Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Articles avec #articles tag

Monnaie commune pour le Maghreb: Techniquement faisable, politiquement, une chimère.

14 Mai 2023 , Rédigé par Jamel BENJEMIA Publié dans #Articles

Mon article paru dans le journal #Le_Temps du 14/05/2023

Mon article paru dans le journal #Le_Temps du 14/05/2023

Monnaie commune pour le Maghreb: Techniquement faisable, politiquement, une chimère.

Monnaie commune pour le Maghreb :

Techniquement faisable,

politiquement, une chimère.                                                  

  Par

 Jamel

BENJEMIA                               

                                                                                           
                                                                      

 

L’adoption d’une monnaie commune par les pays maghrébins est une idée qui suscite de plus en plus d’intérêt dans la région. Cette initiative pourrait offrir de nombreux avantages potentiels, tels que faciliter les échanges commerciaux, renforcer l’intégration économique et promouvoir une identité régionale commune. Cependant, elle soulève également des défis majeurs liés à la convergence économique, à la souveraineté monétaire et à la gestion du système.

L’adoption d’une monnaie commune dans les pays maghrébins pourrait favoriser la croissance économique en facilitant les échanges commerciaux et en réduisant les coûts de transaction.

Une monnaie commune éliminerait les problèmes de taux de change et de conversion, simplifiant ainsi les transactions commerciales  et stimulant le commerce régional.

Les entreprises pourraient bénéficier de marchés plus larges et d’une plus grande stabilité monétaire, ce qui encouragerait les investissements et la création d’emplois dans la région.

             Intégration régionale renforcée

Une monnaie commune pourrait être un catalyseur pour une plus grande intégration économique et politique au sein des pays maghrébins. En unifiant leurs systèmes monétaires, les pays membres pourraient coordonner leurs politiques économiques, fiscales et budgétaires. Cela pourrait mener à une harmonisation des réglementations et à une meilleure coordination dans les domaines clés tels que les infrastructures, l’énergie, les transports, et les prix des produits de première nécessité évitant ainsi les trafics transfrontaliers.

L’intégration régionale renforcée permettrait de relever ensemble les défis économiques et sociaux communs et d’améliorer la compétitivité de la région sur la scène mondiale. 

L’adoption d’une monnaie commune pourrait apporter une stabilité monétaire accrue aux pays maghrébins. En évitant les fluctuations des taux de change, les pays membres seraient moins vulnérables aux chocs économiques externes.

Cela renforcerait la confiance des investisseurs et des acteurs économiques, favorisant ainsi les investissements directs étrangers (IDE) et le développement économique.

Une monnaie commune renforcerait également le sentiment d’appartenance régionale, cimentant ainsi la cohésion et la solidarité entre les pays membres.

Défis à relever

L’adoption d’une monnaie commune nécessite une préparation minutieuse et la résolution de nombreux défis. Les pays maghrébins doivent travailler à la convergence de leurs politiques économiques et à l’harmonisation de leurs cadres législatifs et réglementaires. La gestion du système monétaire commun impliquera la création d’institutions régionales solides et transparentes pour superviser et réguler la monnaie commune.

Des mécanismes de surveillance et de régulation appropriés doivent être établis pour maintenir la stabilité monétaire et éviter les déséquilibres.

Une communication et une sensibilisation efficaces auprès des citoyens et des acteurs économiques sont essentielles pour susciter l’acceptation et la confiance dans la nouvelle monnaie commune.

L’adoption d’une monnaie commune dans les pays maghrébins sera confrontée à des obstacles politiques et économiques. Des différences politiques entre les pays membres peuvent rendre la coordination complexe mais surmontable. Des efforts diplomatiques et une volonté solide seront nécessaires pour résoudre les divergences et garantir une convergence économique durable. La gestion de l’inflation, la maîtrise des finances publiques et la protection contre les chocs externes devront être abordées de manière concertée.

Exemples de monnaies communes

Parmi les pays membres de l’Union européenne, 19 ont adopté l’euro comme leur monnaie officielle, formant ainsi la Zone Euro. Ces pays utilisent l’euro comme une monnaie unique, ce qui signifie qu’ils ont abandonné leur ancienne monnaie nationale et ont adopté l’euro pour toutes les transactions économiques.

Les autres pays membres de l’Union européenne qui n’ont pas encore adopté l’euro utilisent toujours leur propre monnaie nationale, mais ils peuvent également accepter l’euro pour les transactions internationales. Dans ce contexte, l’euro est considéré comme une monnaie commune pour ces pays, car la monnaie européenne est largement acceptée et utilisée dans les échanges économiques au sein de l’union européenne.

Il existe des exemples de réussite en dehors du continent européen. Des régions telles que l’Union monétaire des Caraïbes orientales et l’Union monétaire de l’Afrique de l’Ouest ont adopté des monnaies communes, apportant stabilité, intégration et développement économique régional. Ces exemples peuvent fournir des enseignements précieux pour les pays maghrébins dans leur quête d’une monnaie commune réussie.

Cependant, les tentatives de création de monnaies communes ont aussi abouti à des échecs.

Parmi les exemples notables figurent le projet du « SUCRE » (Système Unitaire de Compensation régionale) en Amérique latine dans les années 1980, le « Dinaro » pour les pays arabes en 2009, le dollar caribéen et le projet de l’Union monétaire de l’Afrique centrale. Ces échecs, survenus à différentes périodes, illustrent les défis complexes auxquels sont confrontées les monnaies communes dans leur mise en place et leur maintien.

Projets communs

Pour soutenir l’autosuffisance alimentaire et la croissance endogène, les pays maghrébins pourraient mettre en place des projets communs dans des secteurs clés tels que l’agriculture, l’énergie renouvelable et la connectivité par fibre optique. Dans le domaine de l’agriculture, les pays maghrébins pourraient coopérer pour développer des pratiques agricoles durables, échanger des technologies et des connaissances, et promouvoir la diversification des cultures. Cela permettrait de renforcer la sécurité alimentaire régionale et réduire la dépendance vis-à-vis des importations.

Le Maroc et la Tunisie deux pays producteurs de phosphate, qui est une matière essentielle dans la fabrication des engrais.

Plutôt que de se contenter de vendre le phosphate à l’état brut, la Tunisie et le Maroc peuvent créer des usines de fabrication des engrais.

La création d’une usine de fabrication des engrais pourrait être une stratégie judicieuse pour les pays comme la Tunisie et le Maroc, en leur permettant de valoriser davantage leur ressource de phosphate et de bénéficier des avantages économiques liés à la production d’engrais à forte valeur ajoutée. Cela contribuerait à renforcer le secteur industriel local, à créer des emplois et à stimuler la croissance économique.

En ce qui concerne l’énergie renouvelable, la région maghrébine dispose d’un énorme potentiel en termes d’énergie solaire.

Les pays pourraient collaborer pour développer des projets d’énergie renouvelable à grande échelle, tels que des parcs solaires, afin de réduire leur dépendance aux combustibles fossiles, de promouvoir la durabilité environnementale et de créer des emplois dans le secteur des énergies propres.

Par ailleurs, la mise en place d’une connectivité par fibre optique à travers la région favoriserait l’échange d’informations, le développement du commerce électronique et l’accès aux services numériques. Cela renforcerait également la coopération économique en facilitant les transactions commerciales et en encourageant l’innovation technologique dans les pays maghrébins.

Ces projets communs dans les secteurs clés de l’agriculture, de l’énergie renouvelable et de la connectivité renforceraient l’autosuffisance alimentaire et favoriseraient la croissance endogène dans la région maghrébine. Ils contribueraient à la création d’une base économique solide et durable pour soutenir la stabilité de la future monnaie commune. Une étude réalisée par la Banque mondiale en 2019 a estimé que la création d’une zone de libre-échange en Afrique du Nord, qui inclurait les pays de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), pourrait augmenter le PIB de la région de 1.5 à 3.5 points.

 

L’exemple européen

La communauté européenne a été fondée sur la base du charbon et de l’acier dans le but de favoriser la coopération économique et de promouvoir la paix en Europe après la seconde guerre mondiale.

La Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) a été créée en 1951 par six pays européens, à savoir la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Elle visait à intégrer les industries du charbon et de l’acier de ces pays afin de créer un marché commun pour ces ressources stratégiques.

Le traité de la CECA a permis de mettre en place un système de gestion collective des ressources de charbon et d’acier, évitant ainsi des rivalités économiques et des conflits armés potentiels entre les pays membres. Cela a également conduit à la suppression des barrières tarifaires et douanières dans le domaine du charbon et de l’acier, propice à l’essor du commerce entre les pays participants.

La réussite de la CECA a ensuite inspiré la création de la Communauté Economique Européenne (CEE) en 1957, qui élargissait la coopération économique à d’autres secteurs et jetait les bases de l’Union Européenne telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Ainsi, la Communauté européenne a commencé avec le charbon et l’acier en reconnaissant l’importance de ces industries clés pour la relance économique de l’après-guerre et en utilisant cette coopération comme base pour promouvoir l’intégration économique et la stabilité politique en Europe.

L’adoption d’une monnaie commune dans les pays maghrébins présente des opportunités considérables pour renforcer l’intégration régionale, stimuler la croissance économique et favoriser la coopération.

Cependant, cela exigera la réalisation d’étapes intermédiaires nécessaires, la surmonte d’obstacles politiques et économiques, ainsi que la promotion de projets communs dans des secteurs clés. En consolidant la stabilité monétaire, et en instaurant la confiance, en encourageant les initiatives conjointes dans les domaines de l’agriculture, des énergies renouvelables et de la connectivité, en renforçant l’intégration régionale en levant les barrières douanières et en favorisant la libre circulation des biens et des personnes, les pays maghrébins peuvent réaliser les avantages potentiels d’une monnaie commune. Cela ouvrirait la voie à une coopération accrue, une croissance économique soutenue et une prospérité partagée dans la région qui peut s’étendre à tous les pays de l’Union Maghrébine.

 

 

 

Journal Le_Temps du 14/05/2023

Journal Le_Temps du 14/05/2023

Lire la suite

Développement durable et démocratie participative: Comment ?

7 Mai 2023 , Rédigé par Jamel BENJEMIA Publié dans #Articles

Développement durable et démocratie participative: Comment ?

Le développement durable et la démocratie participative : Comment ?                                                 

     

Par Jamel BENJEMIA

                                                                                           
                                                                       

 

Le développement durable dans le cadre de la démocratie participative est un enjeu majeur de notre époque. Ce concept englobe une multitude de dimensions qui doivent être prises en compte pour garantir un avenir viable à notre planète et à ses habitants. La démocratie participative, quant à elle, permet de garantir une prise de décision collective et transparente, dans laquelle chaque individu a la possibilité de s’exprimer et d’influer sur les choix qui vont être faits. L’interaction positive entre ces deux notions est cruciale pour la mise en place d’une société durable, respectueuse de l’environnement et équitable pour tous.

                                                 

Le développement durable est un concept qui a émergé dans les années 1980 pour faire face aux défis écologiques, économiques et sociaux que notre monde doit affronter. Il repose sur l’idée que l’humanité doit répondre à ses besoins actuels sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.

Le concept de développement durable a été popularisé en 1987 par le rapport Brundtland.

Le développement durable est basé sur trois piliers : l’économie, le social et l’environnement.

L’économie durable est une économie qui favorise la croissance économique tout en protégeant l’environnement et en améliorant la qualité de vie des populations. Le social durable se concentre sur la justice sociale et la participation citoyenne, en garantissant une vie décente pour tous les citoyens. L’environnement durable vise à protéger l’environnement naturel, à préserver les ressources naturelles et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Le développement durable nécessite une vision à long terme et une approche holistique qui prend en compte les impacts de nos actions sur l’environnement et la société.

Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques et des stratégies efficaces qui impliquent tous les acteurs de la société, y compris le gouvernement, le secteur privé et la société civile, car vous pouvez avoir la meilleure réforme des retraites au monde et rater votre rendez-vous avec le peuple.

La mise en œuvre du développement durable nécessite également une collaboration avec les pays voisins limitrophes, car les enjeux environnementaux et sociaux sont souvent transnationaux.

             La démocratie participative

La démocratie participative est un mode de gouvernance qui implique les citoyens dans le processus de décision. Elle permet aux citoyens de participer activement à l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques. Les citoyens deviennent ainsi des acteurs de la vie publique et sont mieux à même de faire valoir leurs intérêts.

Il existe différentes formes de démocratie participative, allant de la consultation publique, à la co-construction de politiques publiques en passant par le budget participatif ou la pétition citoyenne.

Les citoyens peuvent ainsi s’exprimer sur des sujets variés tels que la gestion des déchets, la politique de transport, l’urbanisme ou encore l’éducation.

La démocratie participative peut être mise en place à différents niveaux de gouvernance, du local au national, et peut être utilisée pour compléter ou remplacer les mécanismes traditionnels de prise de décision.

Il est important de noter que la démocratie participative ne remplace pas la démocratie représentative. Elle vient plutôt l’enrichir en permettant aux citoyens de participer de manière plus active à la vie politique.

La démocratie participative a de nombreux avantages. Le premier est financier puisque la participation citoyenne est bénévole.

                   L’interaction

L’interaction entre le développement durable et la démocratie participative se situe à différents niveaux. Tout d’abord, la participation citoyenne est la clé de voute pour la mise en place d’un développement durable. Les citoyens sont les premiers concernés par les enjeux environnementaux et ils ont un rôle important à jouer dans la prise de décision et la mise en œuvre des politiques publiques. La participation citoyenne permet d’assurer une meilleure prise en compte des préoccupations environnementales et sociales et favorise ainsi la mise en place de politiques plus durables.

En impliquant les citoyens, les gouvernements et les entreprises peuvent bénéficier d’idées innovantes et de solutions créatives qui prennent en compte les besoins et les aspirations des populations locales.

Cette implication citoyenne permet ainsi de renforcer l’acceptation et l’appropriation des solutions durables, en les rendant plus pertinentes et mieux adaptées aux besoins locaux.

En outre, la démocratie participative permet de favoriser la transparence et la responsabilité dans la prise de décision, les gouvernements et les entreprises sont contraints de rendre compte de leurs actions et de leurs résultats.

Cette transparence renforce la confiance des citoyens dans les institutions publiques et privées et permet de garantir une meilleure qualité de gouvernance.

Cette coopération favorise ainsi l’éclosion de solutions durables qui prennent en compte les besoins et les aspirations de l’ensemble des acteurs concernés. Dans ce contexte, l’intérêt général joue un rôle primordial, car c’est lui qui guide l’action publique et les décisions qui en découlent.

Cependant, il peut arriver que certains groupes d’intérêts particuliers cherchent à influencer les décisions politiques, au détriment de l’intérêt général. Dans ce cas, il est important de veiller à ce que la démocratie participative ne soit pas dévoyée, et que l’intérêt général soit préservé.

Cela signifie que toutes les parties prenantes doivent avoir accès à l’information, et que leurs opinions doivent être prises en compte de manière équitable. Il est également important de veiller à ce que les décisions soient prises sur la base d’arguments rationnels et objectifs, et non pas sur des considérations émotionnelles ou subjectives.

Cela peut passer par la mise en place de mécanismes de participation citoyenne, tels que les référendums, les consultations populaires ou les jurys citoyens.

Ces dispositifs permettent aux citoyens de s’exprimer sur les questions qui les concernent directement, et de faire entendre leur voix dans le processus de décision.

                 Porto Alegre

Porto Alegre est souvent citée comme un exemple de développement durable et de démocratie participative réussie.

Cette ville brésilienne a connu une transformation spectaculaire depuis les années 1990, grâce à une combinaison de développement économique, de participation citoyenne et de respect de l’environnement.

Lorsque les dirigeants locaux de Porto Alegre ont commencé à se rendre compte que la croissance économique à tout prix ne faisait qu’aggraver les problèmes environnementaux et sociaux de la ville, Ils ont alors entrepris de mettre en place un processus de planification participative, qui a impliqué les citoyens dans la définition des politiques et des projets de développement.

Le budget participatif de Porto Alegre a été créé en 1989 et est devenu une référence mondiale en matière de démocratie participative.

Le budget participatif de Porto Alegre permet aux citoyens de proposer des projets pour leur quartier ou leur ville, et de voter pour ceux qu’ils considèrent comme les plus vitaux. Les projets retenus sont ensuite financés par le budget municipal, ce qui garantit que les priorités de la communauté sont prises en compte dans la planification et la mise en œuvre des politiques publiques.

Ce processus participatif a permis à Porto Alegre de résoudre certains des problèmes les plus urgents de la ville, tels que la pauvreté et la violence, tout en améliorant l’environnement.

Les projets soutenus par le budget participatif ont inclus la construction de logements sociaux, la création de jardins communautaires et la mise en place de programmes de recyclage.

De plus, le budget participatif a renforcé la participation citoyenne dans la prise de décision locale, permettant ainsi à la ville de devenir plus démocratique et de répondre aux besoins et aux préoccupations des habitants. Les citoyens ont été encouragés à s’organiser en associations de quartier pour présenter des projets, ce qui a favorisé la participation et l’engagement des communautés locales.

En somme, Porto Alegre est un exemple de réussite de la combinaison du développement durable et de la démocratie participative.

D’autres expériences ont vu le jour dans d’autres villes du monde.

Depuis 2015, la ville de Paris a mis en place un budget participatif dédié à la transition écologique. Les Parisiens peuvent proposer des projets en lien avec l’environnement et voter pour les projets qu’ils souhaitent voir réalisés.

La ville allemande de Fribourg-en-Brisgau a réussi à réduire de manière significative sa consommation d’énergie et ses émissions de gaz à effet de serre grâce à une politique ambitieuse de transition énergétique, qui vise la neutralité carbone en 2050. Les habitants de Fribourg ont dit non à « l’énergie atomique » et ont fait le choix des énergies renouvelables.

 

Ces expériences montrent que le développement durable peut être pensé de manière participative et collaborative, en impliquant les citoyens dans la prise de décision et en faisant appel à l’intelligence collective, à leur expertise et à leur créativité.

Cependant, pour que la démocratie participative fonctionne efficacement, il est primordial que les citoyens soient correctement informés et formés aux enjeux du développement. De plus, les autorités publiques doivent être disposées à travailler en synergie avec les citoyens pour mettre en place des politiques durables et équitables. Cela nécessite un engagement sincère de la part des décideurs politiques, ainsi que des ressources au service de l’intérêt général et non pas des actions pour « acheter la paix dans les quartiers » qui s’avèrent en réalité comme une méthode maladroite, inefficace et de courte vue.

En somme, le développement durable dans le cadre d’une démocratie participative est un processus dynamique et continu qui repose sur une volonté politique forte et une culture de participation active.

En mettant en place les ingrédients efficaces, nous pouvons créer un avenir durable et prospère pour nos générations actuelles et futures.

La démocratie participative n’est pas la négation de la démocratie représentative, mais plutôt une manière de la renforcer en impliquant les citoyens dans les processus décisionnels. Les deux formes de démocratie doivent coexister et se compléter pour une prise de décision plus juste et équilibrée, car « le dialogue est l’une des plus grandes forces de l’humanité. Il a le pouvoir de transcender tout ce qui divise les humains », selon le célèbre animateur américain Fred Rogers.

Développement durable et démocratie participative: Comment ?
LE TEMPS DU 07/05/2023

LE TEMPS DU 07/05/2023

Lire la suite

De la servitude à l'esclavage moderne?

2 Mai 2023 , Rédigé par JAMEL BENJEMIA Publié dans #Articles

De la servitude à l'esclavage moderne?

   

        De la servitude à l’esclavage moderne? 

            Par Jamel BENJEMIA

                                                                                               
                                                                      

 

Depuis toujours, les êtres humains ont été soumis à des formes d’oppression, de coercition et de travail forcé, qu’il s’agisse de la servitude féodale, de l’esclavage colonial ou de l’exploitation capitaliste. Malgré les progrès de la justice sociale et l’abolition de l’esclavage dans de nombreux pays, de nouvelles formes de travail forcé et des pratiques condamnables continuent d’exister dans notre monde moderne. De nouvelles formes de tyrannie et d’abus de position dominante ont vu le jour et tendent à opprimer les plus faibles, car « le travail libère l’homme de trois grands fléaux : l’ennui, le vice et le besoin ; mais s’il est trop prolongé, il peut devenir servitude » selon Voltaire.

 

                        Les serfs et les métayers

Les serfs et les métayers ont été présents dans certaines sociétés du Moyen Âge en tant que deux formes de travailleurs agricoles.

Les serfs étaient des paysans liés à la terre, et contraints de travailler pour le seigneur féodal en échange de la protection et de l’utilisation des terres. Ils étaient privés de liberté et ne pouvaient ni quitter les terres de leur seigneur ni se marier ou exercer des activités commerciales sans sa permission.

En échange, ils recevaient une certaine quantité de terres à cultiver pour subvenir à leurs besoins.

Les métayers, quant à eux étaient des agriculteurs qui cultivaient les terres d’un propriétaire foncier en échange d’une partie de la récolte. Les métayers n’étaient pas propriétaires des terres qu’ils cultivaient et ne recevaient pas de salaire fixe, mais pouvaient espérer une part de bénéfices de la récolte. Cette forme de travail était très répandue dans l’Europe médiévale et d’autres régions du monde.

Au cours de la période beylicale de la Tunisie, qui s’étend de 1705 à 1957, le système des métayers était courant dans l’agriculture.

Les métayers tunisiens touchaient environ 20% de la récolte, ce qui correspond à ce qu’on appelle communément le « cinquième » (en arabe, « Khoms »).

                       La « commenda »

La « commenda » était une forme de partenariat commercial qui a émergé à Venise au Moyen Âge.

Cette pratique consistait en un contrat dans lequel une personne investissait des capitaux dans une entreprise commerciale, tandis que l’autre personne dirigeait l’entreprise.

Le mot « commenda » vient du latin « commendare », qui signifie « confier » ou « recommander ». Le contrat de commenda était souvent utilisé dans les activités commerciales telles que le commerce maritime, les banques et les industries manufacturières.

Les « leggi della commenda » étaient des lois règlementant les contrats de commenda en Italie au Moyen Âge. Ces lois spécifiaient les droits et les responsabilités des parties impliquées dans le contrat, y compris les obligations financières et les conditions de distribution des profits. Les lois réglementaient également les conflits éventuels entre les partenaires, ainsi que les procédures à suivre en cas de dissolution du partenariat.

La « commenda » était un contrat à durée limitée et avait une fin prédéterminée. A la fin de période contractuelle, les partenaires se réunissaient pour diviser les profits et liquider l’entreprise. Si le partenariat était rentable, les deux partenaires bénéficiaient des profits. Si l’entreprise ne faisait pas de profit, l’investisseur assumait les pertes.

Aujourd’hui, la « commenda » est considérée comme une ancienne forme de partenariat commercial. Cependant, elle a influencé le développement des sociétés par actions modernes, qui ont des caractéristiques similaires en termes de financement, de gestion et de responsabilité des actionnaires.

                            « L’uberisation »

« L’uberisation » est un terme qui fait référence à l’émergence de plateformes numériques qui permettent la mise en relation directe entre les travailleurs indépendants et des clients. Ce modèle économique est né avec la plateforme de covoiturage Uber, d’où le nom « uberisation ».

Le principe de « l’uberisation » est simple : une entreprise, via une plateforme numérique, met en relation des micro-entrepreneurs appelés « ubérisés » et des clients qui ont besoin de leurs services. Les micro-entrepreneurs peuvent travailler à leur convenance, choisir leurs missions, et leur temps travail, mais doivent souvent pratiquer des tarifs inférieurs à ceux des services traditionnels.

« L’uberisation » concerne de nombreux secteurs d’activité, tels que le transport, la livraison, l’hébergement, le ménage, le jardinage, la restauration, le bricolage, etc.

Les plateformes les plus connues en France sont : Uber, Deliveroo, AirBnB, etc.

« L’uberisation » soulève de nombreuses critiques. Les travailleurs indépendants n’ont pas les mêmes avantages sociaux que les travailleurs salariés.

Ils sont également soumis à une forte concurrence entre eux et à une pression constante pour baisser leurs prix. Les plateformes numériques ont également tendance à imposer des règles strictes aux travailleurs indépendants, sans leur donner la possibilité de négocier ou de faire valoir leurs droits.

Enfin, « l’uberisation » pose la question de la précarisation du travail. Les Etats sont appelés à repenser leur cadre juridique et social pour adapter leur réglementation au phénomène de « l’uberisation », afin de garantir aux travailleurs indépendants une protection sociale minimale et de prévenir les risques de dumping social et de concurrence déloyale.

                 Le contrat de gérance mandat

 

Le contrat de gérance est un type de contrat commercial : une société appelée « société mandataire », est chargée par une autre société, appelée « société mandante », de gérer une activité pour le compte de la société mandante.

Le déséquilibre de départ entre la situation du mandataire et du mandant peut être causé par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le mandant est généralement un grand groupe disposant de ressources financières et impose son cahier des charges et les termes du contrat.

Cependant le législateur français a imposé à travers la loi Dutreil une commission minimum garantie au profit de la société mandataire (Article 146-3 du code du commerce français).

En 2023 et dans le pays des droits de l’homme, un grand groupe a choisi de violer délibérément l’article 146-3 du code du commerce en refusant de payer la commission minimum garantie, une obligation légale et contractuelle.

Il est souhaitable que le ministre français de l’Economie et la Ministre déléguée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, renforcent le dispositif législatif par des mesures plus sévères à l’encontre des PDG des sociétés mandantes qui pensent être au-dessus des lois, et affamer ainsi le mandataire deviendrait la normalité !

Le mandataire n’est pas taillable et corvéable à merci, c’est-à-dire qu’il ne peut être soumis à un traitement arbitraire, discriminatoire ou abusif de la part du mandant

Une législation plus stricte doit être adoptée pour que de telles pratiques illégales soient punies et pour que les sociétés mandataires soient protégées contre toute exploitation abusive de la part des sociétés mandantes.

        « Le pot de terre contre le pot de fer »

L’expression « le pot de terre contre le pot de fer » est souvent utilisée pour décrire une situation dans laquelle une petite entité (le pot de terre) fait face à une grande entreprise (le pot de fer).

Les grandes entreprises peuvent avoir des ressources et des moyens considérables pour influencer les politiques, les réglementations, les pratiques commerciales et parfois le cours de justice.

La tendance des grands groupes à vouloir maitriser le cours d’un litige peut être résumée par cette anecdote racontée par un avocat : il évoque la publicité d’un grand constructeur automobile allemand, mettant en scène un peintre qui crée une série de tableaux sombres et pessimistes, mais à la fin de la publicité, le dernier tableau est lumineux et coloré, ce qui surprend le public. La réponse est donnée par la voix-off de la publicité, qui explique que le peintre a changé de voiture, ce qui a radicalement transformé sa vision du monde et son inspiration artistique.

L’avocat explique que son client n’a pas changé de voiture, mais d’avocat puisqu’il est son nouveau conseiller juridique, et de ce fait, il a fourni des conclusions plus approfondies, argumentées et bien étayées, ce qui a rendu le pot de fer encore plus électrique.

Le combat contre l’exploitation de l’homme par l’homme est un enjeu fondamental pour l’humanité et il est malheureusement loin d’être terminé.

De nombreuses formes d’exploitation persistent encore dans le monde entier, comme le travail des enfants, le trafic humain, le mariage forcé, la discrimination raciale et salariale, le sexisme, etc.

Le combat contre l’exploitation de l’homme est un effort continu qui exige l’engagement et la coopération de tous, des gouvernements, des organisations internationales, des entreprises et de la société civile.

Nous devons tous travailler ensemble pour créer un monde plus juste et plus équitable pour tous les êtres humains.

Et rappelons-nous que « le pouvoir tend à corrompre et le pouvoir absolu corrompt absolument » (Lord Acton).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De la servitude à l'esclavage moderne?
De la servitude à l'esclavage moderne?
Lire la suite

Comment éviter l’ineptie économique ?

16 Avril 2023 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

Comment éviter l’ineptie économique?                                                   

     

Par Jamel BENJEMIA

                                                                                           
                                         

                              

 

L’économie est l’un des domaines les plus complexes et les plus importants de notre société. Elle affecte non seulement notre vie quotidienne mais aussi le développement de la planète dans son ensemble. Malheureusement, les erreurs économiques persistent de manière notoire, ce qui signifie que les bévues du passé sont souvent répétées. Il est donc crucial de les analyser pour ne pas les réitérer.

Dans son livre « Ils se sont si souvent trompés », la journaliste du Figaro Anne De Guigné a identifié dix erreurs qui ont marqué l’économie mondiale.

Cet article se concentre sur l’analyse de ces quelques erreurs qui ont jalonné l’histoire économique et sur lesquelles les responsables politiques n’ont pas tiré de leçons pour éviter de les reproduire.

Les exemples d’erreurs économiques contemporains incluent la manipulation des taux d’intérêts, l’endettement abyssal, la surrèglementation, ainsi que les politiques protectionnistes qui peuvent être motivées par la tentation populiste et raciste.

 

                                                              Le blocage des prix

Le blocage des prix, également connu sous le nom de contrôle des prix, est une mesure gouvernementale visant à réglementer les prix des biens et services dans l’économie. Cette politique peut être mise en place dans le but de protéger le pouvoir d’achat des consommateurs contre les hausses de prix excessives ou pour maitriser l’inflation.

Anne De Guigné affirme que l’empereur Dioclétien a été l’un des premiers dirigeants à tenter de mettre en place un blocage des prix à grande échelle.

Il a fixé des prix maximums pour un grand nombre de produits de base, y compris les denrées alimentaires et les textiles.

Cependant, cette politique n’a pas été efficace à long terme. Les prix maximums ont conduit à une pénurie de biens, car les producteurs n’avaient plus de motivation à produire et à vendre leurs produits si les prix étaient réglementés. Les commerçants ont également cherché des moyens de contourner les prix maximums, en fournissant le marché noir.

En fin de compte, le blocage de prix de Dioclétien n’a pas réussi à juguler l’inflation ou à protéger les consommateurs.

Pour le prix Nobel de l’économie, Milton Friedman : « Le blocage des prix, aussi bien intentionné qu’il soit, ne peut pas résoudre les problèmes de l’offre et de la demande. Les prix sont un mécanisme crucial pour communiquer la rareté d’un bien et encourager l’efficacité dans la production et la distribution. Le blocage des prix supprime ce mécanisme et entraîne souvent des pénuries, des files d’attente, des marchés noirs et une allocation inefficace des ressources ».

                                                   Le collectivisme

Le collectivisme est un système économique et social qui implique la propriété collective des moyens de production et la planification centralisée de l’économie. Cela implique généralement la suppression de la propriété privée et l’organisation de la production et de la distribution des biens par l’État ou des coopératives.

L’expérience en Russie, sous le régime soviétique, et en Tunisie, sous le super ministre Ben Salah, était basée sur l’idée que la collectivisation et la planification centrale de l’économie pourraient résoudre les problèmes économiques et sociaux. Cependant, ces expériences ont abouti à un échec cuisant, démontrant les limites de l’interventionnisme étatique dans la gestion économique.

Bien que le projet des sociétés coopératives citoyennes de Kaies Saied ait des objectifs louables, sa réussite est peu probable sans un cadre juridique et réglementaire clair, un soutien efficace, une mobilisation citoyenne et une stratégie économique inclusive, cohérente et intégrée.

                                         L’impôt exorbitant

Philippe IV, plus connu sous le nom de Philippe le Bel, a été l’un des rois les plus puissants de France au XIIIème siècle. Il a introduit plusieurs réformes fiscales, y compris l’augmentation de la taxation sur les biens fonciers et l’impôt sur les successions.

L’une des mesures fiscales les plus importantes de Philippe le Bel a été l’instauration de la taille, un impôt direct sur les personnes et les propriétés. Cette taxe était proportionnelle aux revenus des contribuables, ce qui signifie que les riches devaient payer plus que les pauvres. Philippe le Bel a également introduit la gabelle, un impôt sur le sel, et créé de nouveaux impôts pour financer ses guerres.

La maltôte (« male tolta » ou « mal perçu ») était un impôt indirect équivalent à la TVA au taux de 4%, et était prélevée sur toutes les ventes des marchandises effectuées sur le territoire du royaume. Toutefois, comme le dit la maxime de Laffer, « trop d’impôt tue l’impôt ».

Ses politiques fiscales ont suscité la résistance de l’église, notamment la taxation des biens de l’église. En 1302, il a tenté de faire arrêter le pape Boniface VIII, qui s’opposait à sa politique fiscale. Cette confrontation a conduit à une crise majeure dans les relations entre l’église et l’État français.

En somme, la concertation avec la société civile est une condition essentielle pour la réussite d’une réforme fiscale. Cela permet de garantir la pertinence, l’acceptabilité et la faisabilité des mesures fiscales proposées, et d’éviter les conflits inutiles et les tensions sociales.

                                                       La faillite

La faillite de l’Espagne au XVIème siècle est liée à plusieurs facteurs économiques, politiques et sociaux. À cette époque, l’Espagne était l’une des principales puissances économiques et politiques d’Europe, grâce à ses colonies en Amérique et son monopole sur le commerce des métaux précieux.

Cependant, la politique économique de l’Espagne était basée sur une exploitation excessive des ressources des colonies, au détriment de leur développement économique endogène.

L’Espagne a été contrainte de déclarer la banqueroute plusieurs fois au XVIème siècle, notamment pour les Habsbourg en 1557,1575, 1596, 1607 et 1627. Ces faillites ont entraîné des conséquences économiques et sociales désastreuses pour l’Espagne avec une perte de confiance des investisseurs et une perte du statut de grande puissance économique et politique.

Mirabeau disait que « la dette publique fut le germe de la liberté. Elle a détruit le roi et l’absolutisme. Prenons garde qu’en continuant à vivre, elle ne détruise la nation et nous reprenne la liberté qu’elle nous a donnée ».

                                                     Les 35 heures

La réduction du temps de travail à 35 heures hebdomadaires, instaurée par le gouvernement Jospin en 2000, était une mesure visant à favoriser la création d’emplois et améliorer la qualité de vie des travailleurs. En théorie, cela aurait dû donner aux travailleurs plus de temps libre pour les loisirs et la vie de famille.

Cependant, les résultats de cette politique ont été mitigés. Dans un marché concurrentiel, les 35 heures ont fait augmenter les couts de production, car les entreprises ont dû embaucher plus de personnel pour maintenir la même productivité. Cela a rendu les entreprises françaises moins compétitives.

La réduction du temps de travail a également diminué la flexibilité des entreprises. Les heures supplémentaires sont plus chères et plus difficiles à mettre en place.

De ce fait, les entreprises ont donc moins de souplesse pour s’adapter aux variations de la demande.

Pendant la crise sanitaire liée au COVID19, l’hôpital public français a été confronté à une pression importante avec une augmentation du nombre des patients nécessitant une prise en charge hospitalière. Cela a mis en évidence l’organisation peu efficiente de l’hôpital public avec la détérioration de la qualité des soins due au manque de moyens, et à la saturation des services hospitaliers.

                                                La régulation

Le Sherman Antitrust Act et le Clayton Antitrust Act ont été adoptés aux Etats Unis à la fin du XIXème siècle pour réglementer les pratiques anticoncurrentielles des grandes entreprises. Ces lois ont été conçues pour prévenir les monopoles et protéger la concurrence sur le marché.

Malgré l’existence de ces lois antitrust, les géants de la technologie comme les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), ont continué à acquérir une influence économique croissante au fil des décennies. Cela est dû en partie à la difficulté de définir les monopoles et les pratiques anticoncurrentielles dans les industries de haute technologie.

En 2021, le président Biden a pris des mesures sectorielles pour tenter de réglementer les pratiques anticoncurrentielles des GAFAM., mais elles sont jugées inefficaces à résoudre le pouvoir exorbitant des grands géants de la technologie.

Dans le cas de la Tunisie, la concentration du pouvoir économique entre les mains de quelques familles engendre une distorsion inéluctable de la concurrence libre et loyale. Il est donc important de promouvoir la transparence et la responsabilité et de mettre en place des politiques publiques appropriées pour promouvoir une concurrence saine et juste, afin de favoriser une répartition plus équitable des richesses. 

Alors, comment pouvons-nous éviter l’impéritie économique ? Comment pouvons-nous nous assurer que les responsables politiques prennent des décisions éclairées et évitent les erreurs du passé ?

La réponse réside dans une approche holistique qui combine des stratégies multiples. Tout d’abord, l’étude de l’histoire économique est cruciale pour identifier les causes des erreurs passées et pour en tirer des enseignements applicables à l’avenir. Ensuite, l’éducation des citoyens en matière économique peut favoriser une prise de conscience collective et participative en vue de réduire les risques d’erreurs économiques. Par ailleurs, l’amélioration de la gouvernance économique, incluant des politiques économiques bien conçues, une réglementation efficace et une gestion rigoureuse des finances publiques, est également un élément clé pour prévenir l’impéritie économique. Assurer la transparence et la responsabilité dans la prise des décisions dans le sens de l’intérêt général permet de combattre efficacement la corruption. Enfin, la coopération internationale peut contribuer à la prévention des erreurs économiques en favorisant la coordination des politiques économiques et la prévention des crises financières.

 

 

Lire la suite

L'intelligence artificielle ou la nouvelle "Odyssée de l'espèce" ?

9 Avril 2023 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 

 Progrès technologiques :

L’intelligence artificielle ou la nouvelle « Odyssée de l’espèce » ?                                                 

     

Par Jamel BENJEMIA

                                                                                           
                                    

                                   

 

Le développement de l’intelligence artificielle (IA) est l’un des domaines les plus passionnants et prometteurs de notre époque. Depuis les années 1950, les chercheurs et les ingénieurs ont travaillé à créer des algorithmes capables de penser et d’apprendre de manière autonome. Les avancées récentes dans ce domaine sont spectaculaires, et l’Intelligence artificielle est devenue une technologie incontournable dans de nombreux secteurs, de la finance à la santé en passant par l’industrie et les services.

Cependant, cette croissance a également suscité des inquiétudes quant aux implications potentielles pour notre société.

Des personnalités publiques, dont Elon MUSK, le patron de Tesla, ont appelé à un moratoire de six mois sur le déploiement de l’intelligence artificielle.

            L’intelligence artificielle générative

L’intelligence artificielle générative (ou « GAN » pour « Generative Adversarial Networks ») est un type d’intelligence artificielle qui permet de générer de nouvelles données à partir de données existantes.

Elle utilise deux réseaux neuronaux : un réseau générateur et un réseau discriminant.

Le réseau générateur prend en entrée un ensemble de données et génère de nouvelles données qui ressemblent à l’ensemble de départ. Le réseau discriminant prend ensuite en entrée ces données générées ainsi que des données réelles, et tente de distinguer les données générées des données réelles.

Les deux réseaux sont simultanément formés : le réseau générateur apprend à générer des données qui trompent le réseau discriminant, tandis le réseau discriminant apprend à distinguer les données générées des données réelles. Au fil du temps, le réseau générateur devient de plus en plus habile à générer des données qui trompent le réseau discriminant, tandis que le réseau discriminant devient de plus en plus habile à distinguer les données générées des données réelles.

Les « GAN » peuvent être utilisés dans de nombreux domaines, tels que la création de contenu artistique (par exemple, de la musique ou des images), la génération de texte ou encore la modélisation de phénomènes physiques. Ils peuvent être utilisés pour améliorer la qualité des données en produisant  des données synthétiques qui peuvent être utilisées pour compléter des données manquantes ou pour équilibrer des ensembles de données atypiques ou déséquilibrés.

Le risque est que les « GAN » soient mobilisés pour manipuler l’information ou créer des données erronées.

Il est donc essentiel de développer des « GAN » éthiques et responsables, qui minimisent les risques et maximisent les avantages pour la société.

Les préoccupations des « long-termistes »

Les « long-termistes » sont des personnes qui s’intéressent aux conséquences à long terme de nos actions présentes, plutôt que des avantages immédiats. En matière d’intelligence artificielle, les « long-termistes » se concentrent sur les risques potentiels associés à l’intelligence artificielle à long terme.

Les craintes des « long-termistes » sont multiples. L’une des principales préoccupations est que l’intelligence artificielle pourrait devenir incontrôlable, en raison de sa capacité à s’améliorer rapidement et de manière autonome. Certains experts craignent que cette intelligence artificielle finisse par prendre des décisions qui ne sont pas conformes aux valeurs humaines ou même qu’elle devienne hostile à l’humanité.

Dans le célèbre roman « 2001 : l’Odyssée de l’espace » d’Arthur C. Clarke, une machine intelligente nommée HAL 9000 prend le contrôle du vaisseau spatial « Discovery One » et tente d’éliminer l’équipage qui est considéré comme une menace pour la mission. Ce roman illustre parfaitement la crainte des « long-termistes » qu’une machine intelligente puisse devenir incontrôlable.

Selon les « long-termistes », l’intelligence artificielle pourrait accélérer la croissance économique de manière excessive, ce qui concentrerait la richesse entre les mains de quelques personnes ou entreprises, entraînant des tensions sociales propices à une révolution de l’équité, de la justice économique ou encore de la distribution des richesses. Nous serions loin des révolutions pacifiques comme celle du Jasmin, pour assister à une véritable explosion sociale.

D’autres peuvent craindre que l’intelligence artificielle ne soit utilisée de manière abusive ou discriminatoire, ou qu’elle ait des effets négatifs sur les droits et les libertés individuelles en surveillant les gens de manière intrusive et en violant leur vie privée. A ce sujet, les dictatures n’ont pas attendu l’intelligence artificielle pour promulguer des lois scélérates et discriminatoires.

Enfin, certains « long-termistes » s’inquiètent de l’impact de l’intelligence artificielle sur l’emploi à long terme. Bien que l’Intelligence artificielle puisse créer de nouveaux emplois dans certains domaines, elle est susceptible de rendre obsolètes de nombreux emplois actuels, en particulier ceux qui impliquent des tâches routinières et répétitives. Si l’intelligence artificielle ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois de remplacement, cela pourrait occasionner un chômage de masse et des problèmes économiques plus larges.

Selon la Banque Goldman Sachs, l’intelligence artificielle pourrait détruire 300 millions d’emplois dans le monde.

La théorie de la croissance destructrice développée par l’économiste Joseph Schumpeter stipule que « pour créer du neuf, il faut faire table rase de l’ancien », c’est-à-dire la destruction d’emplois dans des industries obsolètes, pour permettre l’émergence d’emplois dans de nouvelles industries.    

                              Le progrès

« On peut avoir des ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité ». Cette citation du prix Nobel de l’économie Robert Solow peut s’appliquer à l’intelligence artificielle et aux craintes selon lesquelles, elle pourrait faire augmenter le chômage.

Bien que ces craintes soient légitimes, un moratoire sur le développement de cette technologie serait contraire au progrès. Il est essentiel que les chercheurs, les ingénieurs et les décideurs travaillent ensemble pour créer une intelligence artificielle responsable et éthique. Ce moratoire ne concernerait que les pays à « bonne conscience » en fin de compte.

Nous devons nous rappeler que les avantages économiques de l’intelligence artificielle pourraient être considérables à long terme, et nous devons donc adopter une vision audacieuse plutôt que de nous focaliser uniquement sur les avantages immédiats. Il est essentiel de ne pas avoir une attitude de crainte exagérée, mais de travailler pour dissiper les risques de cette technologie fascinante, que Bill Gates classe comme « l’avancée technologique la plus importante depuis l’ordinateur ».

La technologie de l’intelligence artificielle a déjà apporté de nombreux avantages, et son potentiel pour résoudre certains des plus grands problèmes de notre temps est immense. En limitant la recherche et le développement de l’intelligence artificielle, nous risquons de freiner la croissance économique, d’entraver l’innovation et de ralentir les progrès dans des domaines tels que la santé, l’énergie et la sécurité.

L’intelligence artificielle est un outil puissant qui peut nous aider à résoudre des problèmes complexes et à prendre des décisions plus éclairées.

Cependant, il est important de se rappeler que l’intelligence artificielle est conçue pour suivre des règles et des algorithmes prédéfinis, et qu’elle ne peut pas remplacer complètement le jugement humain.

Par conséquent, nous pouvons rester maîtres de notre destin en utilisant l’intelligence artificielle de manière responsable et en gardant à l’esprit que les décisions finales doivent toujours être prises par des êtres humains.

 

                   L’intelligence humaine

L’intelligence artificielle a joué un rôle important dans la création du vaccin contre le COVID19.

La collaboration entre la Startup tunisienne InstaDeep et le laboratoire allemand BionTech a été bénéfique, elle a permis de réduire considérablement le temps nécessaire à sa conception.

Tout progrès génère des craintes, mais le chemin de l’espoir est plus promoteur que de se lamenter ou de se recroqueviller sur le passé. L’intelligence artificielle n’est pas une menace pour l’humanité en soi, mais plutôt un outil qui peut être utilisé de manière bénéfique ou néfaste. Les craintes peuvent être dissipées en éduquant le public sur la manière dont l’intelligence artificielle fonctionne et en établissant des réglementations appropriées pour son utilisation.

L’intelligence artificielle peut accélérer le processus de découverte de nouveaux traitements et vaccins. C’est un outil formidable, qui peut aider à identifier les patients à haut risque et à suggérer le traitement adéquat.

C’est un cerveau humain qui sera capable de l’utiliser à bon escient.

Les universités américaines (Stanford, Massachusetts, Harvard, Berkeley, Carnegie-Mellon…) forment de plus en plus des ingénieurs à l’Intelligence Humaine, également connue sous le nom d’ingénierie cognitive. Cette discipline se concentre sur la conception de technologies qui imitent ou améliorent les capacités cognitives humaines, telles que la perception, l’apprentissage, la mémoire et la résolution de problèmes. Les ingénieurs en intelligence humaine peuvent travailler  sur une variété de projets, tels que la conception de systèmes de reconnaissance vocale et faciale, la création de robots qui peuvent interagir avec les humains de manière plus naturelle, ou la mise au point de technologies pour aider les personnes atteintes de troubles cognitifs ou d’autres handicaps. Cette tendance témoigne de l’importance croissante de l’intelligence artificielle et de la compréhension de la manière dont les machines et les humains peuvent travailler ensemble de manière plus efficace.  

En fin de compte, faire une pause pour l’intelligence artificielle ne rime à rien.

Nous devons continuer à travailler pour faire avancer la recherche et le développement de cette technologie, tout en veillant à ce qu’elle soit déployée de manière responsable, humaine et éthique, en collaboration avec les comités scientifiques.

Nous pouvons écrire un serment éthique pour les intervenants dans l’intelligence artificielle, dans le but de construire un avenir meilleur et plus brillant pour tous.

Lire la suite
<< < 10 20 21 > >>