre. Les accords de Bretton Woods en 1944 ont établi le dollar américain comme la principale devise de réserve internationale, renforçant ainsi la position de New York comme centre financier mondial. Cependant, les années 1970 ont vu la fin de ce système, avec l’abandon de l’étalon-or et la montée de l’eurodollar. Les banques européennes ont commencé à emprunter des dollars en dehors des Etats-Unis, conduisant à la création d’un marché monétaire offshore.
Au cours des dernières décennies, la finance mondiale a connu des changements majeurs. La montée de l’Asie a vu l’émergence de nouveaux centres financiers, tels que Tokyo, Hong Kong et Singapour. La Chine est également devenue une force financière incontournable, avec l’ouverture de Shanghai comme centre financier mondial.
La crise financière de 2008 a mis en évidence les risques de l’interdépendance financière croissante, avec la propagation rapide des perturbations financières à travers le monde. Depuis lors, les régulateurs financiers ont cherché à renforcer la stabilité financière mondiale en imposant des règles plus strictes aux institutions financières.
De plus, la montée de la technologie a également eu un impact sur la finance mondiale, avec la création de nouvelles formes de monnaie numérique et de services financiers en ligne. Les crypto-monnaies comme le Bitcoin ont bouleversé le système financier traditionnel, offrant une alternative décentralisée et sans réglementation. Les plateformes de financement participatif (Crowdfunding) et les robots conseillers ont également bouleversé le marché du financement et d’investissement en ayant recours à l’intelligence artificielle.
La pandémie de Covid-19 a également un impact significatif sur la géopolitique et la finance mondiale. Les mesures de confinement et les fermetures d’entreprises ont entraîné une récession économique mondiale, affectant les marchés financiers et la croissance économique. Les banques centrales ont pratiqué des politiques d’assouplissement « Quantitative Easing» en injectant des liquidités pour atténuer les effets de la crise.
En 2023, avec la crise ukrainienne et la hausse des prix des matières premières et de l’énergie. C’est l’hyperinflation qui guette l’économie mondiale.
« Un jeu à somme nulle »
La géopolitique mondiale est souvent perçue comme « un jeu à somme nulle », dans lequel les acteurs cherchent à maximiser leurs intérêts économiques et géopolitiques aux dépens des autres.
Ce « jeu à somme nulle » se reflète dans les relations financières internationales, où chaque pays cherche à protéger ses propres intérêts financiers, souvent au détriment des autres pays.
Un exemple de cette dynamique est le protectionnisme commercial, qui consiste à ériger des barrières tarifaires ou non-tarifaires pour protéger l’industrie nationale d’une concurrence étrangère. Cette pratique peut avoir des effets négatifs sur la stabilité économique mondiale en entravant les échanges commerciaux internationaux et en créant des tensions géopolitiques.
Le « jeu à somme nulle » se traduit également dans la compétition pour l’accès aux ressources naturelles, comme le pétrole, le gaz et les minéraux. Les pays riches en ressources naturelles cherchent à maximiser les bénéfices de leur exploitation, souvent au détriment de la stabilité financière et géopolitique mondiale. C’est le prix de la dignité pour les Arabes en 1973 et pour les Iraniens en 1979.
Dans le contexte de la finance mondiale, le « jeu à somme nulle » s’observe dans la concurrence pour l’accès aux marchés financiers et pour la domination monétaire. Les pays cherchent à attirer des investissements étrangers pour stimuler leur croissance économique, mais cela peut créer des déséquilibres financiers et géopolitiques s’ils ne sont pas gérés correctement. Par exemple, la crise financière asiatique de 1997 a été en partie causée par une compétition pour attirer des investissements étrangers et par des déséquilibres financiers qui ont finalement conduit à l’effondrement des marchés financiers dans la région.
Le « jeu à somme nulle » peut être nuisible pour la stabilité financière et géopolitique mondiale. Les tensions géopolitiques et les déséquilibres financiers peuvent entraîner des crises économiques et des conflits géopolitiques qui produisent des conséquences néfastes pour les pays et les populations concernés.
Il est dans l’intérêt de tous, que les acteurs financiers mondiaux coopèrent pour assurer la stabilité financière mondiale, même dans un contexte de concurrence et de rivalité géopolitique.
Personne n’a intérêt dans le contexte actuel à remplacer le dollar, sauf la Chine. Ainsi selon le Wall Street journal, la Chine et l’Arabie Saoudite négocient la possibilité de payer en yuans le brut saoudien.
Et le Fonds Monétaire International (FMI) met en garde que la guerre en Ukraine « pourrait modifier l’ordre économique et géopolitique mondial, si le commerce de l’énergie se modifie , si les chaines d’approvisionnement se reconfigurent, si les réseaux de paiement se fragmentent et si les pays repensent leurs réserves de devises ».
Le résultat à mon sens est une instabilité financière inéluctable. Le bon sens exige, quand le doute s’installe et les incertitudes grandissent, de privilégier le dollar, la valeur refuge de référence.
La coopération
La théorie des jeux est un outil utile pour comprendre les interactions entre les acteurs en relations internationales, notamment dans le cadre de la coopération et de la concurrence.
Dans ce contexte, la coopération peut être considérée comme un « jeu à somme positive », dans lequel les acteurs travaillent ensemble pour atteindre un résultat mutuellement bénéfique. A l’inverse, la concurrence est un « jeu à somme nulle », dans lequel les acteurs cherchent à maximiser leurs gains aux dépens des autres.
Dans le domaine de la finance mondiale, la coopération est essentielle pour assurer la stabilité financière et prévenir les crises économiques. La coopération peut prendre différentes formes, telles que la coordination des politiques économiques, la réglementation financière internationale, la surveillance financière et l’aide financière internationale en cas de crise. Cependant, la coopération financière internationale est souvent difficile à atteindre, car les acteurs financiers sont souvent en concurrence les uns avec les autres pour attirer des investissements étrangers et accéder aux marchés financiers internationaux.
La théorie des jeux peut nous aider à comprendre les obstacles à la coopération financière internationale. Par exemple les acteurs financiers peuvent être incités à poursuivre des stratégies de « passager clandestin », dans lesquelles, ils bénéficient de la coopération des autres acteurs sans à avoir à contribuer eux-mêmes. Cela peut conduire à un échec de la coopération, si chaque acteur estime qu’il est dans son intérêt de ne pas contribuer.
Cependant, il est possible de surmonter ces obstacles grâce à la coopération stratégique. Dans la coopération stratégique, les acteurs financiers travaillent ensemble pour atteindre un résultat mutuellement bénéfique, tout en s’assurant que chacun a une incitation à coopérer. La coopération stratégique peut prendre différentes formes, telles que la négociation, la persuasion, les accords contraignants, les sanctions et les récompenses. Un exemple de coopération financière internationale est la création du G20 en septembre 1999, et qui vise à renforcer la coopération internationale en matière de politique économique et financière. Depuis sa création, le G20 a pris plusieurs mesures pour renforcer la réglementation financière internationale, améliorer la surveillance financière et promouvoir la coopération internationale en matière d’aide financière.
Dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine et de la décision du Président américain de vouloir exclure la Russie du G20, il est important de rappeler l’importance de maintenir les ponts du dialogue et de la coopération entre les nations.
Bien que les tensions géopolitiques puissent parfois sembler insurmontables, la coopération internationale est la meilleure façon de parvenir à des solutions pacifiques et durables aux conflits. En gardant la porte ouverte au dialogue, les nations peuvent surmonter les divergences et trouver des solutions qui profitent à tous.
L’exclusion de la Russie provoquerait des conséquences négatives pour l’économie mondiale et pour la stabilité géopolitique.
Garder les ponts du dialogue et de la coopération est essentiel pour préserver la stabilité et la prospérité à l’échelle mondiale.
La Tunisie peut redevenir un grand pays agricole
Oui la Tunisie peut redevenir un grand pays agricole car nous avons un savoir-faire ancestral.
Le premier traité sur l’agriculture a été écrit par le carthaginois Magon.
On y apprend la technique de plantation des vignes , la distance recommandée entre 2 oliviers,
l’art d’améliorer les rendements ainsi que la façon de fertiliser les vergers.
Surnommé le « père de l’agriculture ». Magon reste le maître en agronomie et ses 28 livres constituent à ce jour un trésor inépuisable.