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Montée de l’or : présage de prospérité ou tumulte financier ?

21 Avril 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 Montée de l’or : présage de prospérité ou tumulte financier ?                                    

                                                                         

 Par                         

Jamel

BENJEMIA                               

                
                                     

 

L’or, depuis des millénaires, a captivé l’humanité, tant par sa beauté que par sa valeur intrinsèque. Considéré comme un symbole de richesse et de pouvoir, ce métal précieux a traversé les époques, préservant sa place de choix dans l’économie mondiale et dans l’imaginaire collectif. Cependant, son attrait va bien au-delà de sa brillance et de son éclat ; il réside dans sa capacité à agir comme un refuge en période d’incertitude.

Aujourd’hui, alors que le monde est confronté à une multitude de défis économiques, politiques et géopolitiques, l’or retrouve une fois de plus son rôle de protecteur de richesse. Les tensions croissantes au Moyen-Orient et le conflit en Ukraine ne font qu’amplifier cette tendance, poussant les investisseurs à se tourner vers cet actif traditionnel en quête de sécurité et de stabilité.

Mais derrière cette montée de l’or se pose une question essentielle : est-ce un présage de prospérité ou de tumulte financier ? En d’autres termes, l’engouement pour l’or reflète-t-il un optimisme prudent quant à l’avenir économique, ou bien annonce-t-il des temps difficiles à venir ?

En nous appuyant sur des données historiques, des analyses d’experts et des tendances actuelles, nous tenterons de répondre à cette question centrale et d’apporter un éclairage sur le rôle de l’or dans le paysage financier mondial contemporain.

 

Facteurs économiques et politiques

En période d’incertitude économique, les investisseurs cherchent des actifs stables et sûrs pour protéger leur richesse, et l’or a longtemps été considéré comme le refuge ultime dans de telles circonstances.

Sa valeur intrinsèque et son statut de réserve de richesse ont été renforcés au fil du temps par sa capacité à se prémunir contre l’inflation.

Lorsque les prix augmentent, l’or maintient généralement sa valeur, préservant ainsi le pouvoir d’achat des investisseurs dans des conditions inflationnistes.

Sur le plan politique, les tensions géopolitiques et les crises internationales peuvent également stimuler la demande d’or en tant que valeur refuge.

Les récentes tensions au Moyen Orient et le conflit en Ukraine ont amplifié cette tendance, alimentant une augmentation de la demande d’or comme actif de refuge.

En résumé, les facteurs économiques et politiques jouent un rôle majeur dans la montée de l’or.

 

Analyse des périodes d’incertitude et de crise

Dans les périodes agitées de crises économiques et de tensions géopolitiques, l’or émerge comme un pivot de stabilité, attirant les investisseurs en quête de sécurité.

Son histoire regorge d’exemples où sa valeur inébranlable a préservé la richesse des investisseurs, même lors des crises financières les plus graves, comme celle 2008 et la récente pandémie de COVID-19 en 2020.

Une étude pionnière menée par Virginie Coudert et Hélène Raymond en 2012, intitulée « L’or est-il une valeur refuge pendant les récessions et les crises boursières ? » a exploré en profondeur la relation entre l’or et la stabilité économique.

En utilisant le modèle « ARMA-GARCH-X », les chercheurs ont examiné les covariances conditionnelles entre l’or et les actions, révélant ainsi son rôle de refuge pendant les périodes de crise.

Les conclusions de cette étude mettent en lumière trois observations clés : premièrement, la covariance entre l’or et les actions diminue en moyenne pendant les périodes de crise, indépendamment qu’il s’agisse de récessions ou de marchés baissiers. Deuxièmement, pendant ces périodes tumultueuses, l’or affiche une covariance négative ou neutre avec les actions, ce qui suggère son rôle relatif de refuge.

Enfin, l’or peut servir efficacement de couverture pour les détenteurs d’actions dans la plupart des cas, bien que son efficacité puisse fluctuer selon les contextes nationaux.

En résumé, malgré ses rendements historiquement modérés, l’or demeure, un instrument précieux pour diversifier les portefeuilles d’actions, surtout en période de crise.

 

Perspectives pour l’avenir de l’or

En scrutant l’horizon économique, l’or persiste dans son rôle majeur de refuge et de gardien de la richesse, mais son avenir est soumis à une mosaïque de variables à considérer attentivement.

D’abord, les prévisions des analystes sur les marchés de l’or varient selon une multitude de facteurs : l’évolution de l’économie mondiale, les décisions des banques centrales et les soubresauts des marchés financiers.

Les prévisions audacieuses de JPMorgan, envisageant une once d’or à 2300 dollars en 2024 ou un lingot d’un kilogramme à 74000 dollars, ont été franchies le 4 Avril 2024, et les experts de JPMorgan tablent maintenant sur une once d’or à 2500 dollars.

Pourtant, les perspectives divergent parmi les investisseurs. Certains voient dans l’or un abri stable contre l’inflation et les tourments financiers, tandis que d’autres pointent du doigt les défis liés à la possession d’actifs non productifs et la volatilité des prix de l’or.

Si certains resteront fidèles à l’or comme balise de sécurité et rempart contre les risques, d’autres pourraient s’aventurer vers des alternatives d’investissement promettant des rendements plus lucratifs dans un climat économique instable.

Dans cette quête pour comprendre le rôle de l’or dans l’économie et les marchés financiers, nous avons navigué à travers les méandres de l’incertitude et de la spéculation. À travers l’objectif aiguisé du modèle « ARMA-GARCH-X » et les projections audacieuses de JPMorgan, nous avons dévoilé un tableau captivant de la nature changeante de cet actif précieux.

L’or, tel un astre céleste dans le firmament des marchés, brille de sa propre lumière en période de tourmente. Les résultats de notre étude révèlent son rôle indéniable en tant que phare de stabilité dans les tempêtes financières, offrant refuge et protection dans un océan tumultueux d’incertitude.

Les prévisions de JPMorgan, telles des cartes dessinées par un navigateur chevronné, tracent une route vers des horizons encore inexplorés.

Dans cette quête de vérité financière, nous avons découvert que l’or est bien plus qu’un métal précieux. C’est un symbole de résilience, de stabilité et d’espérance dans un monde en perpétuelle évolution.

Que l’on contemple les étoiles scintillantes dans un ciel nocturne ou les chiffres dansants sur les écrans boursiers, l’or demeure un pilier solide dans le tumulte des marchés, offrant aux chercheurs de fortune un refuge dans la tempête et une promesse de lumière dans les ténèbres de l’incertitude financière.

Ainsi, l’or continue son périple dans les marécages de la finance mondiale, offrant à la fois une ancre de stabilité virtuelle pour certains et une source de débat pour les investisseurs avisés.

La fin de la convertibilité du dollar en or, décidée par l’administration Nixon en 1971, a été une occasion décisive dans l’histoire financière mondiale.

Pour la petite histoire, Richard Nixon était membre de la délégation américaine, sous la direction du Sous-Secrétaire au Trésor des États-Unis, Harry Dexter White, lors des accords de Bretton Woods en 1944. Parallèlement, la délégation britannique était conduite par le célèbre économiste John Maynard Keynes.

 La fin de la convertibilité a affaibli l’or en tant que référence monétaire, car elle a mis fin au système de Bretton Woods, dans lequel les monnaies étaient liées à une quantité fixe d’or.

Cette décision a conduit à une plus grande flexibilité des politiques monétaires des banques centrales et a ouvert la voie à un système monétaire plus flexible et des taux de change flottants.

Dans cet environnement économique plus instable, l’or a repris naturellement sa place de valeur refuge, car « la nature a horreur du vide », et la réalité s’adapte plus vite aux « forces invisibles des marchés ».

L’or est un trésor précieux qui ne perd jamais de sa valeur et de sa splendeur, illuminant ainsi le chemin des investisseurs avec son éclat intemporel dans les temps de prospérité comme dans les tourments financiers.

Cependant, comme le souligne Warren Buffet plus connu sous le nom d’« Oracle d’Omaha » pour ses prévisions souvent précises sur les marchés financiers, il est important de reconnaître que l’or reste un investissement non productif, contrairement à d’autres actifs tels que l’immobilier ou les actions, qui ont le potentiel de générer des revenus sur le long terme.

 Montée de l’or : présage de prospérité ou tumulte financier ?
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L’érosion côtière au Maghreb : une impérieuse nécessité d’action

14 Avril 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 L’érosion côtière au Maghreb :

une impérieuse nécessité d’action                                                  

Par Jamel

BENJEMIA                                                 
                                                                      

Le littoral maghrébin, riche en diversité écologique et culturelle, représente une ressource vitale pour les pays de la région. Non seulement il abrite une biodiversité exceptionnelle, inscrite parmi les 25 principales zones critiques de biodiversité au monde, mais il constitue également un moteur économique majeur.

Les activités liées à l’économie bleue, telles que le tourisme et la pêche, jouent     un rôle significatif dans le PIB et assurent des moyens de subsistance à des millions de personnes dans les pays maghrébins. En effet, le littoral est le lieu de vie et de travail de la majorité de la population de la région, soulignant ainsi son importance sociale et économique indéniable.

Cependant, malgré son importance cruciale, le littoral maghrébin est confronté à une menace croissante : l’érosion côtière. Cette érosion, exacerbée par des facteurs anthropiques tels que l’extraction du sable, le développement non durable des infrastructures côtières, et même la pratique persistante du déversement des eaux usées dans certaines régions, met en péril les écosystèmes côtiers ainsi que les moyens de subsistance des populations locales. Face à cette menace grandissante, il est impératif d’agir rapidement et efficacement pour préserver la santé et la vitalité du littoral maghrébin.

Causes et conséquences de l’érosion

Les causes et les conséquences de l’érosion côtière au Maghreb sont multifactorielles et ont des répercussions significatives sur les écosystèmes côtiers et les populations locales.

D’une part les pressions anthropiques jouent un rôle majeur dans l’aggravation de l’érosion côtière dans le Maghreb.

Dans une danse implacable, l’extraction excessive de sable, souvent destinée à la construction, dérobe aux rivages leur précieuse source de régénération, les condamnant ainsi à une disparition lente mais inexorable. Parallèlement, le développement anarchique des infrastructures côtières (paillotes, digues, routes, extensions hôtelières…), perturbe le ballet millénaire des sédiments, accentuant davantage l’étreinte de l’érosion. Sous le regard impassible des barrages érigés le long des fleuves intérieurs, le flux vital des sédiments vers le littoral est entravé, privant les plages de leur capacité régénératrice. Et tel un sombre écho, les eaux usées, abandonnées sans remords dans certaines régions, viennent alourdir le fardeau de l’érosion côtière, souillant irrémédiablement ces rivages jadis immaculés.

D’autres part, les conséquences de l’érosion côtière sont multiples et touchent à la fois les écosystèmes et les communautés humaines.

Sur le plan écologique, l’érosion côtière entraîne la perte d’habitats naturels essentiels tels que les dunes, les mangroves et les récifs coralliens, affectant ainsi la biodiversité marine et terrestre.

De plus, la diminution des plages expose les terres intérieures aux risques d’inondation et de submersion, menaçant les infrastructures côtières et les habitations situées à proximité.

Sur le plan socio-économique, l’érosion côtière menace les moyens de subsistance des populations locales dépendantes de l’économie bleue, tels que les pêcheurs et les travailleurs du secteur touristique, en réduisant les ressources disponibles et en provoquant une perte de revenus.

Les pouvoirs publics doivent prendre des mesures urgentes pour atténuer ces pressions et mettre en place des stratégies de gestion intégrée des zones côtières afin de préserver la santé et la résilience du littoral maghrébin.  

 Analyses des données et constats

L’analyse des données et des constats sur l’érosion côtière au Maghreb permet de comprendre l’ampleur du phénomène et ses implications à long terme pour la région.

Une étude menée par des chercheurs en collaboration avec des organisations telles que le Centre National d’Océanographie (NOC) au Royaume Uni et l’Agence Spatiale Européenne (ESA) a permis d’obtenir des données précises sur l’évolution du littoral maghrébin. Ces données ont révélé que l’érosion côtière progresse à un rythme alarmant dans la région, dépassant largement la moyenne mondiale.

Tel un vieux conte dont les pages se tournent au fil des ans, le littoral maghrébin a vu ses rivages reculer, inexorablement grignotés par les flots insatiables. Entre les années 1984 et 2016, chaque année, il perdait en moyenne 15 centimètres de sa précieuse étendue, un rythme effréné qui dépasse de loin le modeste avancement de 7 centimètres par an observé à l’échelle mondiale. C’est ainsi que, sous le poids des marées implacables, se jouait le drame silencieux de la disparition progressive de ces terres baignées par les eaux bleues de la mer Méditerranée et de l’océan Atlantique.

Ce rythme d’érosion est particulièrement prononcé en Tunisie, où le littoral recule de près de 70 centimètres par an en moyenne, suivi de la Libye avec 28 centimètres par an.

Au Maroc, le recul est également significatif, atteignant 12 centimètres par an sur la façade atlantique et 14 centimètres par an sur la côte méditerranéenne.

Cette analyse met en lumière les zones les plus touchées par l’érosion côtière, identifiant des « points chauds » où le recul du littoral est particulièrement rapide.

Ces constats soulignent l’urgence d’agir pour protéger ces zones vulnérables et prévenir une détérioration encore plus importante des écosystèmes côtiers.

En outre, l’étude a permis d’estimer les coûts économiques annuels associés à l’érosion côtière dans la région. Les pertes de terres et d’infrastructures représentent environ 2.8% du PIB en Tunisie, 0.7% en Libye, 0.4% au Maroc et 0.2% en Algérie.

Ces coûts ne prennent cependant pas en compte d’autres facteurs économiques importants, tels que la diminution des revenus issus du tourisme ou de la pêche, ce qui suggère que le véritable impact économique de l’érosion côtière pourrait être beaucoup plus important.

Mesures de lutte contre l’érosion côtière

Pour lutter contre l’érosion côtière au Maghreb, des mesures concrètes doivent être mises en place, combinant des approches basées sur la nature et des interventions d’ingénierie.

La gestion durable des côtes nécessite la mise en œuvre de programmes de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC), impliquant la coordination entre différents acteurs pour planifier et mettre en œuvre des stratégies de préservation du littoral. Dans le cadre de ces programmes, les solutions basées sur la nature sont privilégiées, telles que la stabilisation des dunes par la plantation de végétation native et la réhabilitation des récifs coralliens.

Parallèlement, des mesures d’ingénierie dites « douces » peuvent être mises en œuvre, telles que le rechargement des plages et l’installation de brise-vent.

Enfin, la lutte contre l’érosion côtière nécessite également des mesures de gestion des ressources naturelles, telles que l’interdiction de l’extraction illégale du sable et le déversement des eaux usées, ainsi que la rénovation des barrages sur les fleuves à l’intérieur des terres.

Recommandations et perspectives futures

Les recommandations et perspectives futures pour lutter contre l’érosion côtière au Maghreb sont essentielles pour assurer la durabilité et la résilience des écosystèmes côtiers ainsi que la protection des populations locales.

Tout d’abord, il est important que les États du Maghreb renforcent leur préparation et leur capacité à faire face aux effets néfastes de l’érosion côtière. Cela passe par la mise en œuvre de politiques et de réglementations robustes visant à limiter les activités anthropiques qui contribuent à l’érosion côtière.

L’érosion côtière au Maghreb représente un défi majeur qui nécessite une action immédiate et coordonnée.

Ce phénomène menace la biodiversité, l’économie et les communautés locales de la région, mettant en péril les moyens de subsistance et la sécurité des populations vivant le long du littoral.

Cependant, malgré les défis posés par l’érosion côtière, il existe des solutions potentielles qui peuvent atténuer son impact et promouvoir un développement durable des zones côtières.

La mise en œuvre de programmes de gestion intégrée des zones côtières, combinée à des mesures de protection naturelles et à des interventions d’ingénierie, peut contribuer à renforcer la résilience des écosystèmes côtiers et à préserver les communautés qui en dépendent.

En outre, la coopération régionale et internationale est essentielle pour aborder efficacement le problème de l’érosion côtière.

Les États du Maghreb devraient collaborer avec d’autres pays riverains de la Méditerranée ainsi qu’avec des organisations internationales telles la Banque mondiale et l’Union Européenne pour partager des connaissances, des ressources et des meilleures pratiques en matière de gestion intégrée des zones côtières.

Enfin, il est important d’adopter une approche adaptative et évolutive dans la gestion de l’érosion côtière, en tenant compte des changements environnementaux et socio-économiques à long terme.

En agissant de manière proactive et en mettant en œuvre des solutions durables, les États du Maghreb peuvent protéger leurs littoraux et assurer un avenir viable pour les générations futures.

 

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 « La construction sociale de la réalité » : miroir ou sculptrice de notre conscience collective ?                                                 

7 Avril 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 

 « La construction sociale de la réalité » : miroir ou sculptrice de notre conscience collective ?                                                 

Par

 Jamel

 BENJEMIA

                                                                
                                                                      

 

Dans le domaine de la sociologie, certaines œuvres se distinguent par leur capacité à transformer radicalement notre compréhension de la société. Parmi ces ouvrages, « La construction sociale de la réalité », le livre écrit par Peter L. Berger et Thomas Luckmann, occupe une place prépondérante dans l’imaginaire collectif des sociologues et des chercheurs en sciences sociales.

Publié en 1966 aux Etats Unis et traduit en français vingt ans après, cet ouvrage a révolutionné le champ de la sociologie en proposant une approche novatrice de la manière dont la réalité est perçue et interprétée au sein des sociétés humaines.

L’œuvre  de Berger et Luckmann marque un tournant dans la discipline sociologique en dépassant les limites des paradigmes traditionnels pour offrir « une théorie générale de la société ».

Leur démarche théorique vise à dépasser les oppositions en sciences sociales, telles que « individu/collectif, idéal/matériel, objectif/subjectif », en mettant en lumière le rôle central des interactions sociales dans la construction de la réalité.

Principes de « La construction sociale de la réalité »

Les principes de « La construction sociale de la réalité » reposent sur une vision moderne de la manière dont les individus et les sociétés humaines interagissent pour donner forme à ce que nous percevons comme étant la réalité.

Berger et Luckmann proposent une analyse profonde des processus par lesquels la réalité est socialement construite, remettant en question les conceptions traditionnelles qui attribuent à la réalité une existence indépendante des êtres humains.

Au cœur de cette perspective se trouve la reconnaissance que la réalité n’est pas une donnée  objective et immuable, mais plutôt le résultat d’une construction sociale continue, façonnée par les interactions entre individus et institutions de la société.

Berger et luckmann affirment que la réalité est socialement construite à travers un processus complexe de « typification, d’institutionnalisation et d’objectivation ».

Le processus de « typification » consiste à catégoriser et à classer les expériences et les phénomènes en fonction de schémas de compréhension préexistants.

Ces « typifications » sont ensuite institutionnalisées à travers des pratiques sociales, des normes et des institutions qui contribuent à leur reproduction et à leur transmission dans la société.

Un exemple éclairant est celui où un syndicat proclame : « cette réforme est une ligne rouge », illustrant comment une « typification » peut cristalliser une position ou une limite à ne pas franchir.

Enfin, les « typifications institutionnalisées » sont objectivées, c'est-à-dire qu’elles acquièrent une existence indépendante et semblent exister en dehors des individus qui les ont créées.

Ces constructions sociales sont façonnées par des processus historiques, culturels et politiques, et peuvent varier d’une société à l’autre.

Berger et Luckmann insistent sur le rôle central des interactions sociales dans la construction de la réalité. Les individus participent activement à ce processus à travers leurs interactions quotidiennes, leurs pratiques culturelles et leurs institutions sociales.

Cependant, ils soulignent également que la réalité sociale n’est pas entièrement subjective, mais plutôt le produit de schémas de compréhension partagés et de structures sociales qui transcendent les expériences individuelles.

 Applications de la théorie dans la société moderne  

Dans l’univers dynamique de la société moderne, la théorie de « La construction sociale de la réalité » émerge tel un phare, illuminant les contours changeants des phénomènes sociaux contemporains. Tel un habile tisserand, elle dévoile comment les interactions humaines, les normes culturelles et les institutions convergent pour façonner notre perception de la réalité, insufflant ainsi vie et signification à nos actions individuelles et collectives.

Pourtant, il est important de se rappeler que lorsque Berger et Luckmann ont formulé leur théorie en 1966, l’Internet et les médias sociaux n’étaient que des concepts lointains, absents de notre réalité quotidienne. À l’époque, les médias traditionnels exerçaient une influence prédominante dans la construction des cadres interprétatifs et dans la diffusion des discours politiques et culturels.

Cependant, depuis lors, le paysage médiatique a subi une transformation radicale avec l’avènement de l’Internet et des médias sociaux. Ces plateformes numériques sont devenues des piliers incontournables de notre réalité partagée, façonnant nos perceptions et nos interactions de manière profonde et étendue.

Dans l’arène politique, les médias sociaux ont émergé comme des forces puissantes, capables d’amplifier et de déformer les idéologies politiques à une échelle jamais vue auparavant. Les récits politiques se propagent à une vitesse vertigineuse sur ces plateformes, influençant l’opinion publique et redéfinissant les dynamiques du pouvoir.

De même, dans le paysage culturel contemporain, les médias sociaux jouent un rôle déterminant dans la transmission des normes, des valeurs et des identités sociales.

Des vidéos virales aux discussions en ligne, ils façonnent les tendances culturelles et contribuent à la construction de l’imaginaire collectif, souvent de manière subtile et insidieuse.

Enfin, dans le dédale des identités sociales, les médias sociaux deviennent des arènes où se jouent des luttes incessantes pour la reconnaissance et la légitimité. Ils offrent des espaces de représentation et de visibilité, mais peuvent aussi perpétuer des stéréotypes et des préjugés, exacerbant ainsi les divisions au sein de la société.

En somme, si la théorie de « La construction sociale de la réalité » offre un cadre analytique puissant pour comprendre les dynamiques sociales contemporaines, elle doit être réévaluée à la lumière du rôle croissant des médias sociaux dans notre société moderne.

Ces plateformes numériques, dont le poids est devenu prépondérant, méritent une place centrale dans nos réflexions sociologiques pour appréhender la complexité de notre réalité collective.

Au cœur de cette perspective réside la reconnaissance de l’importance des interactions sociales, des institutions et des représentations symboliques dans la construction de la réalité sociale.

En comprenant comment ces éléments entrelacés influencent notre perception de la réalité et façonnent nos comportements individuels et collectifs, nous sommes mieux équipés pour naviguer dans le labyrinthe de la société moderne.

Rousseau, Ibn Khaldoun face à Berger et Luckmann

Tant la théorie de « La construction sociale de la réalité » que les réflexions du philosophe Rousseau convergent vers une vision commune de la réalité sociale comme le fruit des interactions humaines, des institutions et des représentations symboliques. Cette interconnexion complexe entre les individus et leur environnement social façonne notre perception de la réalité et influence nos comportements individuels et collectifs au sein de la société moderne.

Cependant, où la théorie de « La construction sociale de la réalité » insiste sur l’importance du pacte social en tant que fondement vital de la paix sociale et la cohésion communautaire, Rousseau va plus loin en conceptualisant le pacte social comme un édifice complexe, érigeant les bases politiques et sociales des sentiments humains.

Pour lui, ce pacte n’est pas simplement un contrat abstrait, mais une création collective visant à forger et à renforcer les liens sociaux et affectifs entre les individus.

Ainsi, les deux approches mettent en lumière l’importance vitale de la dimension affective et politique dans la construction de la réalité sociale.

Alors que la théorie de «La construction sociale de la réalité » invite à réfléchir sur notre rôle en tant qu’acteurs sociaux dans la construction de la réalité, les réflexions de Rousseau soulignent l’importance de la dimension affective du lien qui unit les membres d’une communauté.

En fin de compte, ces perspectives complémentaires nous invitent à envisager la réalité sociale comme une pyramide complexe, façonnée par des interactions humaines, des institutions et des dynamiques affectives, et à reconnaître l’importance du pacte social comme fondement essentiel de notre existence collective.

En nous engageant dans un dialogue ouvert et respectueux avec les autres, nous pouvons contribuer à renforcer le pacte social et à promouvoir la paix sociale dans notre monde complexe et en mutation constante.

En adoptant une approche qui privilégie les faits sociaux et qui rejette le déterminisme rigide, nous pouvons reconnaitre le legs intellectuel d’Ibn Khaldoun et sa démarche constructive favorisant l’être à la pensée.

Ibn Khaldoun anticipe de manière remarquable les fondements de « La construction  sociale de la réalité ».

Sa perspective dynamique et nuancée sur la société humaine, illustrée par sa célèbre citation « L’homme est sociable par nature », met en lumière l’importance de comprendre les interactions sociales, les institutions et les représentations symboliques dans la formation de la réalité sociale. En reconnaissant l’intrinsèque sociabilité de l’être humain, Ibn Khaldoun souligne la pertinence des relations interpersonnelles et des dynamiques dans la construction et la compréhension de la réalité sociale, bien avant Berger et Luckmann.

 

 

 

 « La construction sociale de la réalité » : miroir ou sculptrice de notre conscience collective ?                                                 
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Le prochain Krach boursier : une question de temps ?

31 Mars 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 

 Le prochain Krach boursier :

une question de temps ?                                                   

Par

 Jamel

 BENJEMIA

                                       


                                
                       

                                               

 

Actuellement, les marchés financiers mondiaux voient les valeurs liées à l’Intelligence Artificielle (IA), ainsi que les actions, les obligations et les actifs numériques, s’envoler.

Cependant, derrière cette  apparente euphorie se cachent souvent les signes précurseurs d’une crise financière imminente.

Dans ce contexte, il est impératif d’élaborer un plan pour anticiper et gérer un éventuel krach boursier, afin de limiter ses conséquences dévastatrices sur l’économie mondiale.

Les signes avant-coureurs d’une bulle boursière sont de plus en plus évidents, avec une augmentation rapide des valorisations des actifs, souvent déconnectée des fondamentaux économiques.

Cette situation rappelle les précédents historiques, notamment la bulle internet des années 1990-2000, où l’euphorie spéculative a été suivie d’un effondrement brutal des marchés. Ainsi, une analyse approfondie des paramètres récents et des leçons tirées de l’histoire est essentielle pour évaluer les risques actuels et élaborer des stratégies d’atténuation appropriées.

Outre la spéculation excessive, l’endettement abyssal américain constitue un autre facteur de vulnérabilité pour l’économie mondiale.

Dans ce contexte, il est crucial de recommander aux banques centrales des politiques monétaires prudentes et des investissements productifs pour soutenir l’économie réelle et atténuer les risques systémiques.

 

Prémices d’une crise

L’observation des récentes fluctuations sur les marchés financiers mondiaux révèle une tendance inquiétante.

Cette hausse spectaculaire des prix des actions liées à l’Intelligence Artificielle (IA), combinée à un engouement spéculatif croissant, soulève des interrogations quant à la formation d’une bulle boursière susceptible d’éclater à tout moment.

Les signes précurseurs de cette bulle sont multiples et variés, allant de la montée en flèche des cours des actions sur les grandes places financières à l’essor des actifs numériques, en passant par la volatilité accrue sur les marchés obligataires.

La situation actuelle rappelle les précédents historiques, notamment la bulle internet des années 1990-2000, où l’optimisme  démesuré des investisseurs a été suivi d’une correction brutale des marchés.

Tout comme à l’époque, les investisseurs sont en proie à une frénésie spéculative, attirés par les promesses de gains rapides et faciles. Cependant, cette exubérance irrationnelle est souvent déconnectée des réalités économiques, ce qui accroît le risque de retournement brutal des marchés.

Une autre source d’inquiétude réside dans la politique monétaire accommodante adoptée par de nombreuses banques centrales occidentales au cours des dernières années. Cette politique a maintenu les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas dans le but de stimuler la croissance économique.

Néanmoins, cette politique a incité certains gouvernements à contracter des dettes excessives, lesquelles devront inévitablement être remboursées à terme.

Cette approche a également alimenté la spéculation excessive et l’accumulation de dettes, exacerbant ainsi les risques de bulle financière.

Face à cette situation, il est impératif d’adopter une approche proactive pour anticiper et gérer un éventuel krach boursier. Cela nécessite une analyse minutieuse des risques actuels, ainsi que la mise en œuvre de mesures d’atténuation appropriées pour limiter les dommages potentiels sur l’économie mondiale.

 Comparaison historique  

Pour mieux appréhender les risques actuels sur les marchés financiers, il est instructif d’examiner les précédents historiques, en particulier la bulle internet des années 1990-2000. À cette époque, l’engouement pour les actions technologiques avait atteint des sommets sans précédent, propulsé par l’émergence de l’internet et les promesses de croissance exponentielle. Les investisseurs étaient convaincus que les nouvelles technologies révolutionneraient l’économie et créeraient de nouvelles opportunités d’investissement.

Comme l’a souligné Robert Solow dans une citation célèbre en juillet 1987 dans un article du New York Times, « on peut voir les ordinateurs partout sauf dans les statistiques de productivité ».

Cependant, cette exubérance irrationnelle a rapidement cédé la place à la réalité lorsque la bulle Internet a éclaté au tournant du millénaire, entraînant des pertes massives pour de nombreux investisseurs.

Dans un contexte similaire, l’évolution actuelle de l’Intelligence Artificielle (IA) et des cryptomonnaies présente des parallèles intéressants avec la bulle internet de l’époque, l’Intelligence Artificielle (IA)  est perçue comme une technologie révolutionnaire avec le potentiel de transformer radicalement divers secteurs de l’économie. Les investisseurs sont attirés par les promesses de croissance exponentielle et de gains substantiels découlant de l’adoption généralisée de l’Intelligence Artificielle (IA).

De même, les cryptomonnaies ont suscité un engouement comparable, avec des investisseurs enthousiastes cherchant à tirer profit de la montée en puissance de ces actifs numériques décentralisés. La spéculation entourant les cryptomonnaies, tout comme celle observée lors de la bulle internet, entraîne une augmentation rapide des valorisations, souvent déconnectées des fondamentaux sous-jacents.

Cependant, tout comme la bulle internet des années 1990-2000, ces tendances spéculatives pourraient se heurter à la réalité et entraîner un effondrement brutal des prix.

Les investisseurs pourraient alors subir des pertes importantes, tandis que les marchés financiers pourraient connaître une période de turbulence prolongée.

Il est donc essentiel de tirer des leçons de l’histoire et d’adopter une approche prudente vis-à-vis de l’engouement actuel pour l’Intelligence Artificielle (IA)  et les cryptomonnaies.

Une évaluation réaliste des perspectives de croissance et des risques associés est nécessaire pour éviter une répétition des erreurs passées et pour assurer une gestion plus saine des investissements dans ces domaines.

 

 

La dette et le retour de l’inflation

La flambée de la dette mondiale suscite de vives inquiétudes dans le paysage financier actuel, soulignant la croissante dépendance des économies mondiales à l’égard de l’endettement pour favoriser la croissance. À la clôture de l’année 2023, la dette américaine avait franchi un seuil record de 34598 milliards de dollars, révélant non seulement les défis internes aux Etats-Unis, mais aussi l’impact indirect sur d’autres économies. Cela se manifeste par les tergiversations du FMI à accorder 2 milliards de dollars à la Tunisie, assorties de conditions jugées excessives.

Cette expansion massive de la dette comporte des risques significatifs, notamment celui de provoquer un retour de l’inflation. Les politiques monétaires accommodantes mises en œuvre par de nombreuses banques centrales occidentales ont maintenu les taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas, ce qui a facilité l’endettement excessif.

Cependant, cette politique peut également provoquer une accélération de l’inflation. Une inflation plus élevée réduirait le pouvoir d’achat des consommateurs, entraînant une baisse de la demande de biens et de services, susceptible de plonger les économies dans une récession.

De plus, l’inflation pourrait conduire à une augmentation des taux d’intérêt, alors que les banques centrales cherchent à contenir la hausse des prix, ce qui rendait l’emprunt plus couteux et pourrait peser sur la croissance économique ainsi que sur les finances publiques déjà fragiles.

Face à cette menace potentielle, il est impératif pour les décideurs politiques de prendre des mesures pour maîtriser la dette et contenir l’inflation. Cela pourrait impliquer une réduction des déficits budgétaires, une normalisation progressive de la politique monétaire et des réformes structurelles visant à stimuler la croissance économique et à renforcer la résilience financière.

Les banques centrales et les gouvernements doivent coordonner leurs efforts pour mettre en œuvre une politique monétaire différenciée, adaptée aux secteurs où le potentiel de rendement sur investissement est le plus prometteur. Cette approche permettrait  une progression graduelle vers des taux d’intérêt plus élevés là où la croissance économique est robuste, tandis qu’elle maintiendrait des conditions accommodantes dans des secteurs porteurs nécessitant un soutien supplémentaire pour s’épanouir.

En parallèle, une communication transparente et cohérente de la part des banques centrales est essentielle pour apaiser les incertitudes du marché financier.

Cependant, au sein de cette stratégie économique, il est crucial de favoriser l’investissement productif pour stimuler la croissance durable de l’économie réelle. Les banques centrales doivent opérer une transition audacieuse, passant d’une posture défensive à une attitude offensive en faveur de la croissance.

Enfin, dans un effort de coopération internationale, les banques centrales devraient unir leurs forces pour prévenir les déséquilibres sur la scène financière mondiale.

En harmonisant ces recommandations, les banques centrales pourraient diriger avec assurance l’économie mondiale vers des horizons plus stables et prospères.

Il est essentiel de rappeler que les banques centrales ne sont pas limitées à choisir entre l’austérité et les politiques monétaires très accommodantes. Un troisième choix crucial réside dans l’orientation vers l’investissement productif dans des secteurs porteurs tels que les énergies renouvelables.

En privilégiant cet axe, elles peuvent contribuer à rétablir le cercle vertueux de l’économie, favorisant ainsi la croissance durable et la résilience face aux défis contemporains, tout en évitant le prochain krach boursier.

En économie, cela signifie oser prendre des initiatives créatives et entreprendre des actions audacieuses pour insuffler un vent de changement et débloquer de nouveaux horizons de prospérité.

 

 

 

 

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Quelle culture détient la clé du bonheur ?                 

24 Mars 2024 , Rédigé par Jamel BENJEMIA / Journal LE TEMPS Publié dans #Articles

 

Quelle culture détient la clé du bonheur ?         

                                 

Par

 Jamel

 BENJEMIA

                                                

 

Le bonheur, tel un kaléidoscope, se révèle dans la diversité des expériences humaines, où chaque couleur, chaque forme contribue à créer la beauté de notre existence.

Pourtant, sa perception varie considérablement selon les cultures, reflétant les valeurs, les croyances et les traditions propres à chaque société.

Cette exploration des diverses conceptions du bonheur à travers les cultures et les traditions offre un regard fascinant sur la richesse des expériences humaines et des chemins vers le bien-être.

Nous embarquons ainsi dans un voyage transculturel, explorant les conceptions du bonheur dans les cultures occidentales, orientales, africaines et autochtones.

Alors que certaines sociétés occidentales mettent en avant l’individualisme et la réussite personnelle, d’autres, comme les cultures orientales, privilégient l’harmonie intérieure et la connexion spirituelle.

Les cultures africaines et autochtones nous enseignent également des leçons précieuses sur le bonheur, en soulignant l’importance des liens communautaires, de la gratitude envers la nature et de la connexion avec les ancêtres.

A travers cette diversité de perspectives, nous sommes invités à remettre en question nos propres idées sur le bonheur et à reconnaître la richesse des différentes approches vers le bien-être.

Enfin, cette exploration interculturelle du bonheur nous offre l’opportunité non seulement de comprendre les autres, mais aussi de mieux nous comprendre nous-mêmes, nous incitant à réfléchir sur nos propres valeurs, aspirations et sources de joie dans la vie.

 

 

Le bonheur dans la culture occidentale

Dans la culture occidentale, le bonheur est souvent envisagé comme une quête individuelle axée sur la réalisation personnelle et la recherche du plaisir.

Cette vision plonge ses racines dans les fondements philosophiques de la Grèce antique, où des penseurs comme Aristote ont exploré les concepts de bonheur connus sous le nom d’ « Eudaimonia », comme l’accomplissement du potentiel humain.

Cette notion est contrastée avec l’ « Hedonia », mettant en évidence la différence entre une bonne vie basée sur la vertu et une vie axée sur le plaisir.

Pour les Grecs, le bonheur était étroitement lié à la vertu et à l’atteinte de l’excellence dans tous les domaines de la vie.

 L’avènement du christianisme a également influencé la conception du bonheur, en mettant l’accent sur des idéaux religieux tels que la piété, la vertu et la promesse d’une vie éternelle après la mort.

Au fil du temps, la modernité occidentale a vu émerger une vision du bonheur davantage axée sur l’individualisme et la recherche du plaisir personnel.

Aujourd’hui, dans les sociétés occidentales contemporaines, le bonheur est souvent associé à la réussite professionnelle, à la possession de biens matériels et à la quête du plaisir sensoriel. Cependant, cette vision individualiste du bonheur peut parfois conduire à l’isolement social et à un sentiment de vide existentiel, suscitant ainsi un questionnement sur les véritables sources de bien-être et de satisfaction dans la vie moderne.

 

 

 

 Le bonheur dans la culture orientale

Dans les cultures orientales, le bonheur est envisagé d’une manière distincte de celle des cultures occidentales, mettant particulièrement l’accent sur la recherche de l’harmonie intérieure, la sagesse et l’éveil spirituel.

Ces cultures, comprenant le monde musulman et arabe, la tradition hindoue, le taoïsme et le bouddhisme, offrent une perspective alternative sur le bonheur. Dans la religion musulmane, le bonheur est intimement lié à la soumission à la volonté de Dieu et à la pratique des enseignements religieux. Il est intimement lié à la recherche du salut spirituel et à une relation étroite avec le divin. Cette connexion spirituelle offre un équilibre émotionnel et une paix intérieure, guidant les fidèles vers un état de bonheur durable et profondément satisfaisant. Il parait que dans les méandres envoûtants du soufisme musulman, l’âme étreinte s’élève jusqu’à l’extase du bonheur ultime.

Dans le bouddhisme, le bonheur découle de la libération de la souffrance et de la cultivation de la bienveillance, tandis que dans le taoïsme, il est associé à l’harmonie avec la nature et à la cultivation du « qi », ou énergie vitale.

Quant à la tradition hindoue, le bonheur est souvent lié à la notion de « Dharma », ou devoir moral, ainsi qu’à la quête de la libération (« Moksha ») du cycle des renaissances.

En somme, dans les cultures orientales, le bonheur est souvent perçu comme un état d’être intérieur, résultant de la connexion avec le divin, l’harmonie avec la nature et la réalisation de la vérité universelle.

 

 

Le bonheur dans les cultures africaines et autochtones

Dans les cultures africaines et autochtones, le bonheur est profondément enraciné dans des valeurs communautaires et une connexion harmonieuse avec la nature et les ancêtres.

Contrairement à la vision occidentale du bonheur comme un état individuel, ces sociétés le considèrent davantage comme un bien être collectif qui dépend étroitement de la santé et du bien-être de la communauté dans son ensemble.

De manière similaire, dans les cultures autochtones à travers le monde, le bonheur est étroitement lié à la connexion avec la terre, les éléments naturels et les esprits ancestraux.

Les pratiques de guérison traditionnelles, les chants, les danses et les cérémonies sacrées sont utilisés pour maintenir l’harmonie avec la nature et favoriser le bien être physique, mental et spirituel.  

Ces rituels et pratiques renforcent les liens communautaires, cultivent un sentiment de gratitude envers la terre et ses bienfaits, et fournissent un sentiment de connexion profonde avec les ancêtres et les forces spirituelles qui gouvernent le monde naturel.

Ainsi, dans ces cultures, le bonheur est compris comme un équilibre dynamique entre l’individu, la communauté et l’environnement naturel, où la prospérité et le bien être de tous sont interdépendants.

 

 

 

 

 

Synthèse et comparaison

La synthèse et la comparaison des perspectives sur le bonheur à travers différentes cultures révèlent à la fois des similitudes et des divergences riches en enseignements. Malgré les variations culturelles, certaines valeurs fondamentales émergent comme des éléments essentiels du bonheur humain.

Tout d’abord, la quête du bonheur dans toutes les cultures semble être intrinsèquement liée à la recherche du sens et de la satisfaction personnelle. Que ce soit à travers la réalisation de soi, la connexion spirituelle ou la satisfaction des besoins matériels, l’aspiration au bonheur demeure universelle.

Cependant, les différentes cultures offrent des approches distinctes pour atteindre cet objectif.

Tandis que les cultures occidentales valorisent souvent l’individualisme et la réussite personnelle, les cultures orientales insistent davantage sur l’harmonie intérieure, la spiritualité et la relation avec le divin.

De même, une réflexion sur les différentes perspectives sur le bonheur nous amène à reconnaître la valeur de la diversité culturelle et à promouvoir une approche inclusive du bien-être. Plutôt que de chercher à imposer un modèle universel de bonheur, nous sommes appelés à embrasser la richesse des différentes traditions et à apprendre les uns des autres pour cultiver un bonheur authentique et durable.

En somme, cette comparaison nous invite à une réflexion profonde sur nos propres conceptions du bonheur et à une ouverture d’esprit envers les différentes voies vers le bien-être dans un monde de plus en plus interconnecté.

L’analyse des différentes perspectives sur le bonheur souligne l’antinomie entre la dérive matérialiste occidentale et le bien-être, illustrée de manière frappante par les taux élevés de suicides dans le monde occidental. Bien que ces chiffres varient entre les régions, une incidence moindre est observée en Europe du Sud par rapport à l’Europe du Nord. Cette constatation nous invite à réfléchir sérieusement aux conséquences de cette orientation vers la quête incessante de la réussite matérielle. Elle souligne ainsi la nécessité de rechercher un équilibre durable entre la satisfaction matérielle et le bien-être émotionnel.

Cette réflexion est étayée par une citation de Charles Aznavour : « la misère serait moins pénible au soleil », soulevant ainsi des interrogations sur l’influence du climat et de l’environnement sur la perception du bonheur.

Cette idée peut être illustrée par les efforts des Emirats Arabes Unis avec la création officielle d’un « Ministère du Bonheur », tandis que la Tunisie trouve sa propre « Ministre du Bonheur » en la personne d’Ons Jabeur, par ses exploits sportifs inspirants.

En somme cette exploration des différentes approches du bonheur met en évidence la complexité de ce concept universel et la nécessité d’une approche holistique pour promouvoir le bien-être individuel et collectif. Il est essentiel de tenir compte des contextes culturels, sociaux et environnementaux dans notre quête du bonheur, tout en reconnaissant que celui-ci peut être trouvé de différentes manières et dans des endroits improbables.

 

  

 

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